Parler de la pluie et du beau temps. Voilà assurément une expression qui a pris une dimension nouvelle ces derniers mois, alors que les dérèglements climatiques, longtemps perçus comme une "Arlésienne", manifestent lentement mais sûrement leurs premiers effets.

     Réunis à Paris toute la semaine prochaine, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat vont dresser le bilan actualisé d'une problématique dont on parlera beaucoup cette année.

     Que nous apprendront-ils? Que les scénarios échafaudés, il y a plus de 20 ans, se confirment et s'affinent peu à peu. Que le lien entre le réchauffement et les activités humaines n'est plus à mettre en doute. Et que, sans crier à l'apocalypse, les conditions de vie que nous léguerons à nos enfants et petits-enfants seront passablement moins hospitalières. Dans la meilleure des hypothèses...

     Si l'on veut que ces changements dont on mesure mal l'ordre de grandeur restent gérables, l'heure est venue de faire des choix cruciaux. Certes, le chemin à parcourir est immense et les obstacles nombreux. Parce qu'il demande de réinventer nos sociétés, de revoir nos modèles énergétiques et économiques, de faire bon usage des progrès technologiques... Parce qu'il nous oblige à nous rééduquer, à repenser nos modes d'habitation et de déplacement, à reconsidérer nos comportements de consommation davantage en fonction du critère de "besoin". Un exercice d'autant plus difficile qu'il demande de regarder loin devant soi dans un monde régi par le court terme.

     Mais s'alarmer au moindre soubresaut météorologique ne sert à rien si cette prise de conscience n'est pas traduite en actes. Et si les changements peuvent être synonymes de contraintes, ils sont aussi porteurs d'opportunités. Dégagé de sa dimension politique, parler d'écologie revient avant tout à parler d'économie de la nature. Plus qu'une question idéologique, c'est une question de bon sens. A ce titre, on peut se réjouir des bonnes intentions tout récemment affichées – avec beaucoup d'opportunisme – par nos représentants politiques. Aux électeurs de leur rappeler les engagements pris.

     Il y a, à l'évidence, beaucoup de "si" dans les scénarios élaborés sur le futur climatique de notre planète, qui peuvent inciter d'aucuns à la méfiance voire à l'immobilisme. En attendant, le compteur tourne. Si dans 30, 50 ou 100 ans, le réveil s'avère brutal, personne ne pourra en tout cas dire: "Si j'avais su..."