CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2009
janvier
Spéculations sur l'uranium appauvri
ADIT, http://www.lemonde.fr/

LE MONDE | 03.01

     Il y a un an et demi, quand 1 livre d'uranium s'échangeait 130 dollars sur le marché spot (10% de la consommation mondiale, le reste étant fixé par contrats), qui aurait cru à une telle baisse? La livre d'uranium est tombée à 53 dollars (37 €), selon l'indicateur Ux U3O8 Price. La chute a été suffisamment forte pour décider le groupe nucléaire français Areva à reporter l'ouverture d'une mine (Midwest) prévue en 2010 au Canada, le prix (extraction, vente) étant un des facteurs rendant la rentabilité du projet "incertaine".
     S'il n'y a pas de cotation officielle, comme pour l'or ou le pétrole, l'uranium connaît d'importantes variations de prix. Il n'a cessé de grimper depuis le début de la décennie, passant de moins de 10 dollars en 2000 à 130 dollars la livre courant 2007. Depuis un an, le marché n'a pratiquement pas cessé de refluer comme ceux de toutes les matières premières.
     Sans doute y a-t-il eu un excès de spéculation sur l'uranium. Notamment entre 2005 et 2007, où le prix a été multiplié par trois, emporté par l'euphorie d'une renaissance annoncée du nucléaire dans le monde et les craintes sur un tarissement de l'offre dans les prochaines décennies. La crise économique a assombri les perspectives à court terme, sans compromettre le développement à long terme de l'énergie atomique.

     "Les problèmes du côté de l'offre resteront sans doute un facteur important tirant les prix" vers le haut, estimaient les spécialistes de Lehman Brothers trois mois avant la faillite de leur banque.
     Jusqu'à présent, le désarmement nucléaire aux Etats-Unis et en Russie a permis de convertir d'importants stocks militaires et de fournir les groupes d'électricité: une partie des centrales américaines fonctionne grâce aux fournitures russes! Or ces stocks s'épuisent. Et la production des mines ne couvre que 55% des besoins, qui pourraient augmenter de 18% d'ici à 2013 et de bien davantage à l'horizon 2030.
     Après vingt ans de sous-investissements, la prospection et l'exploitation minières ont repris. La lutte s'annonce sans merci entre les grands groupes de l'industrie nucléaire pour ce minerai relativement abondant qui doit être enrichi en isotope U 235 pour donner le combustible des centrales. Avec de puissants concurrents chinois ou indiens pour les groupes occidentaux, comme l'illustrent les difficiles tractations menées par Areva avec le Niger.
Jean-Michel Bezat