VALENCE (ESPAGNE) ENVOYÉ SPÉCIAL
Quelle fête! Les industriels et scientifiques du photovoltaïque n'en finissent pas de s'étonner: jamais ils n'avaient été aussi nombreux à se réunir. La 29e Conférence de l'énergie solaire photovoltaïque, qui s'est achevée vendredi 5 septembre, à Valence (voir page ci-après), a réuni plus de 4.000 chercheurs et un millier d'exposants. Cette affluence est à l'image d'un marché qui a explosé depuis plusieurs années, à la suite de l'instauration en Allemagne, en 2000, d'un tarif de rachat avantageux de l'électricité produite par les panneaux solaires.
Une augmentation de 40%
par an des capacités installées dans le monde, un chiffre
d'affaires mondial de 24 milliards €, une capacité de production
installée de 3.800 mégawatt-crête en 2007: l'énergie
photovoltaïque est sortie de la marginalité. Et les perspectives
sont plus qu'encourageantes: les analystes financiers voient le marché
passer à 5.000 MWc en 2008, 7.000 en 2010, et jusqu'à 20.000
en 2012.
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Ainsi, en Espagne, le
marché devrait se contracter à la suite de la décision
du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de limiter l'aide
au photovoltaïque à 300 MWc installés en 2009. Mais
d'autres marchés pourraient décoller, notamment la France,
qui a adopté un tarif de rachat de 57 centimes par kilowattheure
(kWh): "EDF est dépassée par le succès, observe
Jean-Louis Bal, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise
de l'énergie (Ademe). Elle traite 800 raccordements d'installations
solaires au réseau chaque mois."
Si le solaire doit traverser une crise de croissance, celle-ci ne devrait être que passagère. C'est que la ressource est immense: "Elle est dix mille fois supérieure à la consommation électrique actuelle de l'humanité, observe le chercheur Jean-François Guillemoles. Et c'est une quantité inépuisable pour des millions d'années." PARITÉ AVEC LE RÉSEAU D'ICI 2020
Hervé Kempf
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La 23ème Conférence européenne
sur l'énergie solaire photovoltaïque s'est tenue du 1er au
5 septembre, à Valence, en Espagne. 3 500 experts et 715 entreprises
du secteurs étaient présents.
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40 km²: c'est la surface que couvrait
la production mondiale de modules photovoltaïques en 2007, selon les
chiffres avancés par Daniel Lincot, chercheur au CNRS. Selon lui,
"pour couvrir la consommation électrique de pays comme la France
ou l'Allemagne, il faudrait environ 5.000 km²." estime-t-il.
"L'industrie s'accorde à dire que l'énergie photovoltaïque pourrait fournir 12% de la demande d'électricité européenne en 2020", affirme l'EPIA. Or, selon les projections, 1.000 km² de surface seront mis en service d'ici 2020, qui couvriront 3% de la production d'électricité en Europe. 200 personnalités et acteurs du secteur ont signé un appel international appelant à accélérer le développement de l'énergie solaire. |
Cela n'était pas arrivé depuis
vingt ans: le comité scientifique de la Conférence de l'énergie
solaire photovoltaïque était présidé, à
Valence, par un Français, Daniel Lincot. Une reconnaissance prestigieuse
pour ce physicien souriant qui dirige un des meilleurs laboratoires de
recherche sur les matériaux en couches minces.
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Daniel Lincot a pourtant poursuivi dans cette
voie, collaborant avec des équipes aussi passionnées que
la sienne par l'étude des couches minces, en Allemagne et en Angleterre.
Ce groupe européen a obtenu les meilleurs résultats mondiaux
dans ce domaine en 1991. Ce travail a continué dans les années
1990, le laboratoire du physicien, devenu directeur de recherche au CNRS,
se spécialisant dans le dépôt par électrolyse
des couches minces. Une rencontre avec le service de recherche d'EDF a
conduit à la création, en 2005, d'un laboratoire commun EDF-CNRS,
l'Institut de recherche et de développement sur l'énergie
photovoltaïque (Irdep).
L'activité scientifique de Daniel Lincot se double d'un intense travail dans les réseaux internationaux qui lui a valu la reconnaissance de ses pairs. En tant que président du comité scientifique du congrès de Valence, il a inspiré un appel international des chercheurs pour l'accélération du déploiement du photovoltaïque à l'échelle mondiale, signé par plus de 200 des meilleurs spécialistes. "L'humanité fait face au défi dramatique créé par l'épuisement progressif des carburants fossiles et l'accélération du changement climatique. L'utilisation des énergies renouvelables est devenue une nécessité urgente et absolue", affirme ce texte. Hervé Kempf
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Actu-Environnement.com - 21/03/2004
La France est mal partie pour respecter une
législation européenne lui demandant de porter à 21%
en 2010 la part des énergies renouvelables dans sa consommation
d'électricité, selon EDF et un organisme d'études
spécialisé.
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Toutes filières confondues, ce sont
les énergies fossiles qui ont le plus profité du décollage
des pays émergents. Le courant sorti des centrales thermiques (charbon,
fioul et gaz) représente 65% du bilan mondial de 2002. En dix ans
il a progressé davantage (+ 3,4%) que la production totale (+2,8%).
Le nucléaire est encore prospère, avec une part de 17% de la production mondiale d'électricité en 2002 et une hausse de 2,4% depuis 1993. L'Union européenne tire encore 33% de son électricité du nucléaire et les centrales nucléaires des Quinze ont encore accru leur production de 1,3% entre 1993 et 2003. Cette évolution est tirée par la France, où le courant d'origine nucléaire a augmenté de 1,9% en dix ans pour représenter 78,3% du courant produit en 2002, le plus fort pourcentage mondial. La France se distingue aussi du reste de l'Union en matière d'énergies fossiles et de renouvelables. Elle a le plus faible pourcentage de fossiles des Quinze dans sa production électrique (9,3% contre 52% pour la moyenne européenne). Cependant, sa production de courant thermique a davantage progressé depuis 1993 (4,7%) que celle de l'UE (2,7%). L'hydroélectricité française, la plus forte des Quinze, représente 95% de la production de courant d'origine renouvelable contre 75% pour la moyenne européenne. Mais en dix ans elle a diminué (0,4%) plus que la moyenne (0,1%). Côté nouvelles filières, la France a pris beaucoup de retard sur ses voisins malgré des progrès récents. La production d'électricité fabriquée avec le vent (éolien), le soleil (photovoltaïque), le bois et les déchets (biomasse) ainsi que la chaleur de l'écorce terrestre (géothermie) a fait un bond de 239% dans l'UE et de 110% en France depuis 1993. Anecdotique en France (0,7% du courant produit en 2002), elle représente déjà près de 4% du courant produit chez les Quinze grâce aux efforts gigantesques de l'Allemagne, champion mondial de l'éolien. L'UE a prévu de porter la part des renouvelables, hydroélectricité incluse, à 22,1% de sa consommation totale d'électricité en 2010 contre 13,9% en 1997, le pourcentage prévu pour la France étant de 21%. La France est mal partie pour respecter cette législation selon EDF et cette organisme d'études spécialisé. |