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Environnement écologie

Gaz à effet de serre: reconstitution de leur évolution sur 800.000 ans
ADIT, mai 2008

     C'est une "Première" que viennent de réaliser des chercheurs français de deux grands laboratoires réputés mondialement, le LGGE-OSUG [1] et le LSCE-IPSL [2], en collaboration avec plusieurs partenaires internationaux, en particulier l'Institut de Physique et le Centre Oeschger sur la recherche climatique de l'Université de Berne, en Suisse. Ils sont parvenus en effet à reconstituer sur une période de 800.000 ans l'évolution des teneurs en dioxyde de carbone (CO2) et méthane (CH4), les deux principaux gaz à effet de serre après la vapeur d'eau, dans l'atmosphère. Pour ce faire, ils ont analysé les bulles de gaz piégées dans la glace extraite lors du forage glaciaire effectué dans le cadre du projet EPICA (European Project for Ice Coring in Antactica), soutenu financièrement par l'Union européenne et les dix pays européens qui y participent. Rappelons qu'en décembre 2004, une carotte de glace forée en Antarctique, à proximité de la base franco-italienne Concordia (Dôme C) a alors atteint une profondeur de 3.270 mètres, s'arrêtant à quelques mètres au-dessus du socle rocheux.
     Les résultats de ce nouvel enregistrement de la composition de l'atmosphère en dioxyde de carbone et méthane jusqu'à 800.000 ans, soit 150.000 ans de plus que le précédent, font l'objet de deux articles dans la revue Nature du 15 mai 2008. Plusieurs avancées fondamentales sont à noter. Tout d'abord, ces travaux confirment, tout en l'étendant, l'étroite corrélation observée entre les températures enregistrées en Antarctique dans le passé et les teneurs atmosphériques en CO2 et CH4. Par ailleurs, jamais, sur les derniers 800.000 ans, n'ont été relevées des teneurs en gaz à effet de serre aussi élevées qu'aujourd'hui. Les chercheurs ont également mis en évidence une modulation des teneurs moyenne en CO2 atmosphérique sur une échelle de temps relativement longue de plusieurs centaines de milliers d'annnées. Inédit, ce phénomène pourrait résulter de l'intensité, plus ou moins importante, de l'érosion continentale qui affecte le cycle du carbone sur de grandes échelles de temps.
     Concernant le méthane atmosphérique, les enregistrements ont permis de constater une augmentation de la périodicité de la composante dite "de précession" au cours du temps. Parfaitement corrélé aux intensités de la moussion relevée en Asie du Sud-Est à travers les millénaires, ce signal reflète sans doute une intensification des moussons en régions tropicales sur les 800.000 dernières années. La courbe du méthane révèle également des fluctuations rapides à l'échelle millénaire, récurrentes au cours de chaque glaciation. Cette variation climatique pourrait être liée aux fluctuations du courant thermohalin. Cela dit, il reste à expliquer pourquoi celle-ci se manifeste dès le début des glaciations.

Pour en savoir plus, contacts:
- [1] Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement (LGGE), Jérôme Chappellaz : tél. +33 (0)4 76 82 42 64 - email : jerome@lgge.obs.ujf-grenoble.fr
- [2] Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE), Jean Jouzel : tél. +33 (0)1 69 08 77 13 - email : jouzel@lsce.ipsl.fr
Rédacteur:
ADIT - Jean-François Desessard - email : jfd@adit.fr
Origine:
BE France numéro 210 (26/05/2008) - ADIT / ADIT