Les Etats de l'UE refusent de débourser davantage pour financer ITER. La Commission devra ponctionner d'autres budgets de recherche. L'Europe se présentera-t-elle les poches
à moitié vides au prochain conseil international ITER, le
projet de réacteur à fusion thermonucléaire? C'est
ce que laissent présager les conclusions du Conseil européen,
adoptées hier en point A (sans débat) par les 27 ministres...
de l'Agriculture et de la Pêche. Le texte reflète surtout
des divergences majeures entre les Etats membres, la Commission et le Parlement
sur la question du financement. Il préconise, en guise de compromis,
un redéploiement du budget communautaire de recherche et de développement.
Ce qui est loin d'être gagné.
Un gouffre financier
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L'Europe divisée Ce nouveau gonflement budgétaire a fait sortir l'Allemagne de ses gonds. Rincée par la crise financière et la déroute de la Grèce, elle s'est opposée en mai dernier à ce que les Etats membres financent le surcoût, comme le suggérait une note de la Commission soutenue par Paris. L'Angleterre, l'Autriche et la Suède ont rejoint la position allemande. Pour ces pays, l'exécutif européen devra trouver l'argent ailleurs. Or, l'Europe doit s'expliquer sur sa contribution lors du conseil ITER du 27 juillet. Pour sortir de l'impasse, la présidence espagnole de l'UE a mis sur pieds une task force, dont les conclusions ont été adoptées hier par le Conseil. Que disent-elles? L'Allemagne a obtenu que la contribution totale de l'Europe soit réduite à 6,6 millions €. Quant au surcoût de 1,4 milliard €, la Commission devra présenter une proposition "en temps voulu", peut-on lire, "et reposant avant tout sur un redéploiement de la rubrique 1A" (Recherche et Développement) où elle pourra réaliser "des ajustements". Concrètement, la Commission devra ponctionner d'autres programmes de recherche. Le passage, en plus de déplaire à l'exécutif européen, fait bondir au Parlement. "Tout le monde sait que c'est infaisable. La marge budgétaire de cette rubrique est de 50 millions €", explique un expert du Parlement européen. "Cela risque de remettre en cause la recherche sur les énergies renouvelables et sur Galileo. On imagine mal sacrifier ces programmes pour ITER!". Voilà qui présage une belle empoignade. L'approche du Conseil devrait se heurter à celle du Parlement européen, dont la commission du budget a rappelé à maintes reprises que la rubrique 1A est sous-financée. Certains députés plaident aussi pour un arrêt pur et simple ou une suspension du projet. A côté de ces difficultés budgétaires, les débouchés industriels de la fusion restent incertains. A ce jour, le processus a produit de l'énergie durant une seconde lors d'une expérience. La difficulté est de contenir la fusion, dont la seule application connue depuis quarante ans est la Bombe H. (voir aussi: ADIT) |