Les bois
brûlés des forêts varoises dévastées par
les incendies, un temps exportés vers l'Italie, sont désormais
valorisés sur place en plaquettes destinées aux chaufferies
industrielles dans le cadre de la filière énergie mise en
place par l'Office national des forêts.
Dans le Var, la commune
du Muy pour le chauffage de son lycée, celle de Plan d'Aups pour
la mairie et les logements communaux, Sainte-Maxime pour la salle des fêtes
et la distillerie de vin de La Crau se sont notamment tournées vers
cette filière.
"Depuis avril 2006,
les arbres brûlés, essentiellement des pins pignons et des
pins maritimes, morts après les incendies ou condamnés à
dépérir en raison du stress occasionné par le feu
et la sécheresse et qui ne peuvent pas servir à la papeterie,
sont valorisés en plaquettes forestières pour les chaufferies
industrielles", explique Jean-Louis Pestour, directeur départemental
de l'ONF dans le Var.
Sur le site de La Colle
du Rouet et de la forêt de Palayson, géré par l'ONF,
à Roquebrune-sur-Argens et au Muy, où plus de 500 hectares
ont été dévastés en 2007, coupeuse et broyeur
d'une entreprise privée de Tende (Alpes-Maritimes) déchiquètent
les arbres dont les troncs peuvent atteindre un mètre de diamètre,
en copeaux un peu plus gros qu'un pouce.
Ces particules ont un
pouvoir calorifique quasiment similaire au fioul ou au gaz mais ont un
coût nettement moins élevé. |
"Pour un mégawatt
de l'heure, le prix des plaquettes varie entre 17 et 25 € selon le
type des chaudières alors qu'il est de 60 à 80 € pour
le fioul", observe Philippe Goupil, président d'ONF énergie.
Traduit en prix tonne,
le coût est de 45 à 55 € la tonne livrée pour
une chaudière industrielle. Il varie entre 70 et 90 € la tonne
livrée pour les petites chaudières.
Seul bémol à
ce combustible sans impact sur l'effet de serre et à l'empreinte
écologique minime par rapport aux énergies fossiles: le coût
des installations. Une chaudière à bois est quatre fois plus
chère qu'une chaudière à gaz ou au fioul et pour le
stockage des plaquettes, un silo enterré est indispensable.
"Le surcoût
d'investissements lié aux installations est lissé par les
subventions", tempère M. Goupil.
Autre argument mis en
avant par l'ONF pour défendre cette filière: la création
d'emplois. 1.300 tonnes traitées équivalent à
la création d'un emploi à temps plein. Sur le chantier de
l'ONF de La Colle du Rouet, dix emplois ont ainsi été créés.
En 2007, environ 2.000
hectares de forêts ont été dévastés par
les incendies de forêts dans le Var qui, avec 360.000 hectares, est
le deuxième département forestier de France.
Et l'ONF qui exploite
en France près de 4,5 millions d'hectares de forêts domaniales
et communales, a depuis l'an dernier signé une convention avec le
groupe Coopération forestière, qui l'autorise désormais
à oeuvrer dans les forêts privées. Une intervention
qui permet aussi aux propriétaires d'entretenir leurs forêts
et de limiter les risques d'incendies. |