CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2009
septembre
Japon: l'usine de retraitement nucléaire ne démarre plus
ADIT

     La société Japan Nuclear Fuel sue à grosses gouttes sur les procédés de vitrification des déchets nucléaires. Faute d'avoir abouti sa technique, elle diffère encore d'un an le lancement prévu de l'usine.
     Et de dix-sept. L'usine de retraitement de déchets nucléaires de Japan Nuclear Fuel devait être mise en service ce mois d'août, après avoir validé les ultimes étapes techniques. Finalement, le démarrage est reporté, pour la dix-septième fois depuis juillet 2007, au mois d'octobre 2010. En cause, les dernières phases d'essais qui concernent la vitrification. Des procédés ultra-complexes, qui lui posent de graves difficultés. L'usine, située à Rokkasho (nord), a été construite en partenariat avec le groupe français Areva sur le modèle de celle que ce dernier exploite à La Hague. Tout y est semblable, ou presque. Et c'est sur ce presque que le bât blesse. La dernière étape de vitrification est différente, les Japonais ayant souhaité exploiter leur propre principe, lequel se révèle pour le moment inabouti.
     Le projet japonais s'est beaucoup inspiré de La Hague, puisqu'il a racheté une grande partie des technologies estampillées Areva. Deux technologies très pointues sont maîtrisées par l'usine de retraitement française.
     La première concerne le moment où le combustible usé est acheminé par wagon blindé, avec des lamelles pour évacuer la chaleur. D'horizontal, le container de combustible usé est mis en position verticale, et abouché à un plancher. Ce plancher d'environ un mètre d'épaisseur sépare dans une salle spécifique une sorte de «rez-de-chaussée» d'un «premier étage».
Au rez-de-chaussée, le haut du container vient s'aboucher au plancher, tandis qu'au premier étage, un bouchon se dévisse pour permettre de récupérer le combustible. Un refroidissement à sec, sans eau, est alors opéré: de 500 degrés Celsius, le combustible est ainsi refroidi à 60 degrés entre 10 et 20 secondes. Cette technologie a été transférée à JNFL par Areva.
     La deuxième technologie concerne la vitrification, des plus complexes, et pour laquelle la société japonaise a choisi de développer ses propres méthodes. JNFL a détaillé lundi un nouveau plan de travail et un échéancier de tests pour venir à bout de ses malheurs, avouant qu'elle faisait également appel à des expertises extérieures. Sa technique de vitrification, qui avait fonctionné en laboratoire, est encore loin d'être fiabilisée à grande échelle, selon un familier du dossier contacté par l'AFP. Une fois entrée en activité, l'usine permettra de créer, à partir de combustible radioactif usé, un mélange vitrifié d'oxydes de plutonium et d'uranium. Ce matériau peut être ensuite transformé en combustible MOX: une usine spécifique de fabrication de MOX doit d'ailleurs être construite à proximité par la même société Japan Nuclear Fuel (JNFL). Mais pour l'instant, elle mange son chapeau.
AFP
Japon: l’impossible démarrage d’une usine de retraitement nucléaire

TOKYO — La société Japan Nuclear Fuel (JNFL) a annoncé lundi un énième report du démarrage de l'usine de retraitement de déchets nucléaires qu'elle a construite au Japon avec le groupe français Areva, en raison de graves difficultés concernant les procédés finaux ultra-complexes.
     La validation des techniques puis la mise en service de l'usine étaient prévues pour ce mois d'août après près d'une quinzaine de reports successifs depuis le lancement des travaux.
     Ces étapes sont désormais différées de plus d'un an, au mois d'octobre 2010, selon un porte-parole de JNFL.
     "Nous continuons de privilégier la sécurité devant le calendrier", a justifié la direction de l'entreprise.
     JNFL avait longtemps promis de faire démarrer son site mi-juillet 2007 après avoir effectué des campagnes expérimentales poussées, mais les dernières phases d'essais, qui concernent la vitrification, sont très problématiques. De ce fait, les reports s'enchaînent depuis deux ans sans que soient réglés les soucis.
     JNFL a détaillé lundi un nouveau plan de travail et un échéancier de tests pour venir à bout de ses malheurs, avouant qu'elle faisait également appel à des expertises extérieures.
     L'usine, située à Rokkasho (nord), a été construite en partenariat avec le groupe français Areva sur le modèle de celle que ce dernier exploite à La Hague. Toutefois, la dernière étape de vitrification est différente, les Japonais ayant souhaité exploiter leur propre principe, lequel se révèle pour le moment inabouti.
     Il n'est pas rare que les Japonais, pourtant très attachés au respect des dates, prennent un luxe de précautions sur des sujets sensibles pour éviter de susciter des craintes dans l'opinion publique, surtout lorsqu'il s'agit de questions atomiques, un domaine à manipuler avec précaution dans le seul pays à avoir subi un bombardement nucléaire.
     En l'occurrence, cette prudence s'impose car la technique de vitrification en question, qui avait marché en laboratoire, est encore loin d'être fiabilisée à grande échelle, selon un familier du dossier.
     Lorsqu'elle entrera en activité, cette usine permettra de créer, à partir de combustible radioactif usé, un mélange vitrifié d'oxydes de plutonium et d'uranium. Ce matériau sera ensuite transformé en combustible MOX exploitable dans une partie des réacteurs.
     Une usine spécifique de fabrication de MOX doit aussi être construite à proximité par la même société Japan Nuclear Fuel (JNFL).
     Toutefois, sa mise en chantier et son démarrage ont également été différés. Le premier coup de pioche devait initialement avoir lieu en octobre 2007, pour une entrée en exploitation en octobre 2012. Finalement, la construction ne débutera qu'en novembre prochain et l'usine ne devrait être prête que mi-2015.
     Cette dérive de calendrier est cette fois due à diverses mesures de précaution supplémentaires qui modifient grandement le projet, notamment pour renforcer les dispositifs parasismiques prévus.