BORDEAUX (AFP)
Utiliser le courant de la Garonne en implantant des hydroliennes sous un pont pour produire jusqu'à 20% de l'électricité destinée à l'éclairage public de Bordeaux est le projet porté par deux océanographes. "Nous espérons que quelques amendements du projet de loi du Grenelle II, porteront, de près ou de loin, sur l'émergence des énergies renouvelables marines", explique Marc Lafosse, dont le bureau d'études est à l'origine de ce projet depuis novembre 2008. En effet, la filière hydrolienne est aujourd'hui en pleine émergence mais la France accuse déjà un certain retard par rapport à la concurrence internationale, affirme-t-il. "L'enjeu écologique est évident: où trouverons-nous les 23% dénergies renouvelables que nous nous sommes engagés à produire dici 2020 si nous ne jouons pas sur toute la gamme (y compris lénergie des courants et des marées qui peut mettre en mouvement des turbines +hydroliennes+)?", soulignait récemment sur son blog Alain Juppé, le maire UMP de Bordeaux. "Nous nous sommes intéressés au potentiel de la Garonne à Bordeaux qui est très important grâce au pont de Pierre", estime Marc Lafosse, ancien champion de France de natation qui connaît très bien ce fleuve pour organiser chaque année sa traversée à la nage. "La diminution de la largeur du fleuve, induite par les quinze piles du pont de Pierre, engendre un effet entonnoir où le courant de la Garonne s'accélère, passant de 2 à 3,5 m/s", selon lui. A terme, il estime qu'équiper dix des quinze arches de cet ouvrage du XIXe siècle permettrait de produire 5 gigawatts/heure annuel" soit l'équivalent d'environ 20% des besoins de l'éclairage public de la ville. (suite)
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Cet océanographe, qui travaille de concert avec son collègue Jérôme Cougoul, ne tarit pas d'éloges sur les avantages de l'énergie hydrolienne. "Elle est inépuisable et prédictible, la marée étant connue cent ans à l'avance. De plus, les hydroliennes ne se voient absolument pas car elles sont sous l'eau" contrairement aux éoliennes souvent pointées du doigt pour leur impact paysager, explique M. Cougoul. Par ailleurs, le raccordement au réseau électrique, qui passe sur les quais de la Garonne à quelques mètres du pont de Pierre, ne nécessitera pas de nombreux kilomètres de câblage, un atout lorsqu'on sait que le km de câblage offshore s'élève à environ 500.000 €. L'objectif de ce site d'essais est également de comprendre et d'étudier les réactions de l'environnement marin face à ces hydroliennes, "les pâles tournent lentement, limitant les impacts faunistiques notamment", estime l'océanographe. En raison du manque de recul concernant l'énergie hydrolienne, le projet porté par le bureau d'études "énergie de la lune" est d'installer d'ici 2011 un site d'essais, comprenant deux plateformes sous-marines fixées sur le fond de la Garonne afin d'y accueillir deux hydroliennes en permanence. Chaque démonstrateur permettra d'effectuer des essais de moyenne à longue durée (6 mois à 2 ans) et "les réponses obtenues permettront de lancer l'industrialisation de la filière", affirme M. Lafosse, qui espère que son projet sera retenu comme site expérimental national. |