LE MONDE | 03.02.09
"Il s'agit d'une étude historique
qui sera citée des milliers de fois dans les années à
venir", s'enthousiasme le professeur William Dab, titulaire de la chaire
d'hygiène et sécurité au Conservatoire national des
arts et métiers. Ce spécialiste des problèmes de santé
liés à la pollution atmosphérique salue ainsi le vaste
travail de trois auteurs américains qui démontre qu'une réduction
de la concentration de l'air en particules fines de 10 microgrammes par
mètre cube (µg/m3) est associée à
un accroissement de l'espérance de vie en moyenne de 0,6 année.
L'étude a été publiée, le 22 janvier, dans
le New England Journal of Medicine.
Diverses études ont jusqu'ici montré
les effets délétères de la pollution par les particules
fines (d'une taille inférieure à 2,5 microns ou PM2,5). Une
augmentation de leur concentration de 10µg/m3 a été
associée à une réduction de l'espérance de
vie de 1,11 année aux Pays-Bas, de 1,37 an en Finlande et de 0,8
an au Canada.
Parallèlement, des chercheurs français
publient dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, mercredi
3 février, une étude confirmant les effets à court
terme de la pollution. "Le risque de décès de toutes causes
ou pour causes cardio-vasculaires est significativement associé
à l'ensemble des indicateurs de pollution", indiquent-ils. |
Ce type de recherches épidémiologiques
vise à établir le fait que ces particules constituent un
facteur de risque pour la santé. Le mérite de C. Arden Pope
(Brigham Young University, Utah) et des coauteurs de l'étude "est
d'avoir établi pour la première fois une preuve expérimentale
de l'amélioration de l'état de santé à partir
de données cohérentes sur un large territoire", estime
M. Dab.
CANCER DU POUMON
Les chercheurs ont compilé des données
concernant 51 zones métropolitaines des Etats-Unis et celles de
la pollution à différentes époques, entre 1970 et
le début des années 2000, quand la qualité de l'air
s'était globalement améliorée. Ils ont calculé
que "la réduction de la pollution de l'air contribue jusqu'à
15% de l'accroissement global de l'espérance de vie".
En octobre 2008, une expertise collective
de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm) citait des travaux estimant qu'"environ 1.300 à 1.900
décès par cancer du poumon pourraient être évités
chaque année dans 23 villes européennes si les niveaux de
PM2,5 étaient ramenés respectivement à 20 et à
15 µg/m3." L'Union européenne ne s'est dotée
pourtant que d'une norme maximale sur les PM2,5 de 25µg/m3
en 2010, qui ne deviendra contraignante qu'en 2015.
Paul Benkimoun
|