LE MONDE | 03.01
Il y a un an et demi, quand 1 livre d'uranium
s'échangeait 130 dollars sur le marché spot (10% de la consommation
mondiale, le reste étant fixé par contrats), qui aurait cru
à une telle baisse? La livre d'uranium est tombée à
53 dollars (37 €), selon l'indicateur Ux U3O8 Price. La chute a été
suffisamment forte pour décider le groupe nucléaire français
Areva à reporter l'ouverture d'une mine (Midwest) prévue
en 2010 au Canada, le prix (extraction, vente) étant un des facteurs
rendant la rentabilité du projet "incertaine".
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"Les problèmes du côté
de l'offre resteront sans doute un facteur important tirant les prix"
vers le haut, estimaient les spécialistes de Lehman Brothers trois
mois avant la faillite de leur banque.
Jusqu'à présent, le désarmement nucléaire aux Etats-Unis et en Russie a permis de convertir d'importants stocks militaires et de fournir les groupes d'électricité: une partie des centrales américaines fonctionne grâce aux fournitures russes! Or ces stocks s'épuisent. Et la production des mines ne couvre que 55% des besoins, qui pourraient augmenter de 18% d'ici à 2013 et de bien davantage à l'horizon 2030. Après vingt ans de sous-investissements, la prospection et l'exploitation minières ont repris. La lutte s'annonce sans merci entre les grands groupes de l'industrie nucléaire pour ce minerai relativement abondant qui doit être enrichi en isotope U 235 pour donner le combustible des centrales. Avec de puissants concurrents chinois ou indiens pour les groupes occidentaux, comme l'illustrent les difficiles tractations menées par Areva avec le Niger. Jean-Michel Bezat
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