L'acidification des océans, provoquée
par l'augmentation des rejets de CO2, provoque "clairement"
une perte de calcification d'organismes marins, constate pour la première
fois une étude publiée dans la revue Nature Geoscience.
Les chercheurs ont découvert dans l'océan
Austral que le poids de la coquille d'animaux marins microscopiques, des
foraminifères, était en moyenne 30 à 35% plus légers
que celui de ces protozoaires vivant avant l'ère industrielle et
retrouvés à l'état de fossiles dans des sédiments.
"Nous avons été capables
d'établir une corrélation claire avec l'acidification des
océans, mettant ce facteur en évidence par rapport à
d'autres", a déclaré à l'AFP le principal auteur
de l'étude, William Howard, de l'Université de Tasmanie (Australie).
Selon lui, c'est la première fois que
cette liaison a pu être faite dans la nature, alors que jusqu'à
présent les scientifiques se basaient sur des expériences
menées en laboratoire et des simulations. |
Les scientifiques ont en effet constaté parallèlement
dans les carottes de sédiments analysées une augmentation
du gaz carbonique dans l'atmosphère au cours des derniers 50.000
ans. L'absorption du CO2 par l'océan augmente l'acidité
(ph) des eaux.
Selon une étude diffusée la
semaine dernière au 11e inter-congrès des sciences du Pacifique
à Papeete (Polynésie française) le ph de l'eau de
mer est passé dans certains océans de 8,2 avant la révolution
industrielle à 8,1 aujourd'hui, et pourrait tomber à 7,9
ou 7,8 à la fin du siècle.
"L'océan Austral nous donne une
bonne indication d'un processus d'acidification qui se répandra
dans tous les océans du globe", a estimé William Howard.
Cette baisse de calcification risque d'affecter
à terme la chaîne alimentaire, estime-t-il.
Par ailleurs, le phénomène "pourrait
changer le transfert de carbone de la surface des océans vers le
fond, c'est-à-dire modifier le bon fonctionnement de la pompe biologique"
et "tendre à réduire la capacité des océans
à absorber le carbone". Or l'augmentation du CO2 dans
l'atmosphère est une des causes majeures du réchauffement
climatique. |