© Pierre Auger Observatory
N'en déplaise
aux climatosceptiques, les données recueillies à ce jour
montrent que la part du Soleil dans le réchauffement actuel est
négligeable. Mais les mécanismes internes de notre étoile
sont encore largement incompris.
Et si c'était
lui? Dans le contexte du réchauffement actuel de la Terre, le Soleil
est régulièrement pointé du doigt. Certains scientifiques
dits «climatosceptiques», se demandent notamment si les variations
de sa luminosité n'expliqueraient pas l'élévation
de température observée depuis un siècle.
Que le rayonnement solaire
influence notre climat, nul n'en doute. La question est toutefois de savoir
dans quelles proportions. Selon les conclusions du dernier rapport du Groupe
intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC),
publié en 2007, il apparaît que la composante solaire dans
le réchauffement est très minoritaire. De l'ordre de 10%
d'après une publication récente.
Lutte idéologique
Pourquoi une telle polémique
dans ce cas? A n'en pas douter, les enjeux socio-économiques tendent
à transformer ce débat scientifique complexe en une lutte
idéologique médiatisée, occultant la faiblesse de
certains raisonnements. Mais il faut bien admettre que la mesure des variations
de l'activité du Soleil n'est pas une mince affaire.
En fusionnant les données
d'au moins six expériences spatiales, trois équipes concurrentes,
suisse, belge et américaine, ont par exemple obtenu trois reconstitutions
de l'éclairement solaire différentes! Chaque instrument ayant
sa propre dérive, et chaque équipe sa façon de la
corriger. |
En outre, les premières
mesures systématiques du rayonnement solaire n'ont débuté
qu'en 1978, avec les premières missions spatiales conçues
dans ce but. A plus long terme, sur quelques siècles, la reconstruction
de l'histoire de l'éclairement solaire est plus difficile, et passe
par des indicateurs indirects. Ce sont entre autres les isotopes cosmogéniques,
ces atomes comme le carbone-14, le béryllium-10 ou le chlore-36,
dont la production dans l'atmophère dépend du champ magnétique
du Soleil et du champ magnétique d'origine interne de la Terre.
Rôle des ultraviolets
Mais l'éclairement
du Soleil n'est pas le seul paramètre à analyser. Il faut
en effet prendre en compte toute la subtilité du spectre lumineux
du Soleil. Les rayons ultraviolets, par exemple, ionisent la haute atmosphère,
entraînent la production d'ozone dans la stratosphère et provoquent
des réactions chimiques elles-mêmes productrices de chaleur.
Pour autant, on ne sait pas encore quantifier ces effets au niveau du sol.
Une autre voie consiste
à comprendre l'origine des fluctuations de notre étoile.
Certes, la connaissance du Soleil a énormément avancé,
en particulier grâce au satellite européen SOHO, mais aucun
modèle standard n'est pour l'heure capable de générer
de lui même le cycle d'activité solaire de onze ans et ses
taches, ni la variation de 0,1% du rayonnement observée.
Ce constat reflète
également un autre écueil. Jusqu'ici, la modélisation
du Soleil a en effet été réalisée par deux
communautés d'astrophysiciens qui n'interragissaient pas du tout.
D'un côté ceux qui font appel à un modèle fondé
sur la production et la propagation de l'énergie. De l'autre, ceux
qui cherchent à comprendre les phénomènes de surface
liés aux fluctuations du champ magnétique externe. Or les
deux approches ont besoin l'une de l'autre.
D'ici 5 ans, nous devrions
toutefois être en mesure d'ajuster les modèles grâce
aux prochaines expériences spatiales. En attendant, la communauté
scientifique ne pourra pas vraiment quantifier toute l'influence du Soleil
sur la Terre et prétendre la prédire. Il y a donc urgence
à fournir ces informations pour faire taire les discours simplistes
et conservateurs. |