La Commission Européenne
a déclenché mercredi 4 juin le système d'alerte européen
sur les risques radioactifs (ECURIE) après un incident dans une
centrale nucléaire à Krsko en Slovénie. Cette alerte
a été communiquée à la presse, et a fait l'objet,
dès 19h48, d'une dépêche AFP.
Bien que la Commission ait précisé,
dans son communiqué, que «pour l'instant aucune fuite dans
l'environnement n'a été identifiée», cette
information a entraîné de nombreuses demandes d'explications
de la part de la presse française auprès de l'IRSN.
Le système d'alerte ECURIE a été
créé par l'Union Européenne en 1987 après l'accident
de la centrale de Tchernobyl. Il permet un échange d'informations
entre les Etats membres «en cas d'accident nucléaire majeur
et d'urgence radioactive». L'Autorité de Sûreté
Nucléaire (ASN), en tant qu'autorité compétente, est
partie prenante de ce système. Comme l'a précisé le
porte-parole de la Commission Européenne pour l'Energie, Mr Serran
Tarradellas, c'est la première fois qu'une telle information a été
rendue publique au niveau européen.
Explication de l'incident
La centrale de Krsko en Slovénie est
un réacteur à eau pressurisée de type Westinghouse
comportant deux boucles de circulation d'eau, d'une puissance électrique
de l'ordre de 650 MWe. Sa mise en service a eu lieu en 1981. Sa conception
est similaire à celle des réacteurs à eau pressurisée
français, et son niveau de sûreté est comparable aux
réacteurs européens équivalents (cf. Rapport WENRA
sur la sûreté des centrales nucléaires dans les pays
candidats à l'Union Européenne). Le réacteur a fait
l'objet d'une modernisation en 2000. |
Le mercredi 4 juin 2008 à 15h07, une
fuite du circuit primaire de refroidissement du cœur du réacteur
de la centrale de Krsko est survenue alors que le réacteur fonctionnait
à pleine puissance. Cette fuite, située à l'intérieur
de l'enceinte de confinement, était de l'ordre de 2,4 m3/h. Les
équipes de conduite ont baissé la puissance du réacteur
et mis celui-ci à l'arrêt. Après vérification
de l'exploitant, l'origine de la fuite a été localisée
au niveau des pompes primaires de circulation du circuit primaire. La fuite
étant confinée dans le bâtiment du réacteur,
il n'y a pas eu de rejet dans l'environnement.
Dans ce type d'incident, le refroidissement
du cœur du réacteur n'est pas affecté car la fuite peut être
compensée par le circuit normal d'appoint en eau au circuit primaire,
et ceci jusqu'au repli de la tranche dans un état d'arrêt
à froid à basse pression et basse température. De
ce fait, les systèmes de sauvegarde de l'installation n'ont pas
été sollicités; en particulier le système d'injection
de sécurité représenté sur le schéma
(1) n'a pas été utilisé.
En France, des fuites aux joints des pompes primaires
sont survenues sur la tranche 1 de la centrale de Cruas (fuite de 13 m3/h
le 23 avril 1986) et sur la tranche 2 de la centrale de Tricastin (fuite
de 20 m3/h le 1er juillet 1991). Ces incidents ont conduit à
la mise en œuvre d'actions correctives au niveau des joints des pompes
primaires. |