Auteur: Eljas Repo
Sur une admirable presqu'île du littoral maritime de la Finlande de l'Ouest, le réacteur nucléaire en construction sera le plus grand du monde. Il aura une puissance de 1.600 mégawatts sur le site d'Olkiluoto, dans la commune d'Eurajoki. Les travaux de construction ont débuté en 2005 mais le projet ne progresse pas comme prévu initialement; le retard, on le sait, sera d'au moins deux ans. Olkiluoto et ses trois centrales nucléaires. Les deux, à droite, ont été construites dans les années 1970. La centrale située plus près du littoral est une manipulation d'image de l'OL3 l'achèvement de sa construction est prévu pour 2011. La compagnie finlandaise TVO a passé
la commande de la centrale d'Olkiluoto ou OL3 comme on l'appelle dans le
projet. Sa construction a été confiée à un
consortium formé par le français Areva et l'allemand
Siemens.
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Le discours du commissaire à l'énergie a été accueilli avec plaisir en Finlande, car les autorités n'avaient pas fait les louanges d ce projet de construction. Le Centre finlandais de radioprotection et de sûreté nucléaire a rapporté, durant le projet de construction, l'existence de nombreuses anomalies tant sur le plan de la qualité que du fonctionnement; en conséquence, le calendrier de réalisation du projet connaîtra des retards. L'estimation actuelle prévoit que l'achèvement de la centrale en 2011, c'est à dire deux ans plus tard que prévu; Areva devra probablement verser des pénalités de retard considérables. La technologie de la nouvelle centrale de la troisième génération est celle d'un réacteur à eau pressurisée et le modèle celui du réacteur pressurisé européen (EPR). La centrale aura une puissance de 1600 MW. La turbine à vapeur qui l'équipera sera la plus grande dans le monde. Le parc nucléaire finlandais compte quatre centrales en activité. Les deux situées à Loviisa sont gérées par la compagnie Fortum; les deux autres, à Olkiluoto, sont gérées par TVO. Toutes ont été construites dans les années 1970. Contrairement aux autres pays occidentaux, la décision d'avaliser la construction d'une centrale nucléaire a vu le jour, en Finlande, dans les années 2000. Le Premier ministre d'alors, Paavo Lipponen, qui entretenait de bons rapports avec l'industrie et voyait le nucléaire d'un bon œil, avait influé dans ce sens. Depuis son retrait de la vie parlementaire, le printemps dernier, Lipponen a relevé de nouveaux défis. La surprise est venue en août 2007, lorsque l'ancien Premier ministre puis président sortant de l'Eduskunta a annoncé son intention de se faire consultant à temps partiel près la compagnie d'énergie Pohjolan Voima. Ce travail, selon Lipponen, absorbera «quelques jours par mois» et lui offrira «la possibilité d'exercer son influence sur les décisions internationales sur le climat et l'énergie». L'expérience que possède Lipponen dans l'art de négocier sera utile lorsque TVO, filiale de Pohjolan Voima règlera ses comptes avec les fournisseurs français de la centrale nucléaire; ou encore lorsqu'elle demandera le permis de construire une nouvelle centrale nucléaire. Le gouvernement conduit par Matti Vanhanen s'est mis au travail le printemps dernier, au lendemain des élections parlementaires. Dans le programme gouvernemental, un bref signal a été donné, le 19 avril 2007, indiquant que la construction d'une nouvelle centrale nucléaire était envisageable ou, pour reprendre les termes exacts: «Aucune forme de production non génératrice de déchets ou génératrice de peu de déchets ou encore neutre sur le plan des déchets, durable et rentable en terme de structure des coûts, ne doit être exclue ; toutes les formes d'énergie, au contraire, doivent être évaluées dans l'intérêt global de la société.» Les compagnies d'énergie ont réagi rapidement. Un mois après la publication du programme gouvernemental, le ministère du Commerce et de l'Industrie a reçu de TVO une étude préliminaire, relative aux projets de centrale pour une nouvelle capacité supplémentaire de 1.000 à 1.800 MW. Une autre proposition est venue de la compagnie boursière Fortum, dont l'État détient 50%. Et puis, il y a une troisième demande relative à une centrale nucléaire; elle émane de la nouvelle entreprise Fennovoima, derrière laquelle on trouve le géant européen de l'énergie E.ON. Celui-ci ne détient, il est vrai, qu'un tiers de Fennovoima, les autres actionnaires étant les sociétés industrielles Outokumpu et Bolide ainsi que des compagnies d'énergie locales. Le Conseil des ministres et l'Eduskunta devrait examiner le nouveau projet de centrale nucléaire durant la législature en cours, c'est à dire avant que la nouvelle centrale d'Olkiluoto ne reçoive l'autorisation nécessaire à sa mise en service. Les compagnies d'énergie aspirent à ce qu'une sixième centrale nucléaire finlandaise - voire une septième - démarre en 2016-2018. |
Angela Steen - Finlande - 8.2.2008
Reportage Olkiluoto, c'est le petit nom donné au premier réacteur construit en Europe depuis la catastrophe de Tchernobyl. En route pour la Finlande, dans les entrailles de cette structure de béton. Les employés de la centrale nucléaire (Photo: Angela Steen) Au loin, des rangées de vignes au bord
d'une forêt. Le vert profond se dessine sur un ciel bleu. Il y a
une légère brise. On pourrait se croire en France sauf qu'à
l'horizon, deux énormes structures de béton et des grues
rouges surplombent les vignes. Nous sommes loin de la carte postale d'un
paysage ensoleillé du Bordelais. Bienvenue à Olkiluoto, la
plus grande centrale nucléaire de Finlande, là où
les vignes sont irriguées par l'eau du circuit de refroidissement
de la centrale. Je suis toujours partante pour un verre de vin. Aujourd'hui
je résisterai à la tentation....
Un réacteur grand comme 27 terrains de foot
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Le design finlandais ne fait pas oublier les structures
rouges construites dans les années 70 qui se dressent par la fenêtre.
Il n'y a ni ouverture, ni bruit, pas même d'énormes cheminées
fumantes comme à la centrale qui emploie Homer
Simpson, à Springfield. Une évidence quand on entend
l'argument de vente de l'énergie nucléaire, à savoir,
l'absence de gaz à effet de serre émis par la production
de cette électricité. Il reste seulement un "petit" problème:
celui des déchets radioactifs. Mais aujourd'hui, à en croire
mes oreilles, tout semble réglé.
Des déchets biodégradables... Anneli Nikula Photo, Angela Steen Cette question a été au centre des débats lors de la construction d'Olkiluoto 3. Les piscines noires ne devaient être que des décharges temporaires pour les milliers de tonnes déchets que les deux premiers réacteurs ont déjà produits. Mais le troisième réacteur devait en ajouter d'autant plus. Il n'y avait qu'une solution: l'enfouissage. «Les déchets sont enterrés ici», continue Anneli Nikula alors qu'un bus de la centrale nous conduit à travers des tunnels. 500 mètres sous la couche rocheuse, nous pouvons voir les coffres de cuivre qui contiennent des déchets hautement radioactifs. Un message d'information est accroché à la paroi grise: «Les substances radioactives ne peuvent pas contaminer la nature», disent les panneaux. Un peu plus bas, il est ajouté que «la radioactivité des déchets disparaît assez rapidement», et enfin «en quelques siècles». Fraggle Rock? Photo, Angela Steen Au moment de partir, nous devons faire la queue devant une énorme machine argentée, en se collant à un panneau qui détecte toute exposition à des radiations. Un ingénieur devant son ordinateur indique d'une voix mécanique à la fin de chaque scanner: «Pas de contamination». Je rends mon casque.... Je prendrais bien un petit coup à boire, moi! Voir le dossier sur: http://www.cafebabel.com/fr/dossier.asp?id=274 |