CONTROVERSES NUCLEAIRES !

2008
janvier
Face aux besoins en énergie, de plus en plus de pays relancent le nucléaire
(AFP)

     Le gouvernement britannique a donné jeudi son feu vert à la construction de nouvelles centrales nucléaires, une énergie controversée que relancent ou développent de plus en plus de pays, pour répondre à des besoins énergétiques grandissants sans réchauffer le climat.
     Suite à une vaste consultation publique, le secrétaire d'Etat britannique aux entreprises John Hutton a annoncé au Parlement l'accord du cabinet pour la construction de nouveaux réacteurs, dont les derniers datent des années 1970.
     Le monde compte 442 réacteurs en fonctionnement dans 201 centrales, réparties dans 31 pays. La moitié d'entre eux se trouvent aux Etats-Unis (104), en France (58), et au Japon (55).
     Entre 100 et 300 nouveaux réacteurs seront construits dans le monde d'ici 2030, estime Anne Lauvergeon, patronne du leader mondial du secteur Areva, qui veut en construire un tiers.
     Outre le Royaume-Uni, les Etats-Unis prévoient de construire à nouveau des centrales, pour la première fois depuis l'accident de la centrale de Three Mile Island, en mars 1979.
     La Finlande a commencé la construction du premier réacteur de troisième génération EPR, développé par Areva, tandis que plusieurs pays méditerranéens, comme l'Egypte, le Maroc, l'Algérie et la Libye, ont exprimé ces derniers mois leur intention de construire pour la première fois des réacteurs nucléaires.
     La Chine, dont la demande en électricité explose, a commandé récemment à la France deux EPR. L'Inde souhaiterait aussi développer cette énergie mais doit d'abord signer un accord avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour ne pas l'utiliser à des fins militaires.
     La France a proposé sa coopération à beaucoup de pays, alors que les pays occidentaux s'interrogent sur les finalités civiles ou militaires du programme nucléaire de l'Iran.

     L'Europe reste divisée sur la relance de cette source d'énergie, avec l'Allemagne qui prévoit d'en sortir d'ici 2020 et l'Italie qui l'a abandonnée depuis 1987.
     Mais la flambée des prix du pétrole, au-delà des 100 dollars le baril la semaine dernière, et les engagements de ces pays à lutter contre le réchauffement climatique ont relancé le débat.
     L'AIE prévient que si les politiques visant à sortir du nucléaire en Allemagne, Suède, et Belgique sont poursuivies, l'offre d'énergie nucléaire pourrait se réduire à 11% en 2030, contre 15% aujourd'hui.
     Le charbon domine actuellement dans la production mondiale d'électricité, à hauteur de 40%, devant le gaz (20%), l'hydraulique (16%), le nucléaire (15%), le pétrole (7%) et les autres énergies renouvelables (2%).
     Le nucléaire émet peu de dioxyde de carbone et son coût devient même compétitif avec celui du charbon si on prend en compte ce facteur, selon les experts.
     Mais l'atome génère des déchets radioactifs difficiles à stocker et il faut au moins dix ans pour construire une centrale nucléaire, au lieu de quatre pour une centrale à charbon voire deux et demi pour une centrale à gaz.
     Le marché attise l'appétit de beaucoup d'entreprises, au premier rang desquels les fabricants de réacteurs mais aussi les électriciens, les fabricants de turbines et les groupes de BTP.
     Areva a souhaité jeudi construire six réacteurs EPR au Royaume-Uni, dont quatre avec EDF, qui discute de son côté avec le britannique British Energy d'un éventuel partenariat pour exploiter des centrales.
     L'atome est toujours contesté par les écologistes et les riverains, si bien que "le plus grand défi" pour le PDG d'EDF, Pierre Gadonneix, est de rendre cette source d'énergie "acceptable par les opinions publiques".