La centrale nucléaire
de Chalk River est le plus grand producteur mondial d'isotopes médicaux,
utilisés notamment pour traiter le cancer. Or, sa fermeture a engendré
une pénurie, et contraint le gouvernement à adopter une loi
d'urgence pour forcer la réouverture de la centrale.
Hugo de Grandpré La Presse Ottawa Photo PC Le niveau de risque du réacteur nucléaire
de Chalk River était 1000 fois plus élevé que ce qui
est permis par les normes internationales, a affirmé hier l'ancienne
présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire,
Linda Keen.
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Crise médicale
Cette prétention va elle aussi à l'encontre de la position du gouvernement. Il y a quelques jours, le ministre Lunn a justifié sa décision en disant que la décision de Mme Keen de garder Chalk River fermé a plongé le monde entier dans une crise médicale, qui a failli coûter la vie à plusieurs patients. La centrale nucléaire est le plus grand producteur mondial d'isotopes médicaux, utilisés pour traiter le cancer, notamment. Or, sa fermeture a engendré une pénurie, et contraint le gouvernement à adopter une loi d'urgence pour forcer la réouverture de la centrale. «Dépassé les limites» À l'instar des partis de l'opposition, Mme Keen a plaidé en faveur d'une enquête indépendante sur son congédiement. Selon elle, son renvoi, de même que certaines décisions du gouvernement dans les semaines précédentes, constituent une ingérence politique claire. «Les appels téléphoniques du ministre du 8 décembre, un samedi, à mon domicile, et les lettres subséquentes du 10 décembre, qui me demandaient de justifier mes actions, ont été faits au moment où la commission était saisie du dossier d'AECL», a-t-elle dit. «Dans ce cas-ci, on a dépassé les limites de ce qui est acceptable pour un ministre», a tranché l'ex-présidente. La voix parfois tremblante d'émotion, Mme Keen a raconté qu'elle était sous le choc lorsqu'un employé du Conseil privé lui a téléphoné chez elle le soir de son congédiement, pour lui dire qu'une lettre lui serait envoyée sous peu. Elle venait tout juste de revenir de son bureau, où elle préparait le témoignage qu'elle devait livrer le lendemain devant le comité des ressources naturelles - témoignage qui a finalement été reporté à hier. Deux autres invités Ce comité avait deux autres invités de marque hier: Sheila Fraser et Tony Clement. Le ministre de la Santé a réaffirmé la position de son gouvernement et ajouté que son ministère avait agi le plus rapidement possible. Il a ajouté qu'un nouveau protocole avait été adopté pour éviter qu'une situation semblable ne se reproduise. La vérificatrice générale, quant à elle, a déclaré que la mise en garde contenue dans son rapport de septembre dernier, envoyé au ministre Lunn, n'avait rien à voir avec les déficiences qui ont mené à la fermeture de la centrale. Cette mise en garde a récemment été utilisée par les partis d'opposition pour affirmer que le gouvernement était depuis longtemps au parfum et qu'il aurait pu éviter la crise. Par ailleurs, Mme Fraser a précisé qu'elle ne s'était pas penchée sur le dossier du congédiement de Mme Keen. «Mais cela soulève clairement des questions sur l'indépendance des organismes de réglementation», a-t-elle déclaré. Voir également: http://www.ledevoir.com/2008/02/02/174373.html |