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2010
Grosse fuite de méthane dans l'atmosphère depuis l'océan Arctique

ADIT, mars
WASHINGTON (AFP)

     Le fond de l'océan Arctique libère du méthane, un puissant gaz à effet de serre, à un rythme plus élevé que ne le pensaient les experts, ce qui pourrait aggraver le réchauffement climatique, selon une étude publiée jeudi dans la revue Science.
      "Cette découverte met en évidence une source de méthane importante mais jusqu'ici négligée provenant du permafrost (le sol gelé en permanence, ndlr) situé sous l'eau, plutôt que sous les terres", écrivent les auteurs de l'étude, qui soulignent que "ces émissions risquent d'avoir à l'avenir un effet dramatique sur le réchauffement climatique".
     Cette équipe de recherche internationale sous la direction de Natalia Chakhova et Igor Semiletov, de l'université de Fairbanks en Alaska, a étudié entre 2003 et 2008 les eaux du plateau arctique de Sibérie orientale, qui couvrent plus de deux millions de km2 dans l'océan Arctique.
     De précédentes études effectuées en Sibérie s'étaient plutôt concentrées sur le méthane s'échappant sous l'effet du dégel du permafrost situé sur le continent.
     Les scientifiques ont en effet longtemps considéré que le permafrost situé sous l'océan Arctique constituait une barrière infranchissable pour le méthane, un gaz dont l'effet de serre est trente fois supérieur à celui du CO2.

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     Mais les observations de l'équipe de l'université de Fairbanks montrent que le permafrost sous-marin est perforé et laisse échapper de grandes quantités de méthane.
     Plus de 80% des eaux en profondeur et plus de la moitié des eaux de surface étudiées présentaient un niveau de méthane environ huit fois supérieur à la normale, selon l'étude.
     Or, même si seule une fraction du méthane stocké dans le plateau continental est libéré, l'effet peut être très important en matière de réchauffement climatique, mettent en garde les chercheurs.
     "Le permafrost situé sous le fond de l'océan contient de grandes quantités de carbone et les experts craignent que le méthane qu'il libère ne conduise à la hausse des températures atmosphériques, entraînant par un cercle vicieux la libération d'une plus grande quantité de méthane du permafrost et un réchauffement plus important", expliquent les auteurs.
     La concentration actuelle moyenne de méthane dans l'Arctique est d'environ 1,85 partie par million, soit la plus élevée depuis 400.000 ans, souligne Natalia Chakhova.
     Sa concentration au-dessus du plateau arctique de Sibérie orientale est encore plus élevée et le permafrost situé sous l'océan "montre déjà des signes d'instabilité", indique Mme Chakhova.
     "S'il continue à se déstabiliser, les émissions de méthane (...) seront beaucoup plus importantes".