PARIS (AFP)
La vague de froid qui
s'est abattue sur l'Europe occidentale surprend mais ne doit pas, mettent
en garde les scientifiques, aboutir à une redoutable confusion
entre "le temps qu'il fait" et le réchauffement climatique en
cours.
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Le "réchauffement
climatique moyen" de la planète attendu d'une année sur l'autre
est d'environ deux centièmes de degrés par an donc très
difficilement perceptible, rappelle en écho le climatologue français
Jean Jouzel, médaille d'or du CNRS, alors que "si vous vous placez
d'une année sur l'autre à un endroit donné, la variabilité
peut être de quelques degrés".
Pour une meilleure perception, le vice-président du Giec invite à regarder des tendances de fond sur la végétation, indicateur précieux: "On voit bien par exemple que les vendanges ont irrésistiblement avancé de plusieurs semaines en 50 ans. Après, d'une année sur l'autre, elles peuvent commencer plus tôt ou plus tard". S'ajoute à cette double grille de lecture l'extrême complexité de la science du climat: si la majorité des scientifiques s'accordent sur le réchauffement en cours et la responsabilité humaine dans le processus via les émissions de gaz à effet de serre, ils soulignent aussi qu'il ne s'agira en aucun cas d'un phénomène linéaire. Selon une étude publiée en avril dans la revue Nature, le réchauffement pourrait ainsi marquer une pause dans la décennie à venir en raison de l'évolution naturelle de la circulation des courants océaniques, avec en particulier un affaiblissement temporaire du Gulf Stream, qui fait remonter dans l'Atlantique nord les eaux chaudes du sud. Les "sceptiques" du réchauffement climatique sont immanquablement plus véhéments lorsque le froid pique, reconnaît Jean Jouzel, mais il appartient aussi aux climatologues de faire preuve de pédagogie... et de mesure. "C'est aussi à nous de faire attention quand l'été sera chaud de ne pas dire: c'est le réchauffement climatique!" |