Le réchauffement climatique
n'est plus une menace virtuelle, mais une réalité d'ores
et déjà responsable de 300.000 morts par an - l'équivalent
du tsunami de 2004, selon les conclusions du rapport rendu public vendredi
29 mai par le Forum humanitaire mondial, la fondation présidée
par l'ancien secrétaire général des Nations unies
Kofi Annan.
Ce rapport, intitulé "L'impact humain du changement climatique - anatomie d'une crise silencieuse", se veut le premier travail de synthèse sur un sujet jusqu'à présent davantage abordé de manière prospective, à l'image des prévisions de l'ONU annonçant 250 millions de réfugiés climatiques à l'horizon 2050. Alors que les négociations internationales sur le climat reprennent la semaine prochaine à Bonn (Allemagne), ses conclusions chargent d'un poids supplémentaire les épaules des gouvernements, responsables de parvenir d'ici au sommet de Copenhague, en décembre, à un accord permettant de réduire de manière drastique les émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère. "Nous sommes à un moment crucial. Les négociateurs ne peuvent ignorer l'impact actuel du changement climatique. La responsabilité des pays à Copenhague n'est pas seulement de contenir une menace future très sérieuse mais aussi de répondre à une crise contemporaine majeure", estime Kofi Annan. L'élévation des températures agit notamment sur les rendements agricoles, l'accès à l'eau et, en conséquence, sur la pauvreté, dont le niveau est étroitement lié à la qualité du milieu naturel dans les pays les moins développés. Selon le rapport, 325 millions de personnes sont chaque année affectées par la dégradation sévère de leur environnement ou les catastrophes climatiques plus fréquentes, comme les inondations ou les cyclones. La très grande majorité d'entre elles vivent dans les pays les plus pauvres. Il évalue à 125 milliards de dollars (90 milliards €) les pertes économiques qui en découlent. Tous ces chiffres pourraient être multipliés par deux au cours des vingt prochaines années, selon les auteurs, qui voient dans cette évolution les germes de la plus grave crise humanitaire jamais connue. |
Les conséquences les plus marquées
du changement climatique se lisent sur la malnutrition, puisque
la moitié des 300.000 décès annuels qui lui sont imputés
sont des victimes de la faim. Vient ensuite la santé, le
réchauffement apparaissant comme le vecteur d'une diffusion plus
large de certaines maladies. Dix millions de nouveaux cas de malaria et
environ 55.000 morts ont ainsi été identifiés. Les
pays pauvres - et là le rapport ne fait que reprendre un constat
déjà établi - sont aussi les plus exposés.
Du Sahara au Moyen-Orient, jusqu'à l'Asie centrale et à certaines
régions d'Asie du Sud-est, ils forment cette ceinture semi-aride
où les sécheresses récurrentes et la désertification
sont déjà à l'œuvre. Somalie, Burundi, Yémen,
Niger, Erythrée, Afghanistan, Ethiopie, Tchad, Rwanda et Comores
sont à la fois les pays les plus vulnérables au réchauffement
et ceux qui ont la plus faible capacité financière pour y
répondre.
EFFORT D'ADAPTATION
Laurence Caramel
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