CONTROVERSES NUCLEAIRES !
HISTOIRE
Le plutonium imaginaire du Groenland
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ADIT, septembre 2009

     Où que l'on aille, quoi que l'on fasse, on trouve toujours une petite histoire atomique à raconter. Celle-ci se déroule au Groenland au cours de l'année 1968. Le 21 janvier, un bombardier de l'armée américaine patrouille au-dessus de la base militaire aérienne américaine de Thulé, située au nord-ouest de l'île. Opération de routine. Mais à quelques miles de son décollage, le B52 disparaît des radars et s'abîme sur la banquise de la baie. Le crash ne serait qu'un accident de plus dans l'histoire de l'aviation si ce B52 ne transportait pas 4 bombes atomiques à hydrogène. Immédiatement après le crash, Américains et Danois dépêchent des équipes de secours qui collectent des centaines de débris, dont certains s'avèrent radioactifs. Et c'est là que la légende urbaine prend forme.
     En reconstituant les débris, les spécialistes estiment qu'ils ne correspondent qu'à trois engins seulement et qu'il en manque un. Cela fait quarante ans qu'on le cherche. Qui l'a récupéré? S'est-il abîmé dans l'eau, sous la banquise? Les Russes l'ont-ils chapardé? En 2008, un reportage de la BBC réactive les spéculations. A tel point que l'Institut danois des affaires internationales (Diis) ouvre une énième enquête à ce sujet. 
     D'après le document danois rendu début août (et qui s'intitule joliment Le Bâton de maréchal...), les quatre engins auraient été détruits au moment de l'impact, l'explosion des charges conventionnelles ayant neutralisé les bombes. "Il n'y a aucune bombe, il n'y avait pas de bombe et les Américains ne cherchaient pas de bombe" selon son auteur Svend Aage Christensen.
     Si les Américains ont dépêché un sous-marin sur place en 1969, ce n'est pas pour récupérer une bombe, mais "un bâton de maréchal contenant de l'uranium 235". Le chef du gouvernement local du Groenland, Kuupik Kleist, va demander aux Etats-Unis l'accès aux documents montrant les résultats définitifs des mesures de radioactivité -notamment sur la quantité de Pu239 récupérée- réalisées après le crash. "Il serait dans l'intérêt des trois pays (le Danemark, le Groenland qui en dépend et les Etats-Unis) que cette affaire soit close", a-t-il déclaré.