CONTROVERSES ENERG...ETHIQUES !
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Energies renouvelables
(et curiosités énergétiques)
Energie solaire: beaucoup d'obstacles pour les particuliers français
ADIT, http://www.novethic.fr, juillet 2008

      L'Etat encourage de plus en plus les Français à produire leur propre énergie solaire. Les aides des collectivités se multiplient, et il est même possible de revendre son énergie à un fournisseur. Mais, au-delà du prix, ce sont les difficultés rencontrées par les particuliers qui pourraient les décourager. La filière semble avoir du mal à répondre à la demande, et les délais s'allongent.
     Une progression annuelle de 40%. C'est l'évolution impressionnante du secteur du solaire photovoltaïque en France. Malgré cet essor, la recherche française dans ce domaine est à la traine, et des scientifiques ont appelé le gouvernement à maintenir et renforcer son action en faveur d'une généralisation du photovoltaïque*. Au contraire, on pourrait croire que le solaire est victime de son succès, et ce au détriment du consommateur. Complexité administrative, délais d'installation et de raccordement au réseau, manque d'expertise... Pour le particulier, le passage au photovoltaïque fait parfois office de parcours du combattant. Malgré les aides financières nombreuses, ces obstacles pourraient décourager les aspirants aux énergies renouvelables.
     Tout est fait pour pousser les Français propriétaires de leur logement à s'équiper en installations solaires. Le «Plan Soleil», mis en place en 1999 par l'ADEME, a permis de relancer la croissance du solaire thermique, qui permet de chauffer bâtiments et eau. Pour améliorer la qualité des prestations d'installation des équipements, l'ADEME a également fondé Qualisol. Aujourd'hui géré par l'association Qualit'EnR, qui réunit syndicats, industriels et installateurs, Qualisol est une marque (et non un label, au sens strict) accordée aux installateurs qui répondent à des critères précis. En plus d'auditer les installateurs tous les trois ans, l'organisme forme les formateurs qui les conseillent.

Assurer la qualité et satisfaire la demande
     Devant l'explosion de la demande, de plus en plus de chauffagistes s'improvisent professionnels des énergies renouvelables. «L'installateur-chauffagiste lambda pense tout savoir sur le solaire, mais ce n'est pas vrai» affirme André Joffre, président de Qualit'EnR. D'autant plus que le domaine est en constante évolution, et que les innovations techniques se multiplient. Outre l'aspect pratique de la mise en place des équipements, il y a la part d'expertise. «90% des clients ne savent pas quelle est la consommation énergétique de leur logement» déplore Jean-Gérard Ploteau, installateur à Montreuil. «La qualité du conseil est essentielle, sinon le consommateur risque de se faire avoir».
     Parmi les méthodes d'encouragement, la plus plébiscitée reste le crédit d'impôts «en faveur du développement durable et des économies d'énergie». Créé par la loi de finances de 2005, il permet pour un ménage de réduire le poids de l'investissement dans les équipements solaires. En pratique, l'installation d'un système solaire thermique est rentabilisée en 7 à 13 ans, ce qui est relativement long. Cette durée passe à 10 à 15 ans pour le solaire photovoltaïque, qui permet, lui, de produire de l'électricité, et non de la chaleur. En plus du crédit d'impôts, un nombre croissant de collectivités territoriales accordent des aides aux particuliers.

     Mais l'intérêt principal du photovoltaïque reste la vente de l'électricité produite à un réseau: EDF, Enercoop, etc. L'énergie fournie au réseau en métropole est payée 30 centimes € par kWh; lorsque les panneaux photovoltaïques sont intégrés dans la construction (toit, mur, etc), ce prix est majoré de 25 centimes. En théorie, l'avantage de raccorder son système photovoltaïque au réseau est d'éviter les frais, plutôt élevés, liés au stockage de l'énergie dans des batteries au plomb.

Parcours du combattant
     L'offre est donc alléchante, mais la route vers le solaire est sinueuse. Pour commencer, il faut obtenir un permis de construire ou une autorisation de travaux de la municipalité, puis lancer les démarches pour obtenir les subventions. Mais c'est le raccordement au réseau qui pose le plus d'embûches. Le réseau Energi'c de l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) dresse un constat plutôt décourageant. «Comptez au total 5 à 6 mois, plus en période de vacances» annonce l'organisation. Il faut en effet établir un contrat d'achat avec EDF, en passant par la Direction de la demande et des marchés énergétiques (DIDEME) au ministère de l'Industrie, et par la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE).
     En attendant d'obtenir tous les documents administratifs, «il est interdit de faire fonctionner son installation en autoconsommation» explique le CLCV. C'est ensuite l'ERDF (Electricité réseau distribution France) qui délivre le contrat de raccordement. Le plus dur reste à venir: l'attente pour les travaux de raccordement proprement dits. Les techniciens ne se déplacent souvent que plusieurs mois après la demande. «On estime que, dans certaines régions de France, l'attente est de près de deux ans, contre six mois en Allemagne par exemple» explique Wolfgang Palz, président pour l'Europe du Conseil mondial pour les énergies renouvelables (World Council for Renewable Energy). Aujourd'hui, la France produit 46.000 MWc** d'énergie photovoltaïque, dont la moitié est renvoyée vers le réseau. 100 MWc sont par ailleurs en attente de raccordement.
     Pour atteindre les objectifs prévus par le Grenelle, en l'occurrence une multiplication par 100 (!) de la production d'énergie solaire d'ici 2020, la France doit passer la vitesse supérieure. De nombreux projets de centrales au sol et sur les toitures sont en cours, mais le retard est conséquent. En comparaison avec l'Allemagne, où le secteur du photovoltaïque représente 30.000 emplois directs ou indirects, les 3.000 postes français font pâle figure. Les difficultés des particuliers prouvent que, ici encore, la population a réagi plus rapidement que les administrations.


* «Appel des scientifiques pour une accélération du développement de l'énergie solaire photovoltaïque à l'échelle mondiale» à l'initiative de Daniel Lincot, directeur de recherche au CNRS, et de l'Observatoire des énergies renouvelables (Observ'ER)
** Wc: watt crête, unité définissant la puissance normalisée d'un panneau photovoltaïque, correspondant à la puissance délivrée sous un éclairement solaire normalisé de 1.000 W/m.