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Environnement écologie

Recul des glaciers au Groenland: le réchauffement climatique d'origine humaine disculpé?
ADIT: http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/57599.htm
février 2009
     En s'appuyant sur des données récoltées par des chercheurs en biologie marine, une étude publiée dans la revue Nature Geoscience par des scientifiques américains, danois, groenlandais et canadiens remet en cause la responsabilité directe du réchauffement climatique sur le recul des principaux glaciers groenlandais.
     Le Jakobshavn est le glacier le plus actif de l'hémisphère nord. Chaque jour, il déverse entre 20 et 30m de glace dans l'océan arctique depuis la côte ouest du Groenland. Mais le Jakobshavn n'a pas toujours été aussi rapide. Sa vitesse d'écoulement a plus que doublé depuis 1997. Dans le même temps, son front, la ligne où le trop plein de glace se détache pour former des icebergs, a commencé à reculer de façon considérable après être resté stable pendant une cinquantaine d'années. La communauté internationale s'est émue de ce recul rapide craignant que les effets du réchauffement climatique ne soient plus précoces et spectaculaires que prévu.

Le recul du Jakobshavn - animation 3D
Crédits: NASA
disponible sur le site ADIT en référence

     Trop précoces même pour les scientifiques, qui estiment que le réchauffement atmosphérique dans la région du Jakobshavn n'était pas suffisamment marqué pour avoir engendré de tels dégâts. Menée par le professeur David Holland de l'Université de New York, une équipe internationale à laquelle ont participé l'Institut Météorologique Danois (DMI) et l'Institut Groenlandais des Ressources Naturelles (GINR) s'est orientée vers la recherche d'une origine océanologique du phénomène. Ils ont pour ce faire utilisé des mesures de températures de l'océan arctique récoltées par le GINR puis analysées et validées par DMI. Ces mesures avaient à l'origine pour objectif la surveillance des populations de crevettes nordiques.
     L'étude a révélé une élévation significative de la température des fonds marins le long de la barrière de glace groenlandaise au cours de la seconde moitié des années 1990. La température moyenne de la zone étudiée est ainsi passée de 1,7°C en 1995 à 3,3°C en 1998. Plus concluant encore, il apparaît que la baie de Disko, à l'embouchure du fjord dans lequel s'écoule le Jakobshavn, a connu une arrivée massive d'eau chaude en 1997, une date qui correspond exactement au changement de comportement du glacier.
     En affaiblissant la base sous-marine du glacier, la masse d'eau chaude provenant de la mer d'Irminger au Sud-Ouest de l'Islande aurait donc fragilisé la structure et provoqué l'affaissement de la barrière qui maintenait la glace le long du littoral groenlandais.

     Et le coupable de cette arrivée subite d'eau chaude ne semble pas, du moins directement, être le réchauffement climatique d'origine humaine, mais un phénomène atmosphérique nommé oscillation nord-atlantique (ONA) causé par la circulation stable des courants marins dans cet océan. L'indice ONA correspond à la différence de pression entre l'anticyclone des Açores et les dépressions atmosphériques de la région islandaise et influe fortement sur la météo de nombreuses régions. Lorsqu'il est élevé, l'Europe est ainsi soumise à des vents d'ouest plus violents et connaît des hivers humides et doux.

     Pendant l'hiver 1995-1996, l'indice ONA a connu une courte phase négative après plusieurs années de phase fortement positive. D'après les chercheurs, ceci aurait affaibli le grand vortex de l'Atlantique Nord permettant à des eaux chaudes subpolaires de remonter par les profondeurs jusqu'à la barrière de glace groenlandaise.
     Pour l'équipe de recherche, il ne s'agit en aucun cas de rassurer le public sur la question du réchauffement climatique. L'étude prouve en effet les conséquences dévastatrices que peuvent avoir de légers dérèglements atmosphériques sur la calotte glaciaire. Par ailleurs, si l'ONA semble être principalement dirigée par une variation naturelle de l'activité solaire, sa sensibilité à d'autres facteurs tels que l'activité volcanique, l'effet de serre ou le trou dans la couche d'ozone reste encore mal connue. L'activité humaine n'est donc pas dans cette affaire exempte de suspicions.
 

Pour en savoir plus, contacts:
Mads Hvid Ribergaard, Oceanographe, Ph.D. - tél : +45 39 15 72 07 - email : mhri@dmi.dk
Source:
Nature Geoscience: Acceleration of Jakobshavn Isbrae triggered by warm subsurface ocean waters - http://www.nature.com/
Rédacteur:
Jean-Baptiste Paquel, jean-baptiste.paquel@diplomatie.gouv.fr
Origine:
BE Danemark numéro 22 (6/02/2009) - Ambassade de France au Danemark / ADIT