CONTROVERSES ENERG...ETHIQUES !
Energies renouvelables, environnement-écologie, développement...
Documents jugés intéressants

2010
Cellules solaires PV plus efficaces grâce aux nanocristaux semiconducteurs

Le CIGS 2.0 d'Applied Quantum Technology
juin
ADIT
AUSTIN, Texas - Conventional solar cell efficiency could be increased from the current limit of 30% to more than 60%, suggests new research on semiconductor nanocrystals, or quantum dots, led by chemist Xiaoyang Zhu at The University of Texas at Austin.
     Zhu and his colleagues report their results in this week's Science.
     The scientists have discovered a method to capture the higher energy sunlight that is lost as heat in conventional solar cells.
     The maximum efficiency of the silicon solar cell in use today is about 31%. That's because much of the energy from sunlight hitting a solar cell is too high to be turned into usable electricity. That energy, in the form of so-called "hot electrons," is lost as heat.
     If the higher energy sunlight, or more specifically the hot electrons, could be captured, solar-to-electric power conversion efficiency could be increased theoretically to as high as 66%.
     "There are a few steps needed to create what I call this 'ultimate solar cell,'" says Zhu, professor of chemistry and director of the Center for Materials Chemistry. "First, the cooling rate of hot electrons needs to be slowed down. Second, we need to be able to grab those hot electrons and use them quickly before they lose all of their energy."
     Zhu says that semiconductor nanocrystals, or quantum dots, are promising for these purposes.
     As for the first problem, a number of research groups have suggested that cooling of hot electrons can be slowed down in semiconductor nanocrystals. In a 2008 paper in Science, a research group from the University of Chicago showed this to be true unambiguously for colloidal semiconductor nanocrystals.
     Zhu's team has now figured out the next critical step: how to take those electrons out.
     They discovered that hot electrons can be transferred from photo-excited lead selenide nanocrystals to an electron conductor made of widely used titanium dioxide.
     "If we take the hot electrons out, we can do work with them," says Zhu. "The demonstration of this hot electron transfer establishes that a highly efficient hot carrier solar cell is not just a theoretical concept, but an experimental possibility."

     The researchers used quantum dots made of lead selenide, but Zhu says that their methods will work for quantum dots made of other materials, too.
     He cautions that this is just one scientific step, and that more science and a lot of engineering need to be done before the world sees a 66% efficient solar cell.
     In particular, there's a third piece of the science puzzle that Zhu is working on: connecting to an electrical conducting wire.
     "If we take out electrons from the solar cell that are this fast, or hot, we also lose energy in the wire as heat," says Zhu.
     "Our next goal is to adjust the chemistry at the interface to the conducting wire so that we can minimize this additional energy loss. We want to capture most of the energy of sunlight. That's the ultimate solar cell.
     Fossil fuels come at a great environmental cost," says Zhu. "There is no reason that we cannot be using solar energy 100% within 50 years."


Funding for this research was provided by the U.S. Department of Energy. Coauthors include William Tisdale, Brooke Timp, David Norris and Eray Aydil from the University of Minnesota, and Kenrick Williams from The University of Texas at Austin.

Media contact: Lee Clippard, public affairs, 512-232-0675, lclippard@mail.utexas.edu


Caption: Xiaoyang Zhu and colleagues discovered that hot electrons can be transferred from photo-excited lead selenide nanocrystals to an electron conductor made of titanium dioxide. Their discovery points the way toward more efficient solar cells.

Contact: Dr. Xiaoyang Zhu
zhu@cm.utexas.edu
512-471-9914

University of Texas at Austin
Le CIGS 2.0 d'Applied Quantum Technology
ADIT

      Ce nom ne vous dit peut-être encore rien comparé à Solyndra (et voir ci-dessous!) et autres Miasolé mais Applied Quantum Technology, que nous avons eu la chance de visiter, a réussi en l'espace de trois années ce que d'autres ont mis bien plus de temps à réaliser avec de surcroît des fonds bien plus conséquents. Suite à l'annonce du Président Obama concernant le prêt de 500 Millions de dollars accordé à Solyndra dont l'état fédéral se portera garant, il nous a semblé judicieux de faire un point sur la situation de la filière CIGS.

Une filière en reconversion obligée
     Depuis ses débuts, la filière CIGS (Cuivre Indium Gallium Sélénium), une des trois figures de proue de la technologie couches-minces avec le CdTe (Tellurure de Cadmium) et le silicium amorphe, 2.5 Milliards de dollars [1] ont été engloutis par les start-ups se lançant dans cette voie. 2.5 Milliards de dollars et peu de résultats probants à avancer. La raison à cela? Il y en plusieurs mais la plus importante provient du fait qu'il n'existe pas d'outil standard de production des cellules pour cette filière.

suite:
En conséquence de quoi, chaque acteur CIGS se voit jouer plusieurs rôles à la fois: celui de développeur, de fabricant d'équipement de production ainsi que de producteur de panneaux. L'on comprend alors bien que construire une plateforme de production autour d'un procédé balbutiant, puis essayer de marier ce procédé naissant avec un procédé de fabrication lui aussi non vérifié représente un tâche pour le moins ardue. Il y a donc risque technique et financier à se lancer dans une telle mission, difficulté que les acteurs du Capital-Risque ont bien saisis puisqu'après leur engouement d'il y a quelques temps pour cette filière, on les voit aujourd'hui beaucoup plus frileux dans leurs investissements, et pour cause... L'heure n'est donc plus aux projets nécessitant un demi milliard d'investissement initial, mais plutôt à l'austérité et au renouveau de la filière.
     Soulignons que l'évolution du marché solaire en 2009 a porté un coup dur au "business model" encore largement en cours dans la filière CIGS. En effet, 2009 a vu les prix des modules chuter très fortement en raison de la baisse du prix du silicium mais aussi suite à l'entrée sur le marché de nouveaux acteurs venant de pays tels que la Chine, chez qui les coûts de production sont significativement plus faibles. La "crise", solaire, de 2009 a malheureusement mis en lumière une des failles communes aux projets CIGS à savoir leur incapacité à produire à grande échelle, qui pourrait peut-être sur le long terme leur être fatale.
     Les projections pour le marché des couches minces dans les 20 à 30 prochaines années prédisent un potentiel de croissance de 500 à 1.000 fois ce qu'il est actuellement. La filière CIGS, extrêmement intéressante en termes de coût par rapport à la filière silicium, s'impose aussi par rapport à ses collègues "minces": elle n'a pas le problème de toxicité associé au cadmium, ni le problème de rareté lié au tellure ni l'efficacité limitée du silicium amorphe. Tous ces avantages doivent être canalisés et une nouvelle filière CIGS 2.0, selon l'expression du fameux Eric Wesoff, doit voir le jour. Applied Quantum Technology a compris la leçon et semble avoir trouvé la voie du succès [3].

Applied Quantum Technology ou le renouveau du Business-Model CIGS
     En 2005, les frères Bartholomeusz [2], tous droits venus de l'industrie du disque dur et du stockage optique, réalisent un voyage en Europe à la rencontre des différents acteurs du solaire. Leur expérience et leur sens de l'observation leur font émettre le constat suivant: la filière solaire "occidentale", et en particulier sa filière couche mince, n'est pas préparée à être compétitive industriellement sur le marché mondial. Elle n'est pas non plus prête aux bouleversements qui suivront l'entrée en lice de nouveaux acteurs tels que la Chine. Et un de ses gros défauts réside dans le contrôle à 100% de toute la chaîne de la valeur des acteurs du marché, ce qui implique une inertie et des coûts exorbitants.
      Forte de ce constat, la paire met au point une nouvelle approche totalement à contre courant et simple à la fois! Ils lancent en 2007 leur société avec l'idée d'utiliser les outils de productions issus de l'industrie du disque dur pour fabriquer des cellules CIGS ayant à terme une efficacité de 14% pour un coût deux fois moins important. Le rendement de leurs cellules est le fruit de recettes internes protégées par de nombreux brevets d'une chercheuse ayant fait carrière dans le secteur du disque dur et possédant une connaissance pointue des outils de production.
     L'innovation d'AQT réside donc dans l'approche: au lieu de se faire fabricants de machines, développeurs de modules et vendeurs de ces modules, AQT se concentre sur la production de cellules grâce à des outils déjà existants (gain de temps de développement) et vend ensuite ses cellules à des assembleurs qui en font des modules. Simple direz-vous, mais personne n'y avait encore pensé! AQT est parvenu en 3 ans, grâce à une logique partenariale opportuniste notamment avec le National Renewable Energy Laboratory (NREL), à développer des cellules d'efficacité 12% (peu éloignée de la moyenne de 16% des cellules silicium) avec un financement initial de 5 Millions de dollars (un deuxième tour de table vient d'être effectué pour un montant de 10 Millions de dollars) quand Solyndra en requérait 100 fois plus...
     Selon les termes de Brian Bartholomeusz son Vice-Président, cette approche devrait permettre à AQT de remplir les trois critères clés de succès pour un fabricant "photovoltaïque" que sont:
- La capacité à produire à grande échelle;
- La capacité à réduire ses coûts de manière significative;
- La capacité à produire de l'innovation technologique.
     AQT devrait avoir terminé la construction de sa ligne de production de 15MW cet été, et bénéficie d'un partenariat avec la société Intevac qui lui fournira ses machines de production.
     Soulignons de plus la clairvoyance de l'équipe dirigeante quant à sa vision du marché. Contrairement à la tendance générale, Brian et Michael Bartholomeusz souhaiteraient une plus grande entraide entre les différents acteurs de la filière couche mince. A l'heure actuelle, 85% de la production de modules photovoltaïques est toujours détenu par le Silicium cristallin (et le First Solar qui en détient 9% à lui seul...), la compétition pour les fabricants de cellules CIGS n'est donc pas avec leurs semblables mais plutôt avec le silicium. Comme ils le disent si bien "il y a de la place pour tout le monde"!
     L'exemple d'Applied Quantum Technology est démonstratif de l'adaptabilité humaine. L'aventure familiale pourrait en cas de succès redonner espoir aux investisseurs, et accélérer encore la démocratisation du solaire.


- [1] Let's talk about CIGS - http://www.greentechmedia.com/
- [2] Can AQT take a thin-film solar short-cut? - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/1
- [3] Photovoltaic: time is now for pragmatic leadership - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/2
- Applied Quantum technology website, http://aqtsolar.com/
- Discussions avec Brian Et Michael Batholomeusz, fondateurs d'AQT
Le champion américain du solaire Solyndra, condamné au succès?
ADIT

Un champion américain du CIGS
     Lors de son dernier passage en Californie, le président Obama avait choisi le site de la nouvelle usine de Solyndra pour défendre son projet d'introduction d'une loi "climat", vantant au passage la création d'emplois verts et le soutient à cette nouvelle industrie par les mesures gouvernementales du Stimulus Package [1].
     Cette usine, où seront fabriqués les modules solaires tubulaires à base de cellules photovoltaïques de type couche-mince qui sont la signature de Solyndra, est sortie de terre grâce à un prêt de 535 millions de dollars du département de l'énergie (DoE) obtenu un an plus tôt. Les prêts du DoE sont des garanties fournies par le gouvernement de payer la facture si les entreprises n'atteignent pas leurs objectifs. Ils permettent ainsi à ces entreprises de sécuriser des prêts à des taux avantageux auprès des investisseurs institutionnels. Cette usine doit par ailleurs fabriquer 500MW de panneaux par an et employer 1.000 personnes.
     Il semblerait donc que Solyndra soit devenue à la fois la vitrine technologique des clean-techs en Californie, et aussi le fer de lance de la politique de stimulation de l'industrie verte par l'administration Obama. Sur la scène géopolitique mondiale, il devient aussi primordial pour les Etats-Unis de développer des champions des technologies propres pour lutter contre l'influence grandissante de la Chine dans ce domaine [2].

Une ombre au tableau
     Tout cela fait que cette société est aujourd'hui condamnée au succès, mais cela est loin d'être gagné [3]. Tout allait pourtant bien en décembre 2009 lorsque se profilait son introduction en bourse. Le contexte global était bon mais c'est rapidement dégradé depuis. Par ailleurs un audit commandé par le département de l'énergie a récemment mis à jour la montagne de dettes accumulées par la société, ainsi que sa rapidité à dépenser l'argent qui pourrait en deux ans [4]. En effet Solyndra a accumulé 970 millions de dollars d'investissements, et n'a généré pour l'instant que des pertes nettes significatives. Pour ces raisons l'auditeur remet en cause sa capacité de maintenir à flot ses activités. Au final les résultats de cet audit ont été ajouté au dossier d'introduction en bourse et pourraient bien en changer l'issue.
     D'un autre coté la décision d'Obama de faire un arrêt au siège social de cette entreprise prouve que cette dernière a encore un fort capital sympathie à Washington et au DoE. Ce levier pourrait redonner confiance aux investisseurs si son usine se met rapidement à produire des panneaux à une cadence effrénée. Mais cela suffira-t-il?

Solyndra peut-elle gagner avec sa technologie?
     Avant toute chose, rappelons ce qui fait sa spécificité dans le monde du photovoltaïque. La société met au point et produit des panneaux tubulaires contrairement à la concurrence et ses panneaux plats qui peuplent le marché. Les "plaques" de couches minces CIGS sont enroulées et assemblées par 40 dans des panneaux de 1 mètre par 2 mètres. Cette approche originale est source de nombreux avantages à en écouter le Président M.Gronet [5]:
     - Premier avantage lié à la forme des "modules": leur forme cylindrique leur permet de capturer la lumière sous un angle de 360°, récupérant ainsi la lumière diffusée et réfléchie, en plus du rayonnement direct. Les systèmes "suivent" ainsi la trajectoire du soleil, contrairement aux panneaux "plats" qui doivent eux être inclinés pour optimiser la génération d'électricité.

suite:
     - Deuxième aspect, les modules produisent le maximum d'électricité lorsqu'ils sont montés les uns près des autres à l'horizontale. Les panneaux classiques du fait de leur inclinaison induisent des configurations où la perte d'espace utile est importante. Solyndra permettrait ainsi une plus grande couverture des toitures commerciales.
     - Troisième point concernant les frais et la facilité d'installation: la structure des cylindres ne leur donne pas d'accroche au vent, il n'y a donc moins besoin des coûteuses et complexes ballastes qui viennent habituellement maintenir au sol les panneaux plats. Les modules et leurs montures sont rapidement raccordés puis posés directement sur la surface voulue, nul besoin de fixations et adaptation à la structure du toit. Leur grande résistance au vent permet aux modules cylindriques d'être déployés dans une plus grande variété d'environnements.
     - Quatrième argument lié à la température de fonctionnement: les panneaux photovoltaïques ont un bien meilleur rendement lorsqu'ils fonctionnent à basse température, le vent qui circule entre les tubes photovoltaïques permet de refroidir l'ensemble de la construction et ainsi d'augmenter l'efficacité de l'ensemble.
     - Cinquième point, les cylindres sont scellés à leurs deux extrémités par une structure métallique ce qui assure l'étanchéité de l'ensemble, cause fréquente de dégradation accélérée des panneaux.
     Sur le papier, ces tubes semblent donc être la solution idéale. Cependant, cette technologie a bien à l'heure actuelle une limitation: son coût de production. En effet, ce coût qui s'élève à 4 dollars par watt [3] est énorme par rapport à ses concurrents: 85 cents pour Miasolé, 1 dollar pour First Solar, et généralement 66% plus cher qu'un panneau standard en silicium. Ce sont ces coûts de production qui sont pour le moment la cause des pertes de la société et des réserves émises par PriceWater House Coopers, lors de leur dernier audit.
     Néanmoins, le coût de production n'est qu'un élément du tableau. Les coûts d'installations de la technologie cylindrique s'échelonnent de 50 cents à 75 cents quand les autres dépensent plusieurs dollars pour la même intervention. D'autre part, pour une évaluation objective on doit prendre en compte non seulement l'efficacité des panneaux, mais aussi leur durée de vie ainsi que les coûts associés au système dans son ensemble. La meilleure mesure serait celle liée au coût de l'électricité générée par le système durant toute sa vie (en cents par kilowatt heure). Enfin, la production à plus grande échelle de ces cylindres permettrait aussi de réduire les coûts, en passant d'une capacité de production de 54 MW, à une capacité de 110 MW pour la fin de l'année. Mais certains remettent en cause cette économie d'échelle.
     Solyndra a donc encore des pions à avancer qui lui donneraient une victoire à la Pyrrhus. Cependant, en cas d'échec c'est toute l'industrie américaine du solaire qui pourrait être affectée.
- [1] US Government website tracking the spending of the Recovery Act
- [2] Will China eat America's Lunch in Cleantech, TechCrunch January 30. 2010
- [3] Was the DOE Loan Guarantee for Solyndra a Mistake? Eart2Tech, May 27. 2010
- [4] Solyndra auditors cast doubt over solar upstart, Cnet, April 2. 2010
- [5] http://www.solyndra.com/