21 octobre 2010 Empa
Dans une nouvelle étude, les chercheurs
de l'Empa ont établi les écobilans de différents moyens
d'éclairage. Dans cela, ils n'ont pas seulement tenu compte de la
consommation d'énergie mais aussi de la fabrication et de l'élimination
de ces sources d'éclairage ainsi que de différents mix de
courant. Nette victoire pour les ampoules basse consommation.
Depuis le 1er septembre 2009, l'importation
et la vente des lampes à incandescence – les lampes à filament
de tungstène – des classes d'efficience énergétique
F et G sont interdites en Suisse. A cette même date, la Suisse a
aussi souscrit au règlement de l'UE sur l'abandon progressif de
cette source lumineuse énergétiquement inefficace que sont
les ampoules à incandescence. Ce règlement fixe le retrait
du commerce depuis le 1er septembre 2009 des ampoules à incandescence
de 100 Watt, une année plus tard de toutes celles d'une puissance
de 75 et 100 Watt et à nouveau une année plus tard de celles
de 60 Watt; finalement à partir du 1er septembre 2012, plus aucune
de ces ampoules conventionnelles ne sera disponible sur le marché
dans l'UE. Cette réglementation rencontre toutefois une certaine
résistance, les critiques s'adressant principalement aux ampoules
basse consommation – aussi appelées ampoules fluocompactes – auxquelles
les adversaires de cette réglementation reprochent leur teneur en
mercure.
Roland Hischier, Tobias Welz et Lorenz Hilty
du laboratoire «Technologie et société» de l'Empa
ont examiné très en détail différentes sources
d'éclairage actuelles pour déterminer laquelle est effectivement
la plus écologique. Ils ont ainsi évalué quatre moyens
d'éclairage: les ampoules à incandescence, les ampoules halogènes,
les tubes fluorescents et les lampes fluocompactes. Pour cela, ils ont
considéré les flux de matière et d'énergie
sur la totalité de leurs cycles de vie, de la production jusqu'à
l'élimination, en passant par l'utilisation. La charge environnementale
qui en résulte peut se décrire par exemple au moyen de ce
que l'on appelle les «eco indicator points» (EIP). Le nombre
de ces points indique la somme de toutes les nuisances pour la santé
et l'environnement ainsi que la consommation des ressources nécessaires
à la fabrication du produit.
La production et l'élimination ne jouent qu'un rôle
mineur
Premier résultat acquis par les chercheurs
de l'Empa: la part de la charge environnementale due à la production
de ces sources d'éclairage est minime. Si l'on a recours pour son
fonctionnement au mix de courant suisse, la fabrication d'une ampoule à
incandescence n'entre que pour un pour-cent dans le bilan. En comparaison,
l'influence de la production d'une ampoule fluocompacte, soit 15 pour-cent,
est notablement plus élevée mais reste toutefois négligeable
dans ce bilan. La raison de cette «empreinte
écologique» plus importante de l'ampoule fluocompacte
est due aux composants électroniques qu'elle renferme. Pour une
utilisation avec le mix de courant européen, qui comporte une part
plus importante de courant provenant de centrales à charbon polluantes,
ces valeurs dues à la production des ampoules sont encore moins
élevées et n'atteignent plus que 0,3% pour les ampoules à
incandescence et quatre pour-cent pour les ampoules fluocompactes.
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suite:
L'élimination des ampoules n'exerce
pas non plus une grande influence sur leur écobilan. Pour une ampoule
fluocompacte, qui est recyclée au lieu d'être incinérée
avec les ordures ménagères, la charge environnementale de
l'élimination se réduit encore de 15%. Mais même avec
une élimination des ampoules fluocompactes dans des usines d'incinération
des ordures ménagères, les quantités de mercure libérées,
objet des critiques émises sur ces ampoules, demeurent insignifiantes.
La majeure partie du mercure émis dans l'environnement provient
en effet de centrales thermiques utilisant des combustibles fossiles.
C'est ce que montre bien l'exemple d'une centrale
thermique à charbon: suivant qu'elle utilise de la lignite ou de
la houille, une telle centrale électrique émet de 0.042 à
0.045 milligramme de mercure par kilowattheure de courant produit. Avec
une puissance de 1000 mégawatt, une telle centrale émet
de 42 à 45 grammes de mercure par heure. Par contre, depuis 2005,
les ampoules fluocompactes ne doivent pas renfermer plus de cinq milligramme
de mercure au maximum. En d'autres termes, une centrale thermique à
charbon émet par heure autant que mercure qu'en renferment 8.400
à 9.000 ampoules fluocompactes.
Tout dépend de l'utilisation
La charge la plus importante exercée
sur l'environnement est due à l'utilisation des ampoules. Le genre
de courant utilisé joue ici un rôle important: une ampoule
à incandescence utilisant du courant produit par des centrales hydroélectriques
pollue moins qu'une ampoule fluocompacte fonctionnant avec le mix de courant
européen. «Le choix d'un courant produit de façon
respectueuse de l'environnement permet d'obtenir de meilleurs résultats
sur le plan écologique que le simple passage aux ampoules fluocompactes»,
déclare Roland Hischier.
Mais les ampoules fluocompactes présentent
tout de même un avantage écologique. C'est ce que montre la
détermination du «point mort» environnemental, soit
la durée d'utilisation pour laquelle deux ampoules différentes
exercent la même charge globale sur l'environnement. Avec le mix
de courant européen, produit en majeure partie à partir de
supports énergétiques fossiles, l'ampoule à incandescence
et l'ampoule fluocompacte atteignent très rapidement le «point
mort» environnemental, soit après 50 heures, du fait de la
consommation de courant élevée de l'ampoule à incandescence.
Avec le mix suisse, ce point est atteint après 187 heures. Avec
une durée de vie moyenne de 10.000 heures pour les ampoules fluocompactes
– comparée aux 1.000 heures d'une ampoule à incandescence
– l'achat d'une telle ampoule est donc très rapidement «écologiquement»
amorti.
Informations bibliographiques complètes
«Environmental impacts of lighting technologies – Life cycle
assessment and sensitivity analysis», T. Welz, R. Hischier, L. Hilty,
Environmental Impact Assessment Review, paru en ligne le 12 octobre 2010,
http://www.elsevier.com/ |