Panneaux solaires dans un village au Cambodge
Hisham Zerriffi n'a aucun mal à énumérer
les bienfaits de l'électrification des zones rurales: une meilleure
éducation, puisque les enfants ont de la lumière pour lire
et étudier, de meilleurs établissements de santé,
de meilleurs services de communication… et la liste pourrait encore s'allonger.
L'énergie est sans aucun doute l'un
des principaux moteurs du développement rural, a-t-il affirmé.
M. Zerriffi était de passage au siège
du CRDI pour parler de ses recherches sur l'énergie, l'environnement
et le développement rural. Il a été le premier à
obtenir la Chaire Ivan Head d'études Nord-Sud. Créée
en hommage à feu Ivan Head, le deuxième président
du CRDI, la chaire est établie au Liu Institute for Global Issues
de l'Université de la Colombie-Britannique.
M. Zerriffi a fait observer que malgré
les années d'investissement dans les infrastructures énergétiques
un peu partout dans le monde, 1,6 milliard de personnes vivent toujours
sans électricité. La majorité de ces personnes habitent
dans les zones rurales d'Afrique subsaharienne et de l'Asie du Sud.
Solution au «pire cauchemar» des sociétés
de services publics
Les populations rurales sont le pire cauchemar
des sociétés de services publics, a déclaré
M. Zerriffi. Elles vivent souvent dans des régions éloignées
et sont très dispersées, disposent de faibles revenus et
utilisent assez peu d'énergie. Par conséquent, la distribution
classique de l'électricité – d'une centrale électrique
aux maisons, par l'entremise de lignes de transmission – n'est dans ce
cas ni efficace, ni rentable.
M. Zerriffi a commencé à chercher
des solutions à ce problème dans le cadre de ses études
postdoctorales à l'Université de Stanford. Il s'est intéressé
à la viabilité des réseaux électriques décentralisés,
qu'il décrit comme tout réseau où l'électricité
est à la fois produite et consommée à l'échelle
locale. Les projets peuvent revêtir différentes formes en
fonction du contexte local; il peut s'agir d'un panneau solaire individuel
ou d'un petit réseau électrique alimenté par un moteur
au diesel. |
Depuis des décennies, des projets d'électrification
à petite échelle ont été effectués dans
les zones rurales. Mais les recherches se sont penchées surtout
sur un endroit ou sur une technologie donnés, a expliqué
M. Zerriffi.
Si l'on veut que les systèmes décentralisés
fassent partie de la solution au problème, on doit en tirer des
enseignements plus vastes.
M. Zerriffi s'est rendu au Brésil,
au Cambodge et en Chine, trois pays où l'électricité
est distribuée très différemment.
En tout, M. Zerriffi a étudié
30 projets d'électrification de la sorte et a examiné comment
le modèle de fonctionnement de chaque projet ainsi que le contexte
dans lequel il s'inscrit affectent sa réussite.
L'électricité peut sauver des vies
Sans électricité, de nombreuses
personnes utilisent pour la cuisson des poêles qui fonctionnent au
moyen de combustibles solides comme le bois ou le fumier.
L'Organisation mondiale de la santé
estime qu'environ 1,5 million de personnes meurent chaque année
en raison de la pollution de l'air intérieur.
M.
Zerriffi décrit le problème (en anglais) |
Enseignements en matière d'électrification locale
M. Zerriffi a constaté que le recouvrement
des coûts et la durabilité financière étaient
des facteurs essentiels à la réussite de tout projet. Tant
les méthodes conventionnelles que les méthodes renouvelables
de production d'électricité doivent être concurrentielles
en fonction des avantages de chacune. Fournir gratuitement de l'électricité
n'est pas, de toute évidence, une solution durable, a-t-il affirmé.
Il a par ailleurs déterminé
que l'électricité devait servir à accroître
la capacité de production des personnes vivant en zone rurale de
manière à élever leur niveau de vie. Il ne faut pas
se cantonner à l'électrification des ménages; il faut
en plus s'interroger sur la manière dont on pourrait inscrire l'électrification
dans les objectifs plus vastes du développement, a fait observer
M. Zerriffi.
Plus important encore, si l'électrification
rurale est un objectif de développement important à l'échelle
internationale et nationale, cet objectif est mieux atteint à l'échelle
locale. Mais il faut pour cela qu'il existe des institutions capables de
fournir ces services, et que les acteurs locaux participent au processus
de production énergétique.
Les technologies existent, mais pas les institutions
voulues, a déploré M. Zerriffi. Il faut mettre à l'essai
différentes institutions pour voir lesquelles fonctionnent dans
un contexte donné, a-t-il précisé.
Pour
en savoir plus sur l'étude de M. Zerriffi, vous pouvez lire son
document de travail (en anglais).
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