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Energies renouvelables

ENERGIE  PHOTOVOLTAÏQUE
L'énergie solaire photovoltaïque est en phase de décollage
ADIT, Le Monde, septembre 2008

VALENCE (ESPAGNE) ENVOYÉ SPÉCIAL
     Quelle fête! Les industriels et scientifiques du photovoltaïque n'en finissent pas de s'étonner: jamais ils n'avaient été aussi nombreux à se réunir. La 29e Conférence de l'énergie solaire photovoltaïque, qui s'est achevée vendredi 5 septembre, à Valence (voir page ci-après), a réuni plus de 4.000 chercheurs et un millier d'exposants. Cette affluence est à l'image d'un marché qui a explosé depuis plusieurs années, à la suite de l'instauration en Allemagne, en 2000, d'un tarif de rachat avantageux de l'électricité produite par les panneaux solaires.
Références
     Une énergie propre: le solaire a l'avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre et de ne pas produire de déchets.
     Elle peut être récupérée selon deux méthodes: dans le solaire passif, l'énergie solaire vient réchauffer un fluide dont la chaleur est utilisée pour le chauffage ou pour faire tourner une turbine ; dans le solaire photovoltaïque, l'énergie solaire vient exciter un matériau conducteur, produisant ainsi de l'électricité.
     Une place encore marginale: la capacité photovoltaïque installée dans le monde est de l'ordre de 10.000 megawatt-crête (MWc) et fournit moins de 1% de la production électrique mondiale. (nucléaire: 17%, part prise en... 50 ans, voir dossier en bas de page, Ndw)

     Une augmentation de 40% par an des capacités installées dans le monde, un chiffre d'affaires mondial de 24 milliards €, une capacité de production installée de 3.800 mégawatt-crête en 2007: l'énergie photovoltaïque est sortie de la marginalité. Et les perspectives sont plus qu'encourageantes: les analystes financiers voient le marché passer à 5.000 MWc en 2008, 7.000 en 2010, et jusqu'à 20.000 en 2012.
     Mais, avec la maturité, pourrait survenir la première crise: "On peut aller vers une situation où l'on produit plus que le marché ne peut absorber", avertit Winfried Hoffmann, vice-président de l'European Photovoltaic Industry Association (EPIA). Il pourrait donc y avoir une "consolidation du secteur", c'est-à-dire la disparition de plusieurs entreprises dans un marché qui a pris des allures de ruée vers l'or. Deuxième effet, plus favorable: une baisse de prix permettant de relancer la demande.
     "Le problème est que le marché est concentré sur cinq pays, l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Espagne, le Japon et l'Italie, observe Ernesto Macias, président de l'EPIA. Et si l'Europe assure 75% de la consommation, elle ne couvre que 24% de l'approvisionnement. Les autres pays devraient faire des efforts pour développer leurs marchés." Clairement visée, la Chine, qui s'assure une part grandissante de la production de panneaux solaires - Suntech est ainsi devenue en quelques années une des premières firmes du secteur -, mais dont la consommation reste très faible, avec 100 MW en 2007.
     Le photovoltaïque est-il déjà en surchauffe? "La récession économique refroidit l'enthousiasme des investisseurs, observe Stephan Droxner, analyste pour le cabinet LBBW. Et l'on sent monter les critiques de responsables politiques sur le coût des mesures de soutien au photovoltaïque."

     Ainsi, en Espagne, le marché devrait se contracter à la suite de la décision du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de limiter l'aide au photovoltaïque à 300 MWc installés en 2009. Mais d'autres marchés pourraient décoller, notamment la France, qui a adopté un tarif de rachat de 57 centimes par kilowattheure (kWh): "EDF est dépassée par le succès, observe Jean-Louis Bal, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Elle traite 800 raccordements d'installations solaires au réseau chaque mois."
     Si le solaire doit traverser une crise de croissance, celle-ci ne devrait être que passagère. C'est que la ressource est immense: "Elle est dix mille fois supérieure à la consommation électrique actuelle de l'humanité, observe le chercheur Jean-François Guillemoles. Et c'est une quantité inépuisable pour des millions d'années."

PARITÉ AVEC LE RÉSEAU D'ICI 2020
     Daniel Lincot (voir ci-dessous), président du comité scientifique du congrès de Valence, complète: "En moyenne, en France, un mètre carré de sol reçoit chaque année 1 mégawattheure. Si on récupère 10% de cette énergie, cela représente 16 litres de pétrole; 5.000 km2 assureraient toute la consommation électrique du pays, soit 540 terawattheure." Pour ses promoteurs, le solaire est l'énergie de l'avenir. Selon Hans-Josef Fell, député au Bundestag, "le photovoltaïque a la capacité de remplacer dans quelques décennies l'énergie nucléaire en Allemagne".
     Ces perspectives appartiennent cependant encore au domaine du rêve: le coût de production de l'électricité photovoltaïque reste très élevé, allant, selon les pays, de 30 à 60 centimes € par kWh. Les experts estiment cependant que la "parité avec le réseau", c'est-à-dire l'égalité entre le coût de production d'un kWh par une maison équipée et le prix facturé par le réseau pour fournir ce kWh à la maison, sera atteinte d'ici 2020. La recherche progresse en effet rapidement, tandis que le développement de l'industrie fait baisser les prix par économie d'échelle. D'immenses possibilités existent aussi dans l'électrification rurale des pays pauvres.
     Le secteur devra cependant prendre en compte l'environnement, qui ne se réduit pas à l'absence d'émission de gaz carbonique. "On peut raisonnablement équiper l'Europe de 50.000 MW en photovoltaïque, assure Wolfgang Palz, qui a piloté jusqu'en 2002 les énergies renouvelables à la Commission européenne. Mais il ne faut pas se leurrer: cela signifie des panneaux vraiment partout. Il faudra chercher une bonne intégration. Or tous ces industriels qui veulent de l'argent facile ne cherchent pas à faire de jolies photopiles."
     Si le photovoltaïque a vocation à équiper les toits des bâtiments, il peut aussi passer par des centrales qui occupent une très grande surface au sol. Mais il faudra démontrer que c'est le meilleur usage qu'on puisse faire de celui-ci.
     Les acteurs du solaire assurent que leur souci est altruiste: "Il y a un caractère d'urgence qui donne une particularité à cette communauté, affirme Daniel Lincot. Nous voulons résoudre un problème collectif, pas simplement produire plus de choses, comme d'autres secteurs tels l'automobile ou les écrans plats."

Hervé Kempf
29e Conférence de l'énergie solaire photovoltaïque, septembre, Valence
(sources: Enerzine, AFP, Le Monde, EPIA)
Les professionnels du solaire pour une accélération le développement du photovoltaïque

     La 23ème Conférence européenne sur l'énergie solaire photovoltaïque s'est tenue du 1er au 5 septembre, à Valence, en Espagne. 3 500 experts et 715 entreprises du secteurs étaient présents.
     Une forte affluence, au moment où cette énergie enregistre une croissance annuelle de 40%, et un chiffre d'affaires mondial de 24 milliards €.En 2007, la capacité installée s'élevait 3.800 MWc.
     Pour l'European Photovoltaic Industry Association (EPIA), la parité réseau, soit le seuil de compétitivité de vente au détail pour le photovoltaïque avec les autres moyens de production pourrait arriver plus tôt que prévu, en 2010 pour l'Italie, 2012 pour l'Espagne, 2015 en Allemagne, et dans toute l'Europe vers 2020.

     40 km²: c'est la surface que couvrait la production mondiale de modules photovoltaïques en 2007, selon les chiffres avancés par Daniel Lincot, chercheur au CNRS. Selon lui, "pour couvrir la consommation électrique de pays comme la France ou l'Allemagne, il faudrait environ 5.000 km²." estime-t-il.
     "L'industrie s'accorde à dire que l'énergie photovoltaïque pourrait fournir 12% de la demande d'électricité européenne en 2020", affirme l'EPIA. Or, selon les projections, 1.000 km² de surface seront mis en service d'ici 2020, qui couvriront 3% de la production d'électricité en Europe.
     200 personnalités et acteurs du secteur ont signé un appel international appelant à accélérer le développement de l'énergie solaire.
Un engagement de trente ans
LE MONDE | 05.09.08

     Cela n'était pas arrivé depuis vingt ans: le comité scientifique de la Conférence de l'énergie solaire photovoltaïque était présidé, à Valence, par un Français, Daniel Lincot. Une reconnaissance prestigieuse pour ce physicien souriant qui dirige un des meilleurs laboratoires de recherche sur les matériaux en couches minces.
     "On oublie que l'effet photovoltaïque a été découvert par un Français, Antoine Becquerel, en 1839, et que dans les années 1970, la France était en pointe dans l'énergie solaire. Ma désignation est le signe que les Français sont de retour sur la scène de la recherche", dit-il.
     Né en 1954, ce Breton, diplômé de l'Ecole supérieure de physique et de chimie de Paris en 1978, a choisi de se lancer dans la recherche sur l'énergie solaire, consacrant sa thèse aux phénomènes d'interface entre matériaux. "A cette époque, il était très mal vu par les physiciens de s'intéresser au photovoltaïque", assure-t-il.

     Daniel Lincot a pourtant poursuivi dans cette voie, collaborant avec des équipes aussi passionnées que la sienne par l'étude des couches minces, en Allemagne et en Angleterre. Ce groupe européen a obtenu les meilleurs résultats mondiaux dans ce domaine en 1991. Ce travail a continué dans les années 1990, le laboratoire du physicien, devenu directeur de recherche au CNRS, se spécialisant dans le dépôt par électrolyse des couches minces. Une rencontre avec le service de recherche d'EDF a conduit à la création, en 2005, d'un laboratoire commun EDF-CNRS, l'Institut de recherche et de développement sur l'énergie photovoltaïque (Irdep).
     L'activité scientifique de Daniel Lincot se double d'un intense travail dans les réseaux internationaux qui lui a valu la reconnaissance de ses pairs. En tant que président du comité scientifique du congrès de Valence, il a inspiré un appel international des chercheurs pour l'accélération du déploiement du photovoltaïque à l'échelle mondiale, signé par plus de 200 des meilleurs spécialistes. "L'humanité fait face au défi dramatique créé par l'épuisement progressif des carburants fossiles et l'accélération du changement climatique. L'utilisation des énergies renouvelables est devenue une nécessité urgente et absolue", affirme ce texte.
Hervé Kempf
Fossiles et nucléaire dominent la production électrique mondiale
http://www.actu-environnement.com/ae/news/507.php4
Actu-Environnement.com - 21/03/2004

     La France est mal partie pour respecter une législation européenne lui demandant de porter à 21% en 2010 la part des énergies renouvelables dans sa consommation d'électricité, selon EDF et un organisme d'études spécialisé.
     Malgré un bond de nouvelles filières énergétiques comme l'éolien et le solaire, les énergies fossiles et le nucléaire se taillent toujours la part du lion dans la production d'électricité, en France comme ailleurs.
     C'est ce qu'indique le dernier bilan de la production mondiale d'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables, publié récemment par EDF et un organisme d'études indépendant, l'Observatoire des énergies renouvelables (Observ'ER).
     L'Observatoire des énergies renouvelables a créé, en 1998, le baromètre EurObserv'ER, outil de suivi des différents secteurs énergies renouvelables. Observ'ER, aidé de ses partenaires, EnergieSpaarverband, Eufores, Eurec Agency et EC BREC assure ainsi depuis cinq ans maintenant le monitoring des filières sur l'ensemble de leurs dimensions économiques, énergétiques, de politiques publique et de prospective.
     En 2002 la production d'électricité d'origine renouvelable représente 18% de la production d'électricité, mais elle n'a augmenté que de 1,4% en dix ans.
     En ce qui concerne les barrages, énergie renouvelable traditionnelle et très ancienne et dont production des barrages est menacée à la fois par le changement climatique et la législation sur l'eau. En effet, le réchauffement planétaire s'est déjà manifesté en France depuis plusieurs années par une baisse du couvert neigeux fondant au printemps et des précipitations qui alimentent rivières et barrages.
     La loi sur l'eau de 1992, observe la directrice environnement d'EDF, a multiplié par quatre le ''débit réservé'', c'est-à-dire la quantité d'eau ne pouvant être détournée vers un barrage.Cette disposition devrait faire pleinement sentir ses effets avec le prochain renouvellement de concessions des grands barrages. Sa mise en place risque même d'être ''accélérée'' dans la nouvelle loi sur l'eau préparée actuellement en application d'une législation européenne visant à protéger les milieux aquatiques.
     Si on enlève les barrages, les nouvelles filières ne comptent encore que pour 1,7% du courant électrique des cinq continents, malgré une augmentation de production de 75% depuis 1993.

     Toutes filières confondues, ce sont les énergies fossiles qui ont le plus profité du décollage des pays émergents. Le courant sorti des centrales thermiques (charbon, fioul et gaz) représente 65% du bilan mondial de 2002. En dix ans il a progressé davantage (+ 3,4%) que la production totale (+2,8%).
     Le nucléaire est encore prospère, avec une part de 17% de la production mondiale d'électricité en 2002 et une hausse de 2,4% depuis 1993.
     L'Union européenne tire encore 33% de son électricité du nucléaire et les centrales nucléaires des Quinze ont encore accru leur production de 1,3% entre 1993 et 2003. Cette évolution est tirée par la France, où le courant d'origine nucléaire a augmenté de 1,9% en dix ans pour représenter 78,3% du courant produit en 2002, le plus fort pourcentage mondial.
     La France se distingue aussi du reste de l'Union en matière d'énergies fossiles et de renouvelables. Elle a le plus faible pourcentage de fossiles des Quinze dans sa production électrique (9,3% contre 52% pour la moyenne européenne). Cependant, sa production de courant thermique a davantage progressé depuis 1993 (4,7%) que celle de l'UE (2,7%).
     L'hydroélectricité française, la plus forte des Quinze, représente 95% de la production de courant d'origine renouvelable contre 75% pour la moyenne européenne. Mais en dix ans elle a diminué (0,4%) plus que la moyenne (0,1%).
     Côté nouvelles filières, la France a pris beaucoup de retard sur ses voisins malgré des progrès récents.
     La production d'électricité fabriquée avec le vent (éolien), le soleil (photovoltaïque), le bois et les déchets (biomasse) ainsi que la chaleur de l'écorce terrestre (géothermie) a fait un bond de 239% dans l'UE et de 110% en France depuis 1993.
     Anecdotique en France (0,7% du courant produit en 2002), elle représente déjà près de 4% du courant produit chez les Quinze grâce aux efforts gigantesques de l'Allemagne, champion mondial de l'éolien.
     L'UE a prévu de porter la part des renouvelables, hydroélectricité incluse, à 22,1% de sa consommation totale d'électricité en 2010 contre 13,9% en 1997, le pourcentage prévu pour la France étant de 21%.

     La France est mal partie pour respecter cette législation selon EDF et cette organisme d'études spécialisé.