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DEVELOPPEMENT
Réchauffement climatique: l'Afrique renvoyée à elle-même
Elle devra compter sur ses propres ressources

mai 2009
ADIT


http://www.afrik.com/article11525.html

vendredi 13 avril 2007, par Falila Gbadamassi

     Les problèmes que connaît le continent africain le rendront d'autant plus vulnérable au réchauffement climatique, indique le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC). Le continent auquel incombe le moins la responsabilité de cette catastrophe annoncée devrait compter sur ses ressources, déjà fort limitées, pour en juguler les effets.

     Le verdict est cinglant et sans appel: vous n'êtes pas responsables, mais vous serez les seuls à pâtir du réchauffement climatique. En outre, pas question de compter sur l'aide internationale. Encore une fois, le continent africain sera la dernière roue du carrosse dans cette affaire du réchauffement climatique. L'Afrique a «le moins de responsabilité dans le changement climatique et pourtant elle sera le continent le plus en danger si on ne réduit pas les gaz à effet de serre», a déclaré Achim Steiner, le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), lors d'une conférence de presse, mardi, à Nairobi, au Kenya. Elle «est, a-t-il poursuivi, en première ligne pour faire face à la réalité du changement climatique, pas dans l'avenir, mais maintenant». Il commentait ainsi, pour la région Afrique, le deuxième rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) (groupe II) rendu public vendredi dernier. Il porte sur l'impact économique du réchauffement climatique décrit par les scientifiques à Paris en février dernier.
Les Africains doivent apprendre à compter sur eux-mêmes
     Le rapport conclut que les changements climatiques seront à l'origine dans les 60-70 années à venir de l'extinction de plusieurs espèces. Ils provoqueront également un stress hydrique, ce qui signifie que la planète manquera de plus en plus d'eau. Conséquence: une baisse de la production agricole qui multipliera les famines, notamment sur le continent africain. Le blé pourrait même disparaître en 2080 de cette partie du monde. Les dernières analyses du GIEC notent, par ailleurs, que ce sont les régions les plus pauvres qui seront les plus touchées. Selon Anthony Nyong, l'un des auteurs du rapport, «les gouvernements africains ne font pas assez». D'autant plus que les problèmes que connaissent les pays africains - la pandémie du sida et le fléau du paludisme - seront aggravés par le réchauffement climatique. L'Afrique serait à ce titre d'autant plus vulnérable face au phénomène.

     En Afrique de l'Est, par exemple, le GIEC prévoit une hausse du niveau de la mer sur le littoral qui pourrait causer des inondations dont le coût représenterait 10% du produit intérieur brut de la région. Pour le Dr. Andrew Githeko, principal auteur du chapitre consacré à l'Afrique dans le rapport de 1575 pages du GIEC, les pays africains devraient dès maintenant s'adapter aux conséquences du changement climatique. Car les coûts iront en s'accroissant dans l'avenir. Anthony Nyong va plus loin en affirmant qu'«il est dangereux pour les gouvernements africains de dépendre continuellement et perpétuellement de l'aide pour de telles choses qui ont un impact aussi grand». La politique de la main tendue n'est en effet pas la meilleure solution pour sortir les pays africains du sous-développement. Que l'aide au développement diminue, soit. Mais s'il est un domaine où les Etats d'Afrique doivent exiger une contribution des pays riches, ce serait bien celui de la lutte contre le réchauffement climatique. Il serait indécent que les pauvres paient pour les riches!
L'Afrique du Nord est la plus touchée sur le continent
http://www.afrik.com/article11146.html

vendredi 2 février 2007, par Falila Gbadamassi

     La rencontre du GIEC s'est achevée ce vendredi à Paris
     Le réchauffement climatique relève de l'activité humaine. C'est la conclusion du quatrième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dont la rencontre s'est achevée, ce vendredi, à Paris. A l'instar du reste du monde, le continent africain se réchauffe, notamment dans sa partie septentrionale.

     L'Argentine Matilde Rusticucci est météorologue et l'un des auteurs du rapport adressé par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), à la fin de la rencontre de Paris, aux décideurs politiques. Son objectif : tirer la sonnette d'alarme sur l'ampleur du réchauffement climatique, en fournissant des données scientifiques, et les inciter à prendre les mesures qui s'imposent pour lutter contre ce fléau.

Selon les conclusions des spécialistes du climat, les températures moyennes mondiales augmenteront de 3% au cours de ce siècle si les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître au rythme actuel. Le rapport du GIEC indique également que de 1906 à 2005, la planète s'est réchauffée de 0,74 degrés. Les prévisions du GIEC envisagent, pour les vingt prochaines années, une hausse des températures de 0,2 degrés par décennie.

Afrik.com : Quelle est la principale conclusion du rapport que vous avez publié ce vendredi?
Matilde Rusticucci: Le réchauffement climatique observé ces cinquante dernières années est dû à l'activité humaine, notamment aux émissions de gaz carbonique, l'un des principaux responsables de l'effet de serre. Ces émissions sont liées à la consommation de pétrole et aux changements dans l'utilisation des terres, ce qui correspond à la transformation d'espaces naturels en terres agricoles.

Afrik.com: La responsabilité des pays africains semble plus évidente quand il s'agit du dernier point que de la consommation d'énergies fossiles...
Matilde Rusticucci: Bien évidemment, les pays développés sont ceux qui consomment le plus de pétrole. Seulement, l'effet est global parce que l'atmosphère n'a pas de frontières.

Afrik.com: Quelles sont les prévisions pour l'Afrique?
Matilde Rusticucci: Les projections faites pour la période 2020-2029 prévoient un accroissement des températures de 1 à 1,5 degrés dans le nord du continent et dans un partie du Sud, et de 0,5 à 1 pour le reste de l'Afrique. Pour la fin du siècle, cette hausse sera de plus de 4 degrés. En Afrique du Nord, les précipitations risquent de baisser toute l'année alors que dans le Sud, elles ne devraient baisser que durant l'hiver. Cette sècheresse pourrait influer sur les ressources disponibles en eau. Ces aspects feront l'objet des travaux du groupe de travail n°2 qui publiera en avril ses conclusions sur les conséquences du réchauffement climatique.

Afrik.com: Le nord du continent semble se réchauffer plus rapidement que le reste du continent. Pourquoi?
Matilde Rusticucci: C'est une tendance générale, les terres qui se situent dans le nord de la planète se réchauffent plus rapidement que le reste, comme nous l'avions constaté dans le passé. Le pôle nord se réchauffe plus que le reste de la planète.

Afrik.com: Quelles sont les solutions dont diposent les pays africains face à ce phénomène?
Matilde Rusticucci: La meilleure façon pour les pays africains de lutter serait de mettre la pression sur les autres (rires). L'idéal étant de maintenir les émissions de gaz carbonique constantes. C'est la meilleure solution pour ralentir le phénomène du réchauffement climatique. Il faudrait également mesurer l'impact de toute activité humaine dans chaque région. Savoir, par exemple, l'impact de la construction d'une maison...

Afrik.com: Mesurer, c'est justement l'une des difficultés majeures de l'Afrique. Les pays africains rencontrent d'énormes difficultés pour collecter les données météorologiques qui leur permettront de suivre et d'analyser le réchauffement climatique...
Matilde Rusticucci: Effectivement, quand nous faisons des études qui concernent le continent africain, nous sommes souvent confrontés à un problème de disponibilité des données. Pour démontrer que le réchauffement climatique est dû à l'activité humaine, nous nous sommes basés sur que qu'aurait due être une évolution naturelle des températures et ce qu'elle est actuellement. C'est la différence entre ces deux courbes qui nous permettent de tirer la conclusion à laquelle nous sommes parvenus. Mais de 1900 à 1950, nous avons quelques doutes parce que nous n'avions pas, pour l'Afrique, des données concernant cette période. Ce problème s'est aussi posé à nous pour l'Amérique Latine.

Afrik.com: L'Afrique sera l'une des principales victimes du réchauffement climatique à cause de la sècheresse alors qu'elle n'y est pour rien. Pourquoi est-elle si vulnérable?
Matilde Rusticucci: Cela tient à sa géographie. C'est une zone continentale et les terres s'assèchent plus vite que les zones immergées. Les études démontrent aussi un assèchement plus rapide dans les parties sub-tropicales, région du globe dans laquelle est située l'Afrique.

Voir également: L'Afrique sub-saharienne vouée à subir de nouveau de longues sécheresses