C'est un des grands rêves
de l'humanité: recréer sur Terre le feu du Soleil et s'en
rendre maître et possesseur comme aurait dit Descartes. Ce rêve
n'est pour le moment accessible que sous la forme de la bombe à
hydrogène ou pendant quelques instants en laboratoire.
Voilà plus de 50 ans que les physiciens théoriciens, les ingénieurs et les mathématiciens tentent de contrôler les réactions thermonucléaires pour qu'elles produisent plus d'énergie qu'elles n'en consomment. En effet, il faut, pour recréer des conditions similaires à celles qui règnent au cœur du Soleil, faire passer la matière dans son quatrième état, celui du plasma. Cela nécessite beaucoup d'énergie (sauf si l'on croit à la fusion froide).
Ce plasma lui-même, composé d'électrons et d'ions, doit se trouver dans des conditions de température et de densité d'électrons libres telles que les réactions thermonucléaires de fusion y soient possibles. Avec un mélange approprié d'hydrogène (H), de deutérium (2D), de tritium (3T) et d'hélium 3 (3He), plusieurs réactions sont possibles mais elles ne sont pas toutes aussi faciles à réaliser. 1. 2D + 2D -> (3He + 0,82 MeV) + (n
+ 2,45 MeV)
Ainsi, les réactions 1 et 2 sont aussi probables mais la réaction 3 est 100 fois plus fréquente en dessous d'un certain seuil de température dans un plasma. Au-dessus, c'est la réaction 4 qui l'emporte. Celle que l'homme tente actuellement de maîtriser est la réaction 3...
Pour cela deux voies essentielles sont explorées, la fusion par confinement inertiel et la fusion par confinement magnétique. Selon la densité du plasma et du temps de chauffage pour atteindre la température de fusion, l'une est préférable à l'autre comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous. Dans le cas du confinement magnétique, l'idée est de comprimer et confiner le plasma porté à de très hautes températures, plusieurs dizaines de millions de degrés, par des champs magnétiques avec un appareil en forme de tore : un tokamak (Ce terme vient du russe toroidal'naja kamera magnetnymi katushkami, c'est-à-dire chambre toroïdale avec bobines magnétiques). Dans un tokamak,comme on peut le voir sur le schéma ci-dessus, un ensemble de bobines produit un champ magnétique dans la direction du tore, auquel vient s'ajouter le champ magnétique créé par un courant intense axial circulant dans le plasma lui-même. Cette configuration a bénéficié de progrès considérables depuis son invention dans les années 1950 par les chercheurs russes Igor Tamm et Andreï Sakharov et c'est toujours la voie de recherche la plus étudiée. (suite)
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Le tokamak européen JET à gauche à l'arrêt et à droite en fonctionnement avec du plasma chaud. Crédit : BNES YGN Plusieurs tokamaks ont vu le jour dans le monde et l'un des plus célèbres est celui du JET (acronyme de l'anglais Joint European Torus, Tore commun européen). Situé près d'Oxford au Royaume-Uni, il est le plus grand du monde. Sa construction a débuté en 1979 et il est entré en fonctionnement en 1983.
Le réacteur à fusion Alcator
C-Mod du MIT Plasma Science and Fusion Center (PSFC) est quant à
lui en fonctionnement depuis 1993 et c'est la troisième génération
de ce type de tokamak. Parmi les expériences sur la fusion par confinement
magnétique, c'est celui où la pression du plasma et l'intensité
du champ magnétique sont les plus élevées au monde.
Son nom est d'ailleurs l'acronyme de l'italien Alto Campo Torus , ce qui
signifie en gros tore à champ élevé.
Les chercheurs étaient conscients de
cette difficulté depuis des années. Mais les physiciens Yijun
Lin et John Rice du MIT ont trouvé avec leurs collègues,
et grâce aux expériences conduites récemment avec Alcator
C, une nouvelle façon d'utiliser des ondes électromagnétiques
pour propulser le plasma qui pourrait être transposable à
Iter.
Le tokamak Alcator C-Mod du MIT. Crédit : MIT. |