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DEVELOPPEMENT
Le réchauffement risque de menacer 50% des habitants du globe d'une crise alimentaire
ADIT, janvier 2009
Voir: http://www.enerzine.com/

     WASHINGTON (AFP)

     Le réchauffement du climat risque de précipiter la moitié de la population mondiale dans une crise alimentaire d'ici la fin de ce siècle, anticipent des scientifiques américains qui préconisent des mesures d'adaptation pour en minimiser la sévérité.
     Ces projections sont basées sur des observations directes et des données provenant de 23 modèles informatiques sur l'évolution du climat terrestre.
     Selon ces chercheurs, la probabilité est supérieure à 90% que d'ici 2100 les températures minimales de la saison des cultures dans les régions tropicales et subtropicales soient plus élevées que tous les maxima enregistrés jusqu'à présent, ce qui réduira considérablement les récoltes affectées par la chaleur.
     "Nous prenons le pire de ce que nous avons vécu historiquement et nous disons qu'à l'avenir ce sera nettement plus grave sans une adaptation", explique Rosamond Naylor, directrice du programme sur la sécurité alimentaire à l'Université Stanford en Californie (ouest), co-auteur de cette étude parue dans la revue Science datée du 9 janvier.
     "Nous devons repenser le système agricole dans son ensemble, pas seulement en recourant à de nouvelles variétés (mieux adaptées à la chaleur et à la sécheresse) mais aussi en reconnaissant qu'une grande partie de la population, surtout dans les pays pauvres, devra sortir de ce secteur d'activité" dont elle dépend aujourd'hui entièrement pour sa survie, ajoute-t-elle.
     "Les conséquences sur la production alimentaire mondiale de la seule hausse des températures seront énormes et cela ne tient même pas compte de la diminution des quantités d'eau qui seront disponibles", relève David Battisti, professeur de science atmosphérique à l'Université de l'Etat de Washington (nord-ouest), le principal auteur de ces travaux.

     Dans les zones tropicales, les températures plus chaudes devraient réduire le rendement des principales récoltes alimentaires comme le maïs et le riz de 20 à 40%, selon ces chercheurs. L'humidité moindre des sols devrait entraîner une réduction encore plus grande de ces cultures, souligne-t-ils.
     Actuellement, la moitié des habitants de la Terre, soit trois milliards, vivent dans les régions tropicales et subtropicales et leur nombre devrait doubler d'ici la fin du siècle.
     Ces régions vont du sud des Etats-Unis au sud du Brésil et recouvrent une partie de la Chine, de l'Australie, le nord de l'Argentine et de l'Inde ainsi que la totalité du continent africain.
     Un grand nombre des personnes concernées vivent dans des pays en développement avec moins de deux dollars par jour et dépendent largement de l'agriculture pour leur subsistance, relèvent les chercheurs.
     La population de cette ceinture équatoriale qui s'étend de 35 degrés de latitude nord à 35 degrés de latitude sud compte parmi la plus pauvre de la planète et s'accroît plus rapidement que partout ailleurs.
     "Quand tous les signes pointent dans la même direction --et dans ce cas c'est une mauvaise direction--, on peut parfaitement imaginer ce qui va arriver", met en garde David Battisti.
     "Nous parlons de centaines de millions de personnes en plus qui seront à la recherche de nourriture car elles ne seront pas en mesure de la trouver où elle se trouve encore aujourd'hui", prévient-il.
     Ces projections et signes "sont assez convaincants pour que nous investissions afin de nous adapter à un monde plus chaud", insiste Rosamond Naylor, tout en soulignant qu'il faudra des décennies pour développer de nouvelles variétés de cultures mieux adaptées.
     "Ce qui frappe, poursuit-elle, c'est que dans l'histoire on finissait toujours par avoir une solution à une crise alimentaire dans une année donnée, les gens pouvant toujours aller chercher ailleurs de la nourriture", dit-elle.
     "Mais à l'avenir, il n'y aura pas d'autres endroits si nous ne repensons pas nos sources alimentaires", ajoute la scientifique. 
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