Banc d'essai pour la géothermie
domestique à Orléans
LE MONDE | 17.12
Multiplier par six la
production d'énergie géothermale de la France en douze ans.
C'est l'une des mesures du "plan national de développement des énergies
renouvelables" annoncé, mercredi 17 décembre, par le ministre
de l'écologie, Jean-Louis Borloo. Combinée à l'éolien,
au solaire, à l'hydraulique ou à la biomasse, la géothermie
doit contribuer, pour une part significative, à l'objectif fixé
lors du Grenelle de l'environnement, d'au moins 20% d'énergie renouvelable
à l'horizon 2020. Un objectif qui est aussi celui de l'Union européenne.
C'est dans cette perspective
que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)
a inauguré, lundi à Orléans, une plate-forme expérimentale
de pompes à chaleur.
D'un coût de 3,5
millions € financés par le contrat de projets entre l'Etat
et la région Centre, elle associe l'Agence de l'environnement et
de la maîtrise de l'énergie (Ademe), l'université d'Orléans,
le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l'Ecole des mines
de Paris et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
Ce banc d'essai est
"unique en France", indique Fabrice Boissier, directeur du département
de géothermie du BRGM. Il est destiné à étudier
le comportement - température, humidité, modifications physiques
et chimiques - des couches géologiques dans lesquelles sont enfouis
les capteurs de chaleur de la Terre, afin d'améliorer le fonctionnement
et les performances de ces équipements.
A cet effet, huit kilomètres
de fibres optiques, avec des points de mesure tous les mètres, ont
été déployés dans le sous-sol de la station
expérimentale, où ont été installés
un échangeur de chaleur horizontal de 400 m2 ainsi que
trois sondes verticales descendant entre 50 et 100 mètres de profondeur. |
Cette installation servira
aussi à des actions de formation. "L'enjeu est d'accompagner
la croissance de filières professionnelles qualifiées et
compétentes, qui représenteront plusieurs milliers d'emplois,
commente le BRGM. Les besoins sont forts, tant en recherche et en innovation
qu'en sensibilisation et en formation du public et des différentes
professions".
POMPES À CHALEUR
Utilisées depuis
les années 1970 pour le chauffage ou la climatisation des habitations,
les pompes à chaleur exploitent la ressource géothermale
des couches superficielles de la Terre, où sont stockées
les calories déposées par le rayonnement solaire et les eaux
de pluie. Un principe très différent de la géothermie
profonde, qui vise à récupérer la chaleur interne
du globe terrestre, issue principalement de la radioactivité naturelle,
pour produire de la chaleur ou de l'électricité.
Après la Suède
et la Suisse, championnes européennes, la France est, avec l'Allemagne,
l'un des pays dont le taux d'équipement en pompes à chaleur
est le plus élevé.
Quelque 90.000 foyers
en sont dotés aujourd'hui, et le plan gouvernemental vise à
porter ce nombre à 600.000 d'ici à 2020. "Adaptées
au chauffage des maisons individuelles, les pompes à chaleur géothermiques
le sont aussi à celui des immeubles et des bâtiments collectifs,
comme les crèches ou les hôpitaux", souligne M. Boissier.
Une extension de la plate-forme expérimentale, prévue en
2009 et 2010, devra en faire la démonstration en équipant
de tels dispositifs le site de l'institut universitaire de technologie
(IUT) d'Orléans.
Pierre Le Hir
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