CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2009
juin
Energie nucléaire ou renouvelable: l'heure du choix pour Madrid
ADIT, http://www.romandie.com/

MADRID- ©AFP / 10 juin 2009

     Défenseur des énergies renouvelables, le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero va devoir trancher clairement pour ou contre le nucléaire, en décidant de l'avenir de la plus vieille des centrales nucléaires du pays.
     Le gouvernement espagnol doit annoncer avant le 5 juillet s'il décide de fermer ou bien de prolonger pour dix ans la centrale de Garoña (nord), en fonctionnement depuis 1971.
     Ce site sera le premier en Espagne à accomplir, en 2011, les 40 ans de service prévus avant une mise à la retraite.
     L'exploitant, Nuclenor --société commune des groupes d'électricité Iberdrola et Endesa-- a réclamé une prolongation de dix ans en arguant du fait que la centrale remplissait les normes de sécurité.
     Le choix obligera Zapatero à prendre clairement position pour ou contre la poursuite de l'expérience nucléaire espagnole. Le ministère de l'Industrie a souligné qu'avant de prendre une décision "toutes les alternatives" serait examinées.
     Un feu vert pour le site ouvrirait la voie au prolongement de l'activité des cinq autres centrales que compte le pays tandis qu'un refus officialiserait le retrait progressif de l'Espagne de la filière nucléaire.
     M. Zapatero a rappelé mardi qu'il accomplirait sa promesse électorale de fermer progressivement les centrales à la fin de leur vie utile pour les substituer par des sources d'énergie renouvelables.
     Mais il pourrait être tenté de couper la poire en deux alors que le Conseil de sécurité nucléaire (CSN) s'est déclaré favorable à la poursuite de l'exploitation de Garoña pour dix ans, à condition que certaines mesures de sécurité soient renforcées.

     Le sujet est politiquement sensible, en raison surtout des divergences internes au Parti socialiste (PSOE) au pouvoir. Les partisans du nucléaire comptent des socialistes de poids, comme l'ex-chef de gouvernement Felipe González et le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana.
     A l'inverse, le club de réflexion officiel du PSOE, Ideas, se fait l'avocat d'un remplacement progressif du nucléaire et suggère, en cas de prolongation de la vie des centrales, le versement par les exploitants de fonds pour le développement des énergies renouvelables.
     Le parc nucléaire espagnol compte six centrales avec huit réacteurs qui produisent 20% de l'électricité du pays.
     Ses partisans soulignent que le nucléaire, qui n'émet aucun gaz à effet de serre, aiderait l'Espagne à remplir les objectifs du Protocole de Kyoto, réduirait la dépendance énergétique du pays alors que les énergies renouvelables ne suffiraient pas à remplacer les centrales nucléaires.
     Les arguments économiques ont également leur poids par temps de crise: l'exploitant de Garoña prévoit d'investir 90 millions d'euros en cas de prolongation du site.
     Sa fermeture entraînerait la perte de 1.000 emplois, élément non négligeable dans un pays qui a vu son taux de chômage grimper à 17,36% au 1er trimestre.
     Les opposants soulignent de leur côté les dangers du nucléaire, le problème des déchets et surtout le fait que l'Espagne n'est plus dépendante de l'électricité étrangère puisqu'elle en exporte depuis 2004 tandis que la crise a entraîné une chute de la consommation.
     Leur plus sûr allié pourrait bien être Zapatero qui se fait depuis plusieurs mois l'avocat des énergies renouvelables comme secteur de développement et antidote contre la crise.
     L'Espagne est déjà, avec l'Allemagne et le Danemark, pays leader en Europe pour transformer le vent en électricité: l'éolien fournit en moyenne 15% de la consommation électrique nationale.
Ana Lutzky