GEESTHACHT, Allemagne (AFP)
Depuis 20 ans, une paisible région rurale
allemande affiche un taux de leucémies infantiles trois fois supérieur
à la moyenne et des militants mettent en cause les installations
nucléaires toutes proches.
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De son côté l'association BI
accuse la centrale nucléaire de Krümmel, mais aussi et surtout
le centre public de recherches scientifiques GKSS,
vaste campus boisé jouxtant le fleuve, à moins de deux kilomètres
de la centrale. Quelque 700 chercheurs y travaillent sur des thèmes
liés au climat ou au développement de nouveaux matériaux
de construction.
Or le GKSS exploite à Geesthacht, depuis 1958, un réacteur nucléaire de faible puissance, qu'il utilise comme source de neutrons, pour examiner les structures de la matière. Les militants de BI croient en l'hypothèse d'un accident qui serait survenu au GKSS le 12 septembre 1986, l'année de l'accident de Tchernobyl, et qui aurait donné lieu à un dégagement anormal de rayonnements radioactifs. "Une légende", répond le centre de recherches. "Il n'y a pas eu d'accident ce jour-là. C'était un jour tout à fait normal", assure Iris Ulrich, biologiste et chargée de communication au GKSS. Pour en avoir le coeur net, l'association BI a fait procéder à des prélèvements dans le sol, à proximité de la centrale. Un physicien nucléaire de Minsk, Vladislav Mironov, y a trouvé des matériaux très radioactifs "qui n'ont rien de naturel". Mais un autre scientifique, le géochimiste Axel Gerdes, un spécialiste des isotopes radioactifs qui enseigne à l'Université Goethe de Francfort, a procédé à ses propres prélèvements, à la demande du GKSS. "La radioactivité était absolument normale", indique-t-il à l'AFP. "En revanche, dans ces échantillons j'ai trouvé des métaux lourds: plomb, arsenic, zinc, nickel, chrome, etc.", ajoute le chercheur. Des résidus qui pourraient s'expliquer par l'histoire de la région: pendant huit décennies, une immense usine d'explosifs était installée à l'emplacement actuel de la centrale nucléaire et du centre de recherches. C'est d'ailleurs sur ce site, fondé en 1865 par le chimiste suédois Alfred Nobel, que fut inventée la dynamite. Or la fabrication d'explosifs rejette des métaux lourds. Une thèse qui ne convainc pas Uwe Harden, qui continue à privilégier l'hypothèse d'un accident en 1986. "Ca n'est pas correct de fuir ses responsabilités. Le problème, c'est que les autorités sont de mèche avec les acteurs de l'énergie nucléaire", déplore l'élu local. |