http://www.afrik.com/article11525.html
vendredi 13 avril 2007, par Falila Gbadamassi
Les problèmes que connaît
le continent africain le rendront d'autant plus vulnérable au réchauffement
climatique, indique le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts
sur l'évolution du climat (GIEC). Le continent auquel incombe le
moins la responsabilité de cette catastrophe annoncée devrait
compter sur ses ressources, déjà fort limitées, pour
en juguler les effets.
Le verdict est cinglant et sans appel: vous
n'êtes pas responsables, mais vous serez les seuls à pâtir
du réchauffement climatique. En outre, pas question de compter
sur l'aide internationale. Encore une fois, le continent africain sera
la dernière roue du carrosse dans cette affaire du réchauffement
climatique. L'Afrique a «le moins de responsabilité dans
le changement climatique et pourtant elle sera le continent le plus en
danger si on ne réduit pas les gaz à effet de serre»,
a déclaré Achim Steiner, le directeur exécutif du
Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), lors d'une conférence
de presse, mardi, à Nairobi, au Kenya. Elle «est, a-t-il
poursuivi, en première ligne pour faire face à la réalité
du changement climatique, pas dans l'avenir, mais maintenant».
Il commentait ainsi, pour la région Afrique, le deuxième
rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution
du climat (GIEC) (groupe II) rendu public vendredi dernier. Il porte sur
l'impact économique du réchauffement climatique décrit
par les scientifiques à Paris en février dernier.
Les Africains doivent apprendre à compter sur eux-mêmes
Le rapport conclut que les changements climatiques
seront à l'origine dans les 60-70 années à venir de
l'extinction de plusieurs espèces. Ils provoqueront également
un stress hydrique, ce qui signifie que la planète manquera de plus
en plus d'eau. Conséquence: une baisse de la production agricole
qui multipliera les famines, notamment sur le continent africain. Le blé
pourrait même disparaître en 2080 de cette partie du monde.
Les dernières analyses du GIEC notent, par ailleurs, que ce sont
les régions les plus pauvres qui seront les plus touchées.
Selon Anthony Nyong, l'un des auteurs du rapport, «les gouvernements
africains ne font pas assez». D'autant plus que les problèmes
que connaissent les pays africains - la pandémie du sida et le fléau
du paludisme - seront aggravés par le réchauffement climatique.
L'Afrique serait à ce titre d'autant plus vulnérable face
au phénomène.
En Afrique de l'Est, par exemple, le GIEC
prévoit une hausse du niveau de la mer sur le littoral qui pourrait
causer des inondations dont le coût représenterait 10% du
produit intérieur brut de la région. Pour le Dr. Andrew Githeko,
principal auteur du chapitre consacré à l'Afrique dans le
rapport de 1575 pages du GIEC, les pays africains devraient dès
maintenant s'adapter aux conséquences du changement climatique.
Car les coûts iront en s'accroissant dans l'avenir. Anthony Nyong
va plus loin en affirmant qu'«il est dangereux pour les gouvernements
africains de dépendre continuellement et perpétuellement
de l'aide pour de telles choses qui ont un impact aussi grand».
La politique de la main tendue n'est en effet pas la meilleure solution
pour sortir les pays africains du sous-développement. Que l'aide
au développement diminue, soit. Mais s'il est un domaine où
les Etats d'Afrique doivent exiger une contribution des pays riches, ce
serait bien celui de la lutte contre le réchauffement climatique.
Il serait indécent que les pauvres paient pour les riches!
L'Afrique du Nord est la plus touchée
sur le continent
http://www.afrik.com/article11146.html
vendredi 2 février 2007, par Falila Gbadamassi
La rencontre du GIEC s'est achevée
ce vendredi à Paris
Le réchauffement climatique
relève de l'activité humaine. C'est la conclusion du quatrième
rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution
du climat (GIEC) dont la rencontre s'est achevée, ce vendredi, à
Paris. A l'instar du reste du monde, le continent africain se réchauffe,
notamment dans sa partie septentrionale.
L'Argentine Matilde Rusticucci est météorologue
et l'un des auteurs du rapport adressé par le Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat (GIEC), à la fin de la rencontre
de Paris, aux décideurs politiques. Son objectif : tirer la sonnette
d'alarme sur l'ampleur du réchauffement climatique, en fournissant
des données scientifiques, et les inciter à prendre les mesures
qui s'imposent pour lutter contre ce fléau. |
Selon les conclusions des spécialistes du climat, les températures
moyennes mondiales augmenteront de 3% au cours de ce siècle si les
émissions de gaz à effet de serre continuent de croître
au rythme actuel. Le rapport du GIEC indique également que de 1906
à 2005, la planète s'est réchauffée de 0,74
degrés. Les prévisions du GIEC envisagent, pour les vingt
prochaines années, une hausse des températures de 0,2 degrés
par décennie.
Afrik.com : Quelle est la principale conclusion du rapport que vous
avez publié ce vendredi?
Matilde Rusticucci: Le réchauffement climatique observé
ces cinquante dernières années est dû à l'activité
humaine, notamment aux émissions de gaz carbonique, l'un des principaux
responsables de l'effet de serre. Ces émissions sont liées
à la consommation de pétrole et aux changements dans l'utilisation
des terres, ce qui correspond à la transformation d'espaces naturels
en terres agricoles.
Afrik.com: La responsabilité des pays africains semble plus
évidente quand il s'agit du dernier point que de la consommation
d'énergies fossiles...
Matilde Rusticucci: Bien évidemment, les pays développés
sont ceux qui consomment le plus de pétrole. Seulement, l'effet
est global parce que l'atmosphère n'a pas de frontières.
Afrik.com: Quelles sont les prévisions pour l'Afrique?
Matilde Rusticucci: Les projections faites pour la période
2020-2029 prévoient un accroissement des températures de
1 à 1,5 degrés dans le nord du continent et dans un partie
du Sud, et de 0,5 à 1 pour le reste de l'Afrique. Pour la fin du
siècle, cette hausse sera de plus de 4 degrés. En Afrique
du Nord, les précipitations risquent de baisser toute l'année
alors que dans le Sud, elles ne devraient baisser que durant l'hiver. Cette
sècheresse pourrait influer sur les ressources disponibles en eau.
Ces aspects feront l'objet des travaux du groupe de travail n°2 qui
publiera en avril ses conclusions sur les conséquences du réchauffement
climatique.
Afrik.com: Le nord du continent semble se réchauffer plus
rapidement que le reste du continent. Pourquoi?
Matilde Rusticucci: C'est une tendance générale,
les terres qui se situent dans le nord de la planète se réchauffent
plus rapidement que le reste, comme nous l'avions constaté dans
le passé. Le pôle nord se réchauffe plus que le reste
de la planète.
Afrik.com: Quelles sont les solutions dont diposent les pays africains
face à ce phénomène?
Matilde Rusticucci: La meilleure façon pour les pays
africains de lutter serait de mettre la pression sur les autres (rires).
L'idéal étant de maintenir les émissions de gaz carbonique
constantes. C'est la meilleure solution pour ralentir le phénomène
du réchauffement climatique. Il faudrait également mesurer
l'impact de toute activité humaine dans chaque région. Savoir,
par exemple, l'impact de la construction d'une maison...
Afrik.com: Mesurer, c'est justement l'une des difficultés
majeures de l'Afrique. Les pays africains rencontrent d'énormes
difficultés pour collecter les données météorologiques
qui leur permettront de suivre et d'analyser le réchauffement climatique...
Matilde Rusticucci: Effectivement, quand nous faisons des
études qui concernent le continent africain, nous sommes souvent
confrontés à un problème de disponibilité des
données. Pour démontrer que le réchauffement climatique
est dû à l'activité humaine, nous nous sommes basés
sur que qu'aurait due être une évolution naturelle des températures
et ce qu'elle est actuellement. C'est la différence entre ces deux
courbes qui nous permettent de tirer la conclusion à laquelle nous
sommes parvenus. Mais de 1900 à 1950, nous avons quelques doutes
parce que nous n'avions pas, pour l'Afrique, des données concernant
cette période. Ce problème s'est aussi posé à
nous pour l'Amérique Latine.
Afrik.com: L'Afrique sera l'une des principales victimes du réchauffement
climatique à cause de la sècheresse alors qu'elle n'y est
pour rien. Pourquoi est-elle si vulnérable?
Matilde Rusticucci: Cela tient à sa géographie.
C'est une zone continentale et les terres s'assèchent plus vite
que les zones immergées. Les études démontrent aussi
un assèchement plus rapide dans les parties sub-tropicales, région
du globe dans laquelle est située l'Afrique.
Voir également: L'Afrique
sub-saharienne vouée à subir de nouveau de longues sécheresses |