ADIT,
février 2008
Le professeur Shin-ichi
ORIMO du Institute for Material Research de l'université de Tohoku
a mis au point en collaboration avec Japan Steel Works un réservoir
de la taille d'une boîte d'allumettes pouvant relâcher jusqu'à
9 litres d'hydrogène.
L'hydrogène est
stocké dans un réservoir en aluminium sous forme de particules
d'aluminium hydrogéné, molécule développée
par le groupe de recherche. Lorsqu'il est chauffé à 80°C
le composé relâche de l'hydrogène sous forme de gaz.
Expérimentalement, on a pu extraire 9,3 litres d'hydrogène
d'un réservoir mesurant 4 cm x 6 cm et d'une épaisseur de
5,5 mm. Ceci représente une contenance supérieure de 43%
par rapport à l'alliage lanthane-nickel (LaNi5) habituellement utilisé
pour le stockage de l'hydrogène. Le groupe espère améliorer
les propriétés du système afin que l'aluminium hydrogéné
libère le gaz à 60°C, ce qui permettrait une utilisation
directe de la chaleur rejetée par les appareils électroniques
et donc une alimentation par piles à combustibles d'instruments
portables comme les téléphones ou les ordinateurs. Une fois
que l'hydrogène a été libéré, il ne
reste plus que de l'aluminium. Ce processus étant irréversible,
les réservoirs seraient employés comme des cartouches à
utilisation unique. La mise en application de la technologie se fera au
plus tôt dans trois ans.
Japan Steel Works espère
également utiliser cette technologie pour développer des
réservoirs destinés à des véhicules roulant
grâce à des piles à combustibles. A volume égal,
cette méthode permettrait de stocker 3,6 fois plus d'hydrogène
que des bonbonnes pressurisées à 35 MPa.
La distance parcourue pourra alors atteindre
les 650 km pour un réservoir de 90 litres qui ne pèserait
que 100 kg, à la place de 220 kg actuellement.
Le principal défi
à la diffusion des piles à combustible est le stockage et
le transport du combustible. Le méthanol est accessible à
faible coût mais son transport est délicat car c'est un corps
inflammable. D'autre part, les alliages du type lanthane-nickel permettent
de stocker de l'hydrogène d'une manière relativement sûre
mais présentent l'inconvénient de peser très lourd.
Toutes les alternatives restent donc à envisager.
Pour en savoir plus, contacts:
- Laboratoire du prof. ORIMO " High temperature
materials Science, Environmental Materials Research " (en anglais) - http://www.hydrogen.imr.tohoku.ac.jp/index-e.html
- Institute for Material Research, université
de Tohoku (en anglais) - http://www.imr.tohoku.ac.jp/eng/
Source:
Nikkei - 15/02/2007
Rédacteur:
Daphné OGAWA - adjoint.ing(arobase)ambafrance-jp.org
- 472ENV/1574
Origine:
BE Japon numéro 472 (22/02/2008) - Ambassade
de France au Japon / ADIT |
Mise à jour ADIT mars
http://www.futura-sciences.com
L'hydrogène fait
rêver. Son utilisation à grande échelle permettrait
de résoudre bien des problèmes liés à la crise
énergétique, mais un obstacle demeure: son stockage. Gaz
comprimé ou liquéfié, nanotubes de carbone ou alliages
métalliques, de nombreux candidats sont en lice dans les laboratoires
du monde entier. Au Japon, l'un des concurrents, l'hydrure d'aluminium,
déjà connu, vient de faire une belle échappée...
Le stockage peut être
réalisé de différentes façons. Sous forme gazeuse,
comprimée à 350 bars dans les réservoirs actuels (avec
des exceptions à 700 bars), l'hydrogène reste encombrant
et peu sûr en cas d'accident. La forme liquide permet une plus grande
densité, et donc un encombrement plus faible, mais exige une température
très basse, de -253°C. D'autres procédés existent
ou sont envisageables, comme la rétention (par adsorption) dans
du charbon actif ou sur des nanotubes ou nanofibres de carbone (où
le gaz est retenu par les forces de Van der Waals). Mais ils restent difficiles
à mettre en œuvre et, surtout, ne permettent pas de résoudre
le problème de l'encombrement de façon convaincante.
Le nouveau procédé
qui vient d'être mis au point par le professeur Shin-ichi
Orimo, de l'Institute for Materials Research (IMR) de l'université
de Tohoku (Japon), fait appel à l'aluminium et apparaît
plutôt prometteur.
L'hydrogène est
ici stocké sous la forme de particules d'hydrure d'aluminium. Le
principe n'est pas nouveau. On cherche depuis longtemps à associer
l'hydrogène à des métaux. De bons résultats
sont par exemple obtenus avec un alliage lanthane-nickel (LaNi5). Mais
l'aluminium a pour lui l'avantage de la légèreté et,
de plus, la densité d'hydrogène atteinte par le LMR est bien
plus grande: l'équipe de l'IMR a stocké 9,3 litres d'hydrogène
dans un petit volume de 4 par 6 cm et de 5,5 mm d'épaisseur, soit
13,2 cm3!
Pour extraire l'hydrogène,
sous forme gazeuse, il suffit de chauffer cette poudre à 80°C.
Les premiers grammes de particules d'hydrures
d'aluminium obtenus dans le laboratoire de Shin-ichi Orimo en 2007. Crédit:
Institute for Material Research
Les travaux se poursuivent,
et l'équipe estime pouvoir réduire la température
nécessaire à la dissociation du gaz jusqu'à 60°C.
Il deviendra alors envisageable d'utiliser la chaleur produite par les
appareils eux-mêmes (ordinateurs portables, par exemple). Shin-ichi
Orimo envisage une application de sa découverte d'ici trois ans.
Des applications pratiques pour bientôt
La Japan
Steel Works fonde aussi beaucoup d'espoir dans cette technologie pour
alimenter les piles à combustible de véhicules. Par rapport
aux actuels réservoirs sous pression à 350 bars, la technique
de l'IMR permettrait de concentrer 3,6 fois plus d'hydrogène pour
une masse moitié moindre.
Mais ces réservoirs
en aluminium seraient à usage unique. En effet, la réaction
qui dégage l'hydrogène n'est pas réversible. L'ensemble
devrait donc être interchangeable, à la manière d'une
pile. L'inconvénient n'est peut-être pas rédhibitoire
car, une fois le réservoir vidé de son hydrogène,
il ne reste à l'intérieur que de l'aluminium pur, donc facilement
recyclable. |