A la sortie de la dernière
époque glaciaire, les zones humides des continents ont relargué
une énorme quantité de méthane, puissant gaz à
effet de serre, ce qui a emballé le réchauffement, nous apportant
la douceur actuelle. C'est en pistant l'origine du méthane enfermé
dans les glaces antarctiques qu'une équipe française est
parvenue à cette conclusion surprenante.
Les carottages de glace apportent aux scientifiques la composition de l'atmosphère dans le passé. Mais on peut aussi en tirer des conclusions plus subtiles sur l'origine des gaz repérés... Une équipe du Laboratoire de géologie et de géophysique de l'environnement (LGGE, qui vient de fêter ses cinquante ans) a étudié dans plusieurs forages de l'Antarctique et de l'Arctique et avec deux méthodes différentes les fluctuations du méthane au cours de la dernière grande transition climatique, qui a fait sortir la Terre de la dernière période glaciaire. Ce gaz produit un effet de serre environ 25 fois plus important que celui du gaz carbonique, à quantité égale. Sa concentration est cependant faible et son influence sur l'effet de serre naturel de l'atmosphère reste très en dessous de celle du gaz carbonique. Toutefois, dans le passé, on suspecte que de vastes relargages de méthane ont pu jouer un rôle dans les changements climatiques. Les feux de forêt, par exemple, rejettent de grandes quantités de méthane. L'assèchement des tourbières et le relargage brutal du méthane retenu dans le sous-sol, piégé dans les clathrates (ou hydrates de méthane) peuvent aussi en envoyer de grandes quantité dans l'atmosphère. Le méthane, grand réchauffeur
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Ces résultats ont pu être rapprochés
d'autres, obtenus par la même équipe en Antarctique et en
Arctique par la mesure du rapport isotopique deutérium/hydrogène.
Avec toutes ces données et un modèle
de l'atmosphère, les chercheurs ont pu déterminer d'où
est venu le méthane qui, en quelques milliers d'années, a
réchauffé la Terre. Pour l'essentiel, affirment-ils, le gaz
provenait des marécages tropicaux, qui en ont relâché
55 millions de tonnes par an sur la période. Juste derrière
viennent les zones humides boréales. Recouvertes de neige et gelés
pendant les périodes glaciaires, ces régions n'émettent
rien mais se transforment en marécages quand l'atmosphère
commence à se réchauffer et contribuent alors à l'accélération
de l'évolution du climat. Un autre effet, qui arrive derrière,
vient du temps durant lequel le méthane persiste dans l'atmosphère.
A température plus élevée, son oxydation, qui le transforme
en gaz carbonique, est plus lente. A la fin de la période glaciaire,
son temps de résidence dans l'atmosphère s'est accru de 30
%. Enfin, en queue de peloton arrivent les feux de végétation,
qui n'émettaient que 6 millions de tonnes par an durant la période
étudiée. Les clathrates, eux, ne semblent avoir joué
aucun rôle dans cette aventure.
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