Une "Arche de Noé verte",
abritant des graines des principales cultures vivrières, a été
inaugurée mardi au coeur de l'Arctique afin de préserver
la diversité végétale mondiale menacée par
les catastrophes naturelles, les guerres et le changement climatique.
Enfouie dans une montagne de Longyearbyen, chef-lieu de l'archipel norvégien du Svalbard (Spitzberg), à 1.000 km du pôle Nord, la réserve de semences pourra accueillir jusqu'à 4,5 millions d'échantillons, deux fois plus que le nombre de variétés existant dans le monde. Chaudement emmitouflés, la militante écologiste kényane et prix Nobel de la paix Wangari Maathai et le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg ont déposé une boîte contenant des sacs de riz dans une de ses chambres froides sous les yeux du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. "C'est un jardin d'Eden glacial", a affirmé M. Barroso, alors que la température extérieure était de -10°C. "Nous sommes assez loin des dangers du monde ici, je ne vois pas ce qui pourrait mal se passer", a déclaré le père du projet, Cary Fowler, au cours d'une cérémonie cosmopolite mêlant chant traditionnel lapon, jazz d'inspiration africaine et choeur d'enfants. M. Fowler est le directeur du Fonds mondial pour la diversité des cultures (GCDT), àl'origine de cette "Arche de Noé verte" dont l'entrée était gardée mardi par un grand ours polaire sculpté dans la glace. Censée protéger la diversité végétale contre le changement climatique, les guerres, lescatastrophes naturelles et l'incurie des hommes, la nouvelle réserve de semences pourra abriter jusqu'à 4,5 millions d'échantillons, deux fois plus que le nombre de variétés existant dans le monde, selon le Fonds mondial pour la diversité des cultures (GCDT) à l'origine du projet. Il existe actuellement plus de 200.000 variétés de riz ou de blé, mais cette diversité disparaît rapidement sous l'effet des maladies, du changement climatique ou des activités humaines. |
Selon le GCDT, la diversité génétique
est indispensable pour mettre au point des cultures résistant aux
maladies, plus nutritives, moins consommatrices d'eau et d'engrais, et
capables de s'adapter au réchauffement climatique.
La nouvelle réserve de semences fera office de filet de sécurité, accueillant dans des conditions optimales, à -18°C, des duplicatas de graines déjà stockées dans les quelque 1.400 banques de gènes déjà existantes. Les Etats et institutions resteront propriétaires de leurs graines et pourront récupérer les échantillons si une culture venait à disparaître dans son milieu naturel. La réserve de semences a coûté environ 6 millions €, pris en charge par la Norvège. Faisant deux fois la taille de la Belgique pour une population de 2.300 âmes, le Svalbard - où, paradoxalement, aucune culture ne pousse - est considéré comme l'endroit idéal: isolé mais accessible, froid toute l'année et politiquement stable. Son sol gelé en permanence assure à la réserve de semences un minimum de fraîcheur même en cas de défaillance du système de refroidissement conçu pour maintenir une température de -18°C, optimale pour la conservation des graines de blé, soja ou riz stockées sur des étagères dans des sachets hermétiques. Perchée à 130 mètres au dessus du niveau de la mer, la nouvelle Arche est à l'abri d'un "déluge" lié à la fonte des glaces. Dans son cocon de parois en béton armé et de portes blindées, on la dit aussi capable de résister à un missile nucléaire ou à une chute d'avion. Une armure pas inutile dans une région qui a été frappée jeudi par un séisme d'une magnitude de 6,2 sur l'échelle de Richter, le plus fort séisme de l'histoire de la Norvège. |