Après
l'électronique et les Hautes technologies, l'industrie photovoltaïque
s'est installée au coeur de la Silicon Valley. Poursuivant sa forte
croissance, le secteur risque de reproduire les mêmes erreurs : ignorer
les impacts environnementaux et sociaux de ses activités.
Pour prendre les devants et éviter que ne se reproduise avec le photovoltaïque les désastres environnementaux et sanitaires dont ont été responsables les industries électroniques, la Silicon Valley Toxics Coalition (SVTC) espère fédérer les entreprises de la région autour d'un livre blanc des bonnes pratiques. "Le manque de prévision environnementale de l'industrie électronique a conduit à une pollution toxique très étendue, qui a provoqué la mort et mis en danger des travailleurs et des populations vivant à proximité", indique le rapport. Ce livre blanc entend attirer l'attention des constructeurs sur l'impact des produits toxiques sur l'environnement et sur les populations, et les inviter à prendre en considération la question du recyclage des panneaux solaires. Aujourd'hui, "l'héritage de l'industrie high-tech invite à prendre en compte la marée croissante de déchets électroniques toxiques, ou e-déchets". Le problème du recyclage se posera également pour le solaire: les panneaux à base de silicium ont une durée de vie de 20 à 25 ans. Et les produits toxiques utilisés pour la fabrication des panneaux sont nombreux, qui posent des risques sanitaires et environnementaux parfois inconnus. La SVTC recommande donc que soient adoptés les principes suivants: * La réduction et éventuellement l'élimination de l'usage de matériaux toxiques, et le développement de pratiques environnementales durables. Cela comprend la mise en oeuvre de tests appropriés pour les matériaux, nouveaux et émergents, reposant sur le principe de précaution : il appartient au fabricant de prouver l'inocuité d'un produit. Ainsi les matériaux et procédés nouveaux doivent-ils subir des tests appropriés pour s'en assurer, préconise la SVTC. |
Elle propose notamment
de prendre exemple sur les restrictions européennes en termes de
produits toxiques (concernant le cadnium, le mercure, les agents ignifuges
bromés, ou le chromium par exemple), et de trouver des alternatives
à la chlorine, à l'hexafluoride de soufre ou encore à
l'arsenic.
La coalition veut s'assurer que les fabricants sont responsables de l'impact de leurs produits, via l'Extended Producer Responsability (EPR). Selon ce principe, elles doivent prendre en charge la récupération des panneaux solaires en fin de vie et les recycler de manière responsable (ni en dehors des Etats-Unis, ni par des travailleurs prisonniers). La SVTC note que des investissements sont nécessaires dans les infrastructures, et que des efforts doivent être faits dans la conception des panneaux. Ainsi les panneaux solaires actuels contiennent-ils certains matériaux toxiques qui doivent être écartés du processus de recyclage. Les fabricants doivent faire l'effort de concevoir des produits moins toxiques, plus facilement recyclables. * Promouvoir les "emplois verts" à haute qualité qui garantissent la santé et la sécurité du travailleur et procurent un minimum vital tout au long de la chaîne industrielle. Les travailleurs ne doivent pas être mis en contact avec certains produits, comme la poussière de silicium, le cadnium ou le dioxyde de selenium. Les populations vivant à proximité des activités industrielles doivent également voir leur santé et leur sécurité protégée. "Les gens ont le droit de savoir quels matériaux toxiques sont utilisés dans leur communauté" ajoute le rapport. "C'est le moment idéal pour le faire, considérant le solaire comme une technologie émergente", résume Sheila Davis, directrice de la SVTC. "Il y aura un avantage environnemental, si vos panneaux contribuent non seulement au développement durable et à la réduction des émissions de carbone, mais également à l'utilisation de matériaux renouvelables et durables." http://www.etoxics.org/ |