«Nous sommes passés de
20 becquerels par litre à plus de 6.000 par litre », souligne
Pierre Barbey, conseiller scientifique de l'Acro (Association pour le contrôle
de la radioactivité dans l'ouest). «Comment expliquer cette
brusque augmentation alors qu'on signale par ailleurs une diminution du
tritium?» Cette envolée de becquerels n'émeut pas
Serge Le Bar, responsable environnement chez Areva. Selon lui, l'explication
est simple: «En 1976, la nappe phréatique du secteur nord-est
a connu un très fort marquage en tritium.» Depuis, après
remblais de la zone dans les années 1990 avec des matériaux
perméables, cette nappe peu profonde, gonfle rapidement avec les
pluies.
Problème, «elle soulève la bâche du bassin
d'orage qui est à proximité. Pour pallier cet inconvénient,
nous pompons donc la nappe. Et, en pompant, nous aspirons le tritium relâché
en 1976. » |
Une explication mécanique qui ne satisfait
pas totalement l'Acro. «L'ennuyeux, c'est que nous voyons aussi
apparaître d'autres émetteurs radioactifs comme des alpha
et des Bêta. » Pierre Barbier craint qu'ils soient annonciateurs
d'une pollution plus importante. Des investigations supplémentaires
seront donc menées en accord avec l'Andra qui gère les 530.000
m3 de déchets nucléaires enfouis sur 15 ha au-dessus
de la nappe phréatique.
Par ailleurs, Serge Le Bar a présenté
le bilan environnemental de l'établissement de La Hague pour 2008.
En résumé, tout va bien.
L'usine Areva «a stabilisé
ses rejets qui atteignent, au maximum, 48% des autorisations pour les gazeux
et 45% pour les rejets liquides». Mais comme le monde n'est pas
parfait, même dans le nucléaire, Areva doit encore améliorer
ses rejets de CO2.
«Ils ont reculé de 30% en
2008» souligne Serge Le Bar. Les rejets de sa chaufferie au fuel
représentent tout de même 53.611 tonnes, ce qui fait d'Areva
le deuxième pollueur régional en gaz carbonique derrière
la cimenterie de Ranville dans le Calvados. |