Derrière l'accord signé
entre Berlusconi et Sarkozy pour que les entreprises françaises
construisent de nouvelles centrales nucléaires en Italie, se cachent
d'ultérieures étapes dans la reconquête nucléaire
en Europe.
A chaque crise économique resurgit l'illusion pour l'énergie
nucléaire
La compagnie publique française d'électricité
EDF s'est alliée à la compagnie électrique publique
italienne ENEL pour construire 4 centrales nucléaires en Italie.
Silvio Berlusconi, dans son style de gouverner le pays comme s'il s'agissait
d'une entreprise, c'est à dire, à coup de sondage et de gestes
personnalistes, a décidé d'enterrer le référendum
qu'en 1987 avait banni par la volonté de la majorité des
italiens l'énergie nucléaire de leur pays. Il est vrai qu'aujourd'hui
53% des citoyens italiens se montre favorable à l'énergie
nucléaire, même si plusieurs dirigeants régionaux ont
déjà hissé leur voix pour s'opposer à la construction
de centrales nucléaires dans leur région. Le gouvernement
conservateur italien présidé par Berlusconi, qui a traité
les écologistes de «fondamentalistes», a annoncé
qu'avant 2020 on aurait fini de construire au moins une nouvelle centrale
nucléaire.
Tout cela se passe la même semaine que
l'entreprise publique électrique italienne Enel s'est fait avec
92% des actions de l'entreprise électrique la plus importante en
Espagne: Endesa. Si à ceci nous ajoutons que l'Espagne et la France
sont en train de construire une nouvelle connexion électrique à
travers les Pyrénées, que l'Espagne achète à
la France de l'électricité produite dans des centrales nucléaires,
et que même les syndicats des compagnies électriques espagnoles
réclament pouvoir parier sur les centrales nucléaires pour
réduire le coût de la facture énergétique, il
est facile de déduire que dès que Zapatero abandonnera le
pouvoir, le bref rêve écolo de l'Espagne aura fini. |
Si l'Espagne tombe du côté des partisans du nucléaire,
rien n'arrêtera cette vague en Europe
Cela fait déjà un mois, le 26
janvier, que sous l'impulsion de l'Allemagne, le Danemark et l'Espagne,
est née IRENA, l'alternative «renouvelable» à
l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA). Car il existe
notamment trois différences entre l'Espagne et l'Italie. D'abord,
la majorité de la population se manifeste contraire à ouvrir
de nouvelles centrales nucléaires: face à la moyenne européenne
qui soutient l'énergie nucléaire (44% selon un eurobaromètre
d'Août 2008), en Espagne seul 24% des citoyens se montre totalement
en faveur de cette alternative énergétique. Qui plus est,
57% des espagnols se disent complètement contre. Deuxièmement,
l'Espagne, pour une fois, se trouve à la tête des pays européens
qui parient pour les énergies renouvelables, comme la solaire, l'éolienne,
la géothermique ou la biomasse. Tous les mois, on annonce des records
de production d'énergies à travers les sources renouvelables
et la prévision veut qu'en 2010 29% de l'énergie électrique
générée sur le sol espagnol soit sur la base des renouvelables.
Finalement, les entrepreneurs espagnols portent leurs espoirs sur le plan
annoncé par le président nordaméricain, Barack Obama,
en vue de réorienter la production énergétique vers
les sources renouvelables, ce qui permettrait les industries espagnoles
de pointe dans ce secteur d'entrer dans le marché des États
Unis avec peu de concurrence.
Le fantôme de la pollution
Par-dessus tous les discours idéologiques,
l'Espagne reste le dernier de la classe quant à la réduction
des émissions de CO2 et le respect des objectifs du Protocole
de Kioto. Pour toute solution elle semble résignée à
acheter des droits d'émission de CO2 aux pays de l'est
européen, tels que la Hongrie, la Pologne la Tchéquie ou
les pays Baltes. Ceci dit, la crise, soudainement, pourrait jouer en sa
faveur: en 2008, les émissions de CO2 dans le secteur
électrique espagnol se sont réduites de 17% par rapport à
l'année précédente. |