CONTROVERSES ENERG...ETHIQUES !
Energies renouvelables, environnement-écologie, développement...
FLASHES 2013
La Lettre du Solaire
, Vol 13 N°1
Cythelia
Janvier-mars
EXTRAIT:
Editorial
Le débat sur la transition énergétique
     Un débat a pour objectif d’échanger des informations, des arguments, des propositions. Le débat est l’étape préalable à la décision: si elle est collaborative et ouverte, elle permet plus facilement d’adhérer à la décision. Mais quelle est la décision à prendre?
     Il nous semble admis que la décision porte sur la nécessité, d’une part de diminuer notre consommation d’énergie, en particulier celle issues de ressources fossiles, et d’autre part de modifier les sources de production en augmentant la part des énergies renouvelables.
     Globalement, les avantages sont connus mais pas toujours quantifiés précisément: compétitivité, création d’emplois, indépendance énergétique, balance commerciale, diminution des émissions de GES,...
     Il y a déjà eu des annonces sur cette décision. François Hollande a communiqué une partie de la décision, en donnant l’objectif de 50% d’électricité d’origine nucléaire dans le mix énergétique. La transition écolo-énergétique a été affichée comme une priorité; la troisième révolution industrielle est annoncée. Mais concrètement que s’est-il passé depuis 6 mois? La loi Brottes pas votée, la transition énergétique, un discours, la création de la BPI, un nouveau tarif en photovoltaïque mais pas de modification de la Programmation Pluriannuelle des Investissements! Examinons plus en détail certains de ces points.
     La loi Brottes sur le bonus-malus du prix du kWh a été massacrée par le Sénat: elle n'est pas encore votée, elle sera décalée d’un an puisque les effets prix ne démarreront qu’en 2015, elle porte sur des niveaux d’augmentation de prix vraiment très faibles: 0.3 c€ maxi pour la tranche comprise entre le volume de base et le triple de ce volume, soit une augmentation d’ici 3 ans de l’ordre de 3 à 5% - malus qui a été refusé par les sénateurs. Ce montant est à comparer par exemple à l’annonce de la CRE sur une augmentation des tarifs de l’électricité de 30% en 5 ans. D’ailleurs cet écart de tarif de 0.3 c€ est inférieur à l’écart constaté sur le gaz entre le nord et le sud de la France (source: CRE). Où est donc le problème? En attendant, est reportée sine die la mise en place du service public de la performance énergétique de l’habitat, l’effacement de consommation, les solutions vis-à-vis de la précarité énergétique et la simplification dans l’éolien terrestre. Or le premier point est vraiment intéressant puisqu’il s’agit d’organiser pour les particuliers une aide à la décision - objective et indépendante des lobbies - d’investir dans les économies d’énergie. Cette structure existe déjà: c’est le réseau des Espaces Info Energie.
     La feuille de route pour la transition écologique, issue de la «conférence environnementale pour la transition écologique» de septembre de 2012, présentait, je cite,  «un plan de rénovation thermique ambitieux sera engagé (...). Il sera applicable début 2013». Les entreprises attendent ... et aussi la création d’emplois. Cela représente beaucoup d’acteurs: actuellement se déroulent en même temps à Lyon huit salons professionnels regroupés sur le thème de la transition énergétique représentant plus de 600 exposants.
     La BPI nous semblait pouvoir jouer un rôle pour la transition énergétique, ce qui avait été annoncé lors de la dite conférence: «La BPI sera la banque de la transition énergétique, tournée vers les entreprises, dans les domaines de la rénovation thermique et de la maîtrise de la demande d’énergie».
     Sur le site du ministère on ne parle plus du financement de la transition car dans les missions de la BPI, il est précisé: «Investir dans le développement des secteurs stratégiques d'avenir, comme la conversion numérique, écologique et énergétique de l'industrie,... ». Les interviews récents de Jean-Pierre Jouyet président et Nicolas Dufourq DG n’abordent pas ce thème. Or la BPI sait aller vite quand elle veut, pour preuve la mise en place du préfinancement du CIR.
suite:
     On est bien loin du grand chantier de la rénovation annuelle de 400.000 à 1 million de logements fortement créateur d’emplois. Qu’est-ce qui freine?
- Le financement? Les problématiques de financement ont été abordées par le Plan Bâtiment Grenelle au sein d’un groupe de travail «Financements Innovants de l’Efficacité Energétique»: son rapport mis en ligne récemment contient 41 propositions, dont la création d’un véhicule de refinancement.
- L’offre? Certaines entreprises ou groupements d’entreprises innovantes ont déjà élaboré une offre globale distincte d’une offre par corps d’état ou par type de matériel: permettons à ces pionniers de travailler, en particulier sur le patrimoine public.
- La formation et la qualification? Osons renforcer réellement le niveau d’exigence pour éviter les contre-exemples et les bulles: cela donnera un message de confiance aux maîtres d’ouvrage privés et permettra de valoriser les bonnes pratiques, y compris dans les appels d’offre de marchés publics.
- Le nouveau tarif PV (voir les articles sur le ce thème dans les pages suivantes) et le déploiement des centrales au sol? Est-il pertinent pour la nation de consacrer des espaces non agricoles pour produire du kWh dont le coût (en CGA) est de l’ordre de 9 à 10 c€, localisé en bout de réseau? Avec un tarif d’achat à 11 c€, l’investissement était rentable. Mais alors pourquoi être brutalement passé de 10 à 8 c€? A 10 c€, le kWh est compétitif par rapport à l’EPR, et investir 8,5 Md€ (le coût actuel d’un EPR) permettrait d’installer 4,2 GWc produisant à un coût inférieur à l’EPR? Où est le problème? Dans le fait d’acheter les modules à l’étranger? Dans le fait que c’est trop demander à la  CSPE? Dans le fait que l’intermittence de production pose problème au réseau?
     Le débat est l’occasion d’élaborer de façon objective et indépendante des simulations technico-économiques et de comparer les choix.
     Comment peut-on débattre si la connaissance n’est pas partagée? Où sont les informations sur les retours d’investissement pour la nation? Si la rénovation dans le tertiaire permet la création de 300.000 emplois, combien cela rapporte par ailleurs en réduction de coûts pour le pays? Le travail comparatif réalisée par la commission "Energie 2050" a bien analysé les scenarios en terme de mix énergétique, mais pas en termes globaux (avantages / inconvénients / coûts): cela reste à faire, c’est la recommandation n°2: «pour chaque décision de politique énergétique, évaluer le coût et l’effet sur les fiances publiques, sur la balance commerciale, sur les émissions de CO2, et sur l’emploi». Il s’agit bien maintenant d’alimenter le débat en fournissant de manière transparente des scenarios macro-économiques prenant en compte des coûts induits actuels et futurs.
     Où est la résistance au changement? Au niveau des buts ou au niveau des moyens? Chez les acteurs en place? Au niveau des moyens politiques, à cause d’une austérité à venir, qui empêcherait par exemple la dotation en capital d’un fonds, ou bien de remonter le taux du crédit d’impôt développement durable (CIDD) en distinguant les réelles opérations de rénovation des investissements d’aubaine?
     D’après Philippe Pelletier, responsable du Plan Bâtiment Durable (ex Grenelle), les arbitrages de moyens sur le plan seront réalisés d’ici la fin février. Nous attendons avec impatience les décisions d’actions et les moyens mis en place.
ARo
CYTHELIA sarl
Editeur: Alain Ricaud
Rédaction: Mamadou Kane