Selon les travaux de recherche
du NCAR (National Center for Atmospheric Research -Boulder, Colorado),
les débits des principaux fleuves et rivières de la planète
auraient diminué au cours de ces cinquante dernières années
(1948 - 2004). Recensant des données sur plus de 900 cours d'eau
comptant pour près des trois quarts des débits d'eau collectés
à la surface des continents, l'équipe de chercheurs a mis
en évidence un changement du régime hydrologique de près
d'un tiers de ces cours d'eau. Ces recherches, financées par la
National Science Foundation, constituent la première étude
exhaustive démontrant l'impact généralisé du
changement climatique sur le cycle de l'eau et la menace que cela représente
pour les besoins futurs en eau et en nourriture.
Cette étude, dirigée par Aiguo Dai (chercheur au NCAR dans le département "Climate and Global Dynamic s"), se base sur l'analyse de données de terrain collectées sur l'ensemble des continents (à l'exception de l'Antarctique). Les chercheurs ont néanmoins fait appel à la modélisation, afin de combler localement quelques données manquantes. Au final, les niveaux d'eau mesurés mettent en évidence une baisse généralisée du débit des cours d'eau précisément dans les zones où les besoins en eau sont croissants (2,5 rivières relèvent de plus faibles débits pour une rivière enregistrant une augmentation). Les chercheurs associent ces résultats aux conséquences du changement climatique global à l'origine d'une diminution des précipitations dans les moyennes latitudes et d'une augmentation du taux d'évaporation. Globalement, les rivières situées dans les basses latitudes voient leur débits diminuer alors que les cours d'eau prenant leurs sources dans les hautes latitudes enregistrent une augmentation de leur débit du fait de la fonte des glaces (augmentation de 10% des débits des rivières se déversant dans l'océan arctique). A l'échelle des Etats-Unis, les résultats sont cependant partagés, soulignant la difficulté de généraliser les impacts du changement climatique sur le cycle de l'eau et l'importance de tenir compte du contexte régional. En effet, si la rivière Columbia enregistre une diminution de ses volumes déversés de l'ordre de 14% (dus au développement de l'irrigation dans l'ouest et à une diminution des précipitations dans cette région), le Mississipi a vu son débit augmenter de 22% en raison du changement de régime pluviométrique dans la région du Midwest. |
Ces résultats, qui seront publiés
le 15 mai prochain dans le "Journal of Climate" de l' "American Meteorological
Society", confirment ainsi les travaux antérieurs de Dai et son
équipe. Ils soulèvent également un certain nombre
d'inquiétudes concernant les répercussions sur l'équilibre
écologique des différents écosystèmes. En effet,
si cette étude inclut les variables extérieures telles que
les barrages ou le pompage pour les besoins de l'industrie et de l'agriculture,
de nombreuses connexions restent à établir, notamment concernant
la réponse des écosystèmes au stress hydrique. A titre
d'exemple, le changement des régimes hydrologiques des grands fleuves
peut avoir des répercussions sur les écosystèmes voisins
tels que ceux de l'océan, les cours d'eau transportant d'importantes
quantités de nutriments provenant du lessivage des continents. Kevin
Trenberth, chercheur au NCAR et coauteur de la publication, rappelle ainsi
la nécessité de prolonger les collectes de données
afin d'établir des stratégies d'adaptation tenant compte
du contexte régional.
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