ADIT, PARIS (AFP)
Les incinérateurs modernes d'ordures
ménagères émettent moins de substances nocives pour
la santé, mais la pollution ancienne aux dioxines persiste dans
les sols et peut se retrouver dans les produits locaux d'origine animale
comme les oeufs, selon une étude menée en 2005.
Les auteurs de l'étude publiée
mardi mettent ainsi en garde contre les productions familiales: les oeufs
de poules élevées sur des sols qui demeurent contaminés
par une ancienne usine d'incinération hors norme peuvent contenir
des niveaux de dioxine supérieurs aux seuils appliqués pour
les produits du commerce.
La France a le plus grand parc d'incinérateurs
en Europe, souligne Denis Zmirou-Navier (Inserm) dans le Bulletin épidémiologique
hebdomadaire consacré cette semaine aux effets sur la santé
de l'incinération des ordures ménagères.
Les installations aujourd'hui en service (128
incinérateurs en 2006 contre 300 en 1990) sont tenues de se conformer
à la directive européenne de 2000 fixant des valeurs limites
d'émission des polluants.
La sonnette d'alarme a été tirée
en France par Jean-François Viel qui avait montré à
la fin des années 90 un nombre accru de certaines formes de cancer
dans les zones de retombées de fumées autour de l'usine de
Besançon.
Ces résultats ont été
confortés par une étude nationale de l'Institut de veille
sanitaire (InVS) portant sur 16 installations et rassemblant 135.000 cas
de cancers survenus entre 1990 et 1999.
L'InVS a également lancé en
2005, en partenariat avec l'Agence française de sécurité
sanitaire des aliments, une étude sur "l'imprégnation" par
les dioxines des populations résidant à proximité
d'usines d'incinération. Elle a porté sur quelque 1.000 adultes
entre 30 à 65 ans, résidant depuis plusieurs années
à proximité de huit sites d'incinération.
Cette étude, dont le rapport final
est publié mardi, montre que les riverains d'incinérateurs
modernes n'ont pas des taux plus élevés de dioxines dans
le sang que les habitants de secteurs dits "témoins", c'est-à-dire
éloignés de telles installations. Il en va de même
pour l'exposition au plomb ou au cadmium.
Un résultat "plutôt rassurant",
selon Georges Salines, un des responsables de l'étude.
La concentration moyenne de dioxines (et de
polychlorobiphényles -PCB- ayant les mêmes mécanismes
d'action que les dioxines) observée dans l'étude était
de 27,7 pictogrammes de TEQ (équivalent toxique international) par
gramme de matière grasse. Soit des valeurs similaires à celles
d'autres pays d'Europe.
En revanche, une "sur-imprégnation"
est retrouvée chez les riverains d'installations fortement polluantes
par le passé et gros consommateurs de produits locaux d'origine
animale (produits laitiers, oeufs, volaille...)
Cette relation n'apparaît pas pour la
consommation de fruits et légumes du verger ou du potager: les
végétaux sont moins contaminés par les dioxines,
qui s'accumulent dans les graisses.
Indépendamment des incinérateurs,
cette étude souligne le rôle important de la consommation
des produits de la pêche: le site de Senneville-sur-Fécamp,
sur la Manche, présente ainsi l'imprégnation la plus élevée
par les dioxines, pour les riverains comme pour la population témoin.
C'est aussi celui où la consommation habituelle de produits de la
mer est la plus importante.
"Si les incinérateurs modernes semblent
ainsi hors de cause, il demeure que le meilleur déchet est encore
celui que l'on n'a pas produit", conclut dans son éditorial
Denis Zmirou-Navier. |
Incinérateurs: un risque de cancer avéré
http://www.futura-sciences.com/
Source: Destination Santé
Dans un document de synthèse, l'Institut
de veille sanitaire fait le point sur les effets sanitaires des incinérateurs
d'ordures ménagères. Conclusion: «des éléments
convaincants» confirment des observations déjà
existantes d'un impact sur la santé humaine.
En passant de 300 en 1990 à 128 en
2006, le nombre d'incinérateurs d'ordures ménagères
a littéralement fondu en France ces 15 dernières années.
C'est une bonne nouvelle puisque la plupart des installations fermées
étaient vétustes. Mais malgré des efforts certains
dans ce domaine, notre pays accueille encore sur son sol le plus grand
parc d'incinérateurs d'Europe.
C'est ce qu'indiquent les rédacteurs
du Bulletin épidémiologique Hebdomadaire (BEH, édité
par l'Invs, Institut de veille sanitaire) qui, dans un numéro thématique,
se sont penchés sur les effets sanitaires des incinérateurs.
«Nous avons de bonnes raisons d'être satisfaits car [les]
anciens incinérateurs ont induit des risques pour la santé
des populations avoisinantes» explique dans un éditorial
le Pr Denis Zmirou-Navier (université de Nancy, Inserm U954 et Ecole
des Hautes études en Santé publique).
Corrélation avec plusieurs cancers
L'étude de terrain menée de
1990 à 1999 illustre d'ailleurs cette réalité. Haut-Rhin,
Bas-Rhin, Isère et Tarn: les alentours des usines d'incinération
de ces quatre départements ont été passés à
la loupe. L'objectif était d'observer une éventuelle relation
entre l'incidence locale des cancers et l'exposition aux polluants émis
par les usines.
Au-delà de la complexité des
chiffres avancés, «l'étude a mis en évidence
des relations significatives entre l'exposition [aux polluants] et l'incidence
de plusieurs cancers» précisent les auteurs. La corrélation
est particulièrement nette chez la femme et pour toutes sortes de
cancers: du foie, du poumon, du sein, les leucémies, les sarcomes
des tissus mous...
Mais les rédacteurs restent prudents
en refusant d'établir toute relation de cause à effet. Nuance
linguistique oblige, ces derniers ne parlent que d'« éléments
convaincants [apportés] au faisceau d'arguments épidémiologiques
qui mettent en évidence un impact des émissions des incinérateurs
sur la santé»...
L'étude sur dix ans menée dans
quatre départements français confirme que la présence
d'un incinérateur d'ordures ménagères n'est pas sans
impact sur la santé...
L'étude sur dix ans menée dans quatre départements
français confirme que la présence d'un incinérateur
d'ordures ménagères n'est pas sans impact sur la santé...
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