René Prieels(*),
Dans le journal "Le Soir":
Comme le rapportait encore récemment
un article du Soir, le faible taux d'émission de CO2
du nucléaire est contesté (1). Il est curieux de constater
que ces valeurs sont plus souvent à la hausse chez les antinucléairistes
et plus réduites chez les partisans du nucléaire. Qui croire?
Les sélections sont-elles biaisées, le cycle de vie complet
a-t-il été correctement considéré? Ajouter
un nouveau nombre sans références solides n'aurait aucun
sens.
Dr. S. Hirschberg:
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On peut constater que dans l'article du Soir
du 26 novembre 2008, le nombre de 66 g de CO2/kWh, fruit d'une
compilation de M.
Sovacool (4) et annoncé comme émission moyenne dans le
cas du nucléaire, n'est pas compris entre les bornes de 8 et 11
g CO2/kWhe résultant des études du PSI. Précisons
aussi que l'écart type de la distribution étudiée
par M. Sovacool est de 30 g CO2/kWhe. Le nombre 288 grammes
de CO2/kWh repris dans l'article du Soir provient de l'étude
statistique réalisée par le même auteur où la
valeur maximale a été choisie pour chacune des étapes
participant au cycle de vie. Ce nombre ne peut donc pas être considéré
comme une valeur moyenne ni intervenir dans l'évaluation globale
de la qualité de la ressource. Comparons-le avec l'émission
totale la plus grande, résultant de la compilation de M. Sovacool
et qui est de 139 g CO2/kWhe, à plus de 2 écarts
types de la moyenne de 66 g CO2/kWhe. Si en outre on retire
les doubles comptages de la liste sélectionnée par M. Sovacool,
la moyenne devient 51 g CO2/kWhe avec un écart type de
28 g CO2/kWhe. La dispersion reste grande, probablement liée
aux estimations pour le démantèlement, aux combustibles utilisés
dans l'approvisionnement en uranium et aux techniques d'enrichissement.
Je laisse à chacun le choix de conclure.
Ceci dit, il apparaît clairement que sur le plan pollution, le combat n'est pas de choisir entre les renouvelables ou le nucléaire, mais bien d'éliminer les ressources d'énergie fossile, progressivement car elles restent indispensables pour préparer l'avenir. Construire le futur demande le développement massif des énergies de type renouvelable mais aussi la conservation, voire l'amplification du parc nucléaire. En effet, le temps est compté. L'énergie facile dont nous disposons encore aujourd'hui devrait nous permettre (1) de développer tout ce qui peut réduire notre consommation (2); d'installer des pompes à chaleur efficaces; et (3) de construire des dispositifs d'énergies renouvelables adaptés aux différentes situations géographiques (éventuellement en partenariat avec des pays plus ensoleillés). Cependant, tout en générant beaucoup d'emploi, la faible densité énergétique des renouvelables et leur installation en quantité suffisante demanderont beaucoup d'espace, de temps (plusieurs générations). La course contre la diminution des ressources fossiles est engagée et l'énergie nucléaire sera bienvenue au moins durant la phase de transition. Le maintien du nucléaire (fission) de génération III et le développement de la génération IV (R&D) sont donc requis. Nous devrions tout engager pour achever cette mutation avant que l'énergie fossile ne devienne inaccessible. Nous ne pouvons pas miser dès aujourd'hui sur la fusion nucléaire. Si elle voit le jour, ce sera probablement après la disparition des ressources fossiles et s'il reste assez d'énergie pour la construire. C'est un défi mondial: humain, politique, économique, nécessitant la concertation, la planification, l'entente et l'engagement de tous. Il est urgent de s'y atteler et ce ne sont pas quelques petits grammes de CO2 de plus ou de moins qui changeront la donne. |