Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Il y a quelques années, Marvin Herndon avait créé la polémique en proposant l'existence d'un réacteur nucléaire naturel dans le noyau de la Terre. Celui-ci devait alimenter en énergie la dynamo à l'origine du champ magnétique terrestre. Deux chercheurs proposent aujourd'hui l'existence d'un tel réacteur à la base du manteau. L'idée d'un réacteur nucléaire d'origine non humaine fonctionnant à l'intérieur de la Terre peut sembler absurde. Pourtant, elle ne l'est pas... Il existe en effet une preuve indiscutable que le phénomène est possible. Dans la mine d'uranium d'Oklo, en République Gabonaise, ont été retrouvés les résidus d'une réaction de fission nucléaire auto-entretenue s'étant déroulée dans la roche il y a environ 1,7 milliard d'années. La découverte date de juin 1972, lorsque l'on a constaté qu'une partie du minerai était anormalement pauvre en 235U. Il fallut rapidement se rendre à l'évidence, comme le montrèrent les analyses ultérieures: pendant plus de 400.000 ans une série de petits réacteurs nucléaires naturels avaient spontanément démarré puis fonctionné pendant de longues périodes. Originellement dispersé dans du grès, de l'uranium 235 s'était retrouvé rassemblé dans certaines zones jusqu'à atteindre la concentration nécessaire au démarrage de la fission. La présence de circulation d'eau avait servi de modérateur et permis aux réactions en chaîne de se produire lentement mais de façon stable. D'Oklo à l'intérieur de la Terre en passant par Jupiter
|
Maud Boyet et Richard Carlson au travail. Crédit : Carnegie Institution Les deux chercheurs s'appuient sur une découverte
récente de Maud
Boyet et Richard Carlson selon laquelle le manteau de la Terre s'est
différencié plus rapidement que ce que l'on croyait. Basée
sur la comparaison des abondances de 142Nd, un isotope du néodyme,
dans les roches terrestres et les chondrites, cette percée dans
l'histoire de la Terre primitive implique justement qu'à la frontière
noyau-manteau devrait se trouver un réservoir riche en uranium,
thorium et potassium, des éléments radioactifs à longue
durée de vie dégageant de la chaleur.
Vue de l'une des zones des réacteurs naturels d'Oklo au Gabon. Photo CEA/Hosatte En complément: Gazette Nucléaire: "On dispose enfin de l'analyse du phénomène du réacteur fossile d'Oklo" "Quant à l'étude des analogues naturels du type Oklo ou Cigar Lake au Canada, il est inutile de chercher à prouver avec eux que nos stockages auront la même longévité" "On sait après étude du réacteur "naturel" ayant fonctionné il y a 100.000 ans à Oklo que le combustible est une barrière de confinement supplémentaire de la radioactivité qu'il est important de ne pas briser" "Info Nucléaire": "Les réacteurs naturels d'Oklo" "Une centrale nucléaire de deux milliards d'années au secours de nos déchets radioactifs?" Un site "pronucléaire" (voir dernière ligne...) Les réacteurs nucléaires naturels d'OKLO |