Sébastien Vannier, mardi
27 mai 2008
Qu'Angela Merkel et Horst Köhler remettent
en question la sortie du nucléaire ces derniers jours est a priori
conforme à la ligne de la CDU. Mais quand Otto Schily, ancien ministre
SPD du gouvernement Schröder et fondateur des Verts émet lui-même
des doutes, c'est que le débat prend de l'ampleur: l'Allemagne peut-elle
raisonnablement se passer d'énergie nucléaire?
Dernière centrale prévue en 2021
L'opposition des Verts à l'énergie
nucléaire est connue et ils ne se gênent pas pour taper régulièrement
sur la France à ce sujet. Leur arrivée au pouvoir en 1998,
au côté du SPD, a donc logiquement abouti à la décision
du 14 juin 2000 de sortir progressivement du nucléaire. Selon cette
loi, aucune nouvelle centrale ne sera construite et celles en fonction
fermeront à la fin de leur durée de vie normale. La dernière
des 17 centrales en activité, Neckarwestheim 2, devrait donc fermer
ses portes en 2021. SPD et CDU/CSU n'arrivant pas à trouver un terrain
d'entente au moment de la formation de la Grande coalition en 2005, c'est
le statu quo qui prévaut pour l'instant. |
Tchnernobyl vs. CO2
Les arguments des anti-nucléaire se
concentrent autour de deux points. D'un côté, le traumatisme
de Tchernobyl soulève toujours la question de la sécurité
de ces centrales, vulnérables à une attaque terroriste par
exemple. De l'autre, le problème du traitement des déchets
radioactifs n'est pas complètement résolu. Pour les défenseurs
du nucléaire, l'un des arguments de taille est désormais
la lutte contre le réchauffement climatique: si l'objectif est de
réduire drastiquement et à court terme les émissions
de CO2, les énergies renouvelables, malgré leur
expansion, ne pourront pas y arriver seules. Le nucléaire devrait,
dans cette optique, s'imposer sur le charbon.
Le coup de la panne
De manière évidente, l'Allemagne
cherche sa voie en matière de politique énergétique.
Ainsi, à Hambourg, les Verts qui viennent d'entrer au gouvernement
avec la CDU, ont réussi à stopper la construction d'une centrale
à charbon à Moorburg. L'énergie gazière, quant
à elle, est controversée au vu des risques d'indépendance
par rapport à des pays comme la Russie. L'Allemagne compte donc
sur l'essor des énergies renouvelables (éolienne, solaire,
et la biomasse, elle-même critiquée). Mais celles-ci n'atteignent
pour l'instant que 14% de la production d'électricité et
ne devraient pas pouvoir faire mieux que 30% à l'horizon 2020.
Le spectre de la panne est donc agité
par certains pour mettre en avant un retour au nucléaire (aujourd'hui
encore 27% de l'alimentation en électricité). Cette question
sera probablement au cœur du débat dans la campagne électorale
pour les prochaines élections parlementaires en 2009.
Sébastien VANNIER
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