LE MONDE | 29.01.09
Mieux que n'importe quel discours, un chiffre
résume l'ampleur du choc auquel est soumise l'Amazonie: 17%
de la forêt ont été détruits en cinq ans, entre
2000 et 2005. Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE)
l'affirme dans le rapport sur l'"Environnement en Amazonie" qu'il s'apprête
à publier et qui constitue probablement le travail le plus complet
sur le sujet depuis dix ans.
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La colonisation de l'Amazonie s'accompagne
d'une multiplication des conflits avec les populations locales dans un
contexte où les droits de propriété restent peu clairement
définis. Le PNUE ne condamne pas seulement l'exploitation de l'Amazonie
au nom du désastre écologique auquel elle conduit. Il stigmatise
aussi un modèle de développement déplorable socialement,
alors que la population - en majorité concentrée dans des
villes - dépasse plus de 33 millions d'habitants, contre 5 millions
dans les années 1970 et augmente plus vite que dans le reste des
pays de la zone. "Le revenu élevé par habitant affiché
par certaines localités ne doit pas masquer une situation générale
de grande pauvreté. La richesse tirée de l'exploitation des
ressources naturelles n'est, dans la majorité des cas, pas réinvestie
sur place", met en garde le rapport. En Equateur, dans les villes pétrolières
d'Orellana et de Sucoubios, le revenu par habitant dépasse 25.000
dollars par an, huit fois plus que la moyenne nationale, mais les indicateurs
de développement humain y restent plus mauvais qu'ailleurs. Le rapport
souligne aussi l'impact de la dégradation de l'environnement, de
la pollution des cours d'eau sur l'accroissement des carences alimentaires
ou la propagation de certaines maladies comme la dengue ou le paludisme.
La disparition de certaines espèces, qui faisaient fonction de prédateurs
naturels sur les agents de transmission de ces maladies, facilite la diffusion
des épidémies.
Face à ce tableau accablant, des initiatives pour introduire un développement plus soutenable existent. Mais elles restent marginales. Les plans de développement durable adoptés par la plupart des pays, le classement en zones protégées d'environ 15% du territoire amazonien ne semblent pas non plus, aux yeux du PNUE, des raisons suffisantes de se montrer rassuré sur l'avenir. Un avenir pour lequel l'institution de l'ONU envisage quatre scénarios possibles. D'une mise en valeur contrôlée à la disparition du paradis vert : toutes les options sont explorées, sauf celle qui consisterait à transformer l'Amazonie en une gigantesque réserve naturelle. Néanmoins, le PNUE estime que la nécessité de préserver la biodiversité et de lutter contre le réchauffement climatique en donnant un coût d'arrêt à la déforestation doit être au coeur des politiques. L'enjeu est régional mais aussi planétaire. Ce qui conduit le PNUE à plaider pour que la communauté internationale prenne sa part du fardeau en appuyant financièrement l'effort demandé aux pays amazoniens. La création du fonds brésilien pour l'Amazonie est une des pistes possibles. Laurence Caramel
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