1)
La communauté scientifique établit de plus en plus un lien
entre la fréquence et l'intensité des cyclones et le réchauffement
de la planète, comme l'indiquent plusieurs recherches publiées
ces derniers mois.
La Nasa, l'agence spatiale américaine, dont les satellites sont la principale source d'informations sur le climat terrestre, note sur son site internet qu'en raison de la montée des températures à la surface du globe "un plus grand nombre d'ouragans et de tempêtes tropicales pourraient se produire et être plus violents ". La saison 2008 (juin/novembre) a été particulièrement active dans l'Atlantique avec jusqu'à présent neuf tempêtes tropicales dont près de la moitié sont devenues des ouragans, quand la vitesse des vents atteint 120 kmh. Le dernier cyclone en date, Ike, de force 2 (154 à 177 kmh) sur une échelle qui en compte 5, a dévasté mi-septembre une partie du Texas. Le réchauffement climatique et ses conséquences sur la température des océans ont été responsables du doublement du nombre d'ouragans enregistré annuellement dans l'océan Atlantique au XXe siècle, selon une étude de chercheurs américains publiée l'été dernier. Greg Holland, du Centre américain sur la recherche atmosphérique, et Peter Webster, de l'Institut de technologie de Géorgie (sud-est), ont identifié depuis 1900 trois périodes durant lesquelles la moyenne annuelle des ouragans et tempêtes tropicales sur l'Atlantique a augmenté considérablement. De 1900 à 1930, ce nombre a été de six et est passé à dix lors de la décennie suivante, avant d'atteindre 15 (huit ouragans et sept tempêtes tropicales) entre 1995 et 2005. Selon ces scientifiques, ce nombre va probablement continuer à augmenter avec l'accroissement de la température moyenne du globe qui s'est accrue de 0,7 °C au XXe siècle. "Ces chiffres constituent une forte indication que le changement climatique est un facteur majeur dans l'augmentation du nombre des cyclones dans l'Atlantique", a souligné Greg Holland. |
2) Selon des
travaux de chercheurs américains parus début septembre dans
la revue britannique Nature, le nombre et l'intensité
des cyclones les plus violents augmentent avec le réchauffement
des océans.
Un accroissement de la température à la surface des océans de 1 °C "entraîne une augmentation de 31% de la fréquence des cyclones les plus puissants (vents supérieurs à 183,6 kmh), qui passent de 13 à 17 par an", ont calculé des chercheurs des universités de Floride et du Wisconsin. Ce constat est conforme à un modèle théorique sur le fonctionnement des énormes machines thermiques que constituent les cyclones, qui montre que les vents doivent s'intensifier à la suite du réchauffement de la température de surface des océans. "Nous observons une tendance à la hausse des valeurs maximales estimées des vents dans les cyclones tropicaux les plus violents dans tous les bassins océaniques, avec l'augmentation la plus forte dans l'Atlantique nord", observe James Elsner, un des coauteurs de travaux. Ces chercheurs ont étudié les ouragans dans l'Atlantique et les typhons en Asie de 1981 à 2006 mais n'ont pas pris en compte le rayonnement du soleil ou l'influence du courant marin chaud El Nino dans le Pacifique. Ils ont aussi noté l'existence d'une marge d'incertitude dans leur calcul. Selon le quatrième rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) de l'ONU, les températures moyennes à la surface du sol devraient grimper de 1,8 à 4 °C d'ici la fin du siècle. La surface des océans est plus lente à se réchauffer mais l'impact d'un changement de sa température est beaucoup plus grand, notent les scientifiques. |
Deux équipes
américaines viennent de publier les résultats d'une étude
portant sur 25 ans d'observations des cyclones tropicaux. Ils concluent
à une augmentation des vents en surface et à une influence
significative de l'augmentation des températures de l'atmosphère
et des océans.
L'idée n'est pas nouvelle. En 2005, Kerry Emanuel, du MIT (Massachusetts Institute of Technology), avait suggéré que le réchauffement climatique mondial devrait conduire à augmenter la puissance des cyclones tropicaux (appelés ouragans aux Etats-Unis et typhons en Asie). Sur le plan théorique, cette hypothèse est fondée puisque les cyclones se forment par élévation d'une colonne d'air réchauffée au-dessus de l'océan lorsque ses eaux ont une température suffisamment supérieure à celle de l'air ambiant. Mais les observations manquent pour passer de l'hypothèse à l'affirmation. La puissance d'un cyclone n'est pas régie uniquement par les températures de l'air et de l'eau mais aussi par d'autres facteurs (vents, courants...), qui viennent réduire le développement de la colonne d'air chaud. Au rythme d'environ 90 cyclones tropicaux par an sur la planète, il n'est pas facile de dégager une tendance globale des variations individuelles. Comme pour toutes les questions concernant le réchauffement global, le problème est de distinguer les évolutions à différentes échelles, et donc d'éviter de mélanger les aléas de la météo et les évolutions profondes du climat. Trois scientifiques, James Elsner et Thomas Jagger (Florida State University) et James Kossin (University of Wisconsin) viennent de publier dans la revue Nature les résultats d'une minutieuse analyse des cyclones tropicaux depuis 25 ans (basée sur les observations de satellites) mais focalisée sur les plus puissants d'entre eux. Selon les chercheurs, si aucune tendance à la hausse n'a été mise en évidence jusque-là, c'est parce les climatologues s'intéressaient uniquement à la vitesse moyenne des vents de tous les cyclones. |
Les plus puissants deviendraient encore plus
puissants
Or, les modèles théoriques utilisés pour prédire la puissance d'un cyclone font intervenir une valeur maximale, appelée IMP (intensité maximale potentielle). Elle exprime la puissance qu'atteindrait un cyclone si toutes les autres conditions environnementales étaient sans effet. Selon les modèles en vigueur, la plupart des cyclones n'atteignent pas la moitié de l'IMP. Mais «en moyenne, affirme James Elsner, les plus puissants des cyclones sont les plus proches de leur IMP». Il ajoute que si ce modèle est correct, on devrait observer une tendance à l'augmentation de puissance des cyclones flirtant avec l'IMP. C'est effectivement ce qui apparaît dans leur étude. Les cyclones les plus puissants semblent avoir gagné en intensité, surtout en Atlantique nord et dans l'océan Indien. Selon les résultats publiés, la vitesse moyenne des vents aurait crû de 225 km/h en 1981 à 251 km/h en 2006, soit environ 11%, tandis que la température des eaux de surface océanique au niveau de la formation de ces cyclones aurait augmenté de 28,2 à 28,5°C. «En regardant uniquement les plus forts des cyclones tropicaux, pour lesquels le lien entre les tempêtes et le climat est le plus prononcé, nous pouvons observer la tendance à l'augmentation que nous indiquent à la fois la théorie et les modèles» résume James Kossin. Les chercheurs demeurent cependant prudents. «Nos résultats ne démontrent pas le modèle théorique (heat-engine theory). Nous avons seulement montré que les données sont compatibles avec lui.» |