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Environnement écologie

Les manchots empereurs menacés d'extinction par le réchauffement climatique
ADIT, janvier 2009

WASHINGTON, AFP

     Les manchots empereurs, popularisés par le film "La marche de l'empereur" en 2005, risquent l'extinction d'ici la fin du siècle, du moins dans certains de leurs habitats, en raison du réchauffement de la planète, selon une étude publiée mardi aux Etats-Unis.
     Si le changement climatique continue de faire fondre les glaces dans l'Antarctique au rythme prévu dans le dernier rapport du Groupe inter-gouvernemental d'experts sur le changement climatique (GIEC), la population d'une grande colonie de manchots empereurs en Terre Adélie va probablement passer de 3.000 aujourd'hui à seulement 400 couples capables de se reproduire, estiment ces chercheurs.
     Selon les différents modèles mathématiques utilisés par ces scientifiques et basés sur des données historiques remontant aux années 60, il y a au moins 40% de probabilités que cette population connaisse une diminution drastique de 95%, voire davantage.
     Une telle baisse du nombre des manchots dans ces zones les mettraient en grand danger d'extinction, estime Stéphanie Jenouvrier de l'institut de recherche américain Woods Hole Oceanographic Institution et l'une des cinq co-auteurs de cette étude parue dans la dernière édition des Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) datée du 26 janvier.
     Cette étude s'est concentrée sur les fluctuations climatiques qui réduisent la superficie des glaces, explique Hal Caswell, un autre co-auteur.
     La banquise joue un rôle essentiel dans l'écosystème antarctique. C'est l'endroit où les manchots empereurs se reproduisent, se nourrissent et muent mais aussi le lieu où se développent les krills, de petits crustacés qui vivent sur les algues.
     Les krills sont une importante source de nourriture pour les poissons, les phoques, les baleines et les manchots.
     Une fluctuation de température suivie par une forte réduction de la superficie de la banquise dans les années 70 en Terre Adélie a entraîné une réduction d'environ 50% de la population des manchots empereurs, rappellent les auteurs de l'étude.
     Ces fluctuations deviendront de plus en plus fréquentes avec le réchauffement du climat au cours des cent prochaines années.
     Lors des cinquante dernières années, le changement climatique a été plus prononcé dans la péninsule antarctique où se trouve la Terre Adélie.
     Dans les prochaines décennies, la Mer de Ross, où le volume de glace a augmenté ces dernières années, pourrait bien être le dernier sanctuaire antarctique des manchots empereurs, selon les auteurs de cette étude.


Les manchots empereurs verront-ils le 22ème siècle?
http://www.futura-sciences.com/

     La réduction drastique de la banquise antarctique, telle qu'elle est prévue par le Giec, devrait conduire à l'horizon 2100 à la quasi-disparition des colonies de manchots empereurs qui peuplent la Terre Adélie. C'est ce qu'affirme une équipe franco-américaine.
     Le film de Luc Jacquet, La marche de l'empereur, a popularisé l'image de ces centaines de manchots empereurs crapahutant sur la banquise dans une météo dantesque pour rejoindre la mer libre tandis que leurs conjoints patientent sur la partie continentale avec leur progéniture.

     Cette longue marche, qui nous paraît extraordinairement pénible, sera dans les prochaines décennies de plus en plus courte. En effet, la banquise, cette glace flottante prolongeant le continent, devrait se réduire à mesure que la température globale de l'atmosphère augmente. Les projections du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vont dans ce sens.
     Les prévisions pour cette région du monde sont cependant difficiles car les mécanismes à l'œuvre, riches de rétroactions, sont complexes. La réduction de la couverture glaciaire en Antarctique est bien constatée mais la compréhension des phénomènes en jeu manque encore. Il semblait jusque-là que seule sa partie occidentale, là ou se trouve la Péninsule Antarctique, voyait monter sa température moyenne alors que l'ensemble du continent, l'Antarctide, avait au contraire tendance à se refroidir. Mais une récente publication, sur la foi de cinquante années de relèvements, montre que le réchauffement affecte l'ensemble du continent antarctique.
     Une réduction de la surface de la banquise, du côté de la Terre Adélie, où vivent les manchots empereurs (Aptenodytes forsteri), facilitera-t-elle la vie de ces oiseaux? La réponse est non, bien au contraire. En 2004, déjà, une équipe sud-africaine démontrait que la diminution de la surface de la banquise menaçait les manchots et d'autres espèces. Le pack de glace favorise en effet la production d'algues dont se nourrissent les milliards de petits crustacés collectivement appelés krill, lesquels forment le plat de résistance des manchots (et de bien d'autres animaux).

Il reste peu de temps, sans doute, pour s'adapter...
     Henri Weimerskirch, du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC), et Stéphanie Jenouvrier (Woods Hole Oceanographic Institution) viennent avec leurs collègues d'avancer des indications plus précises. Ces chercheurs se sont appuyés sur les prévisions découlant du modèle climatique basé sur le scénario dit «business as usual» (on fait comme avant), ou A1B, qui prévoit une augmentation médiane (par rapport aux autres scénarios) du taux de dioxyde de carbone (CO2), avec 720 ppm (parties par million) en 2100.
     Ces biologistes ont pris en compte les données sur les populations de manchots empereurs observées entre 1962 et 2005. Entre 1972 et 1981, par exemple, la banquise avait régressé d'environ 11% et, sur la même période, le nombre de manchots avait diminué de moitié.
     Publiée dans les Pnas (Proceedings of the National Academy of Sciences), l'étude conclut que les populations de manchots empereurs devraient fortement décliner au cours du siècle. Plus précisément, la probabilité d'une quasi-extinction, c'est-à-dire d'une réduction de 95% des effectifs, est d'au moins 36% à l'horizon 2100. Dans ce cas, la population passerait de quelque 6.000 couples en 1962 à environ 400.
     Pour éviter l'extinction, concluent les chercheurs, les manchots devront donc s'adapter, soit en déménageant soit en modifiant le calendrier de la reproduction et de la croissance des jeunes. Toutefois, ajoutent-ils, pour une espèce présentant une  longue durée de vie (on ne la connaît pas exactement mais elle semble supérieure à trente ans), une adaptation de ce genre en un délai aussi court est peu probable.
Voir aussi:
Emperor penguins face extinction
http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/7851276.stm