C'est parti! La première
pierre pour la construction des infrastructures permettant d'exploiter
le site uranifère d'Imouraren (nord du Niger), financé par
le groupe nucléaire français Areva, a été posée
ce lundi en présence du président nigérien Mamadou
Tandja, du secrétaire d'Etat français à la Coopération,
Alain Joyandet, et de la directrice d'Areva, Anne Lauvergeon.
Le 5 janvier dernier, Areva avait signé
avec le gouvernement du Niger une convention qui attribuait au groupe français
le permis d'exploitation du gisement d'Imouraren. L'accord prévoit
qu'Areva détienne 66,65% de la société créée
en vue de l'exploitation du gisement, contre 33,35% pour l'Etat nigérien.
A l'horizon 2012, le démarrage de la
production du site permettra au Niger de doubler sa production actuelle
et de se placer au deuxième rang mondial des pays producteurs d'
uranium. Le site devrait être en mesure de produire, pendant plus
de 35 ans, 5.000 tonnes d' uranium par an. Areva affirme en outre que "Imouraren
fera l'objet d'un investissement initial de plus de 1,2 milliard €
et engendrera près de 1.400 emplois directs."
La fin d'un bras de fer de deux ans
Pendant de longs mois au Niger, Areva avait
été l'objet d'une campagne de presse et de manifestations,
et accusée d'avoir soutenu la rébellion touareg qui avait
ressurgi début 2007 dans le nord du pays, précisément
la zone uranifère. La tension avait atteint son paroxysme quand
Dominique Pin, directeur local d'Areva et soupçonné par les
autorités de financer la rébellion, avait été
expulsé du pays en juillet 2007. |
Pour tenter de renouer un dialogue troubléeavec
la capitale nigérienne, Paris avait dépêché
de nombreux émissaires, et les tensions s'étaient peu à
peu apaisées.
Une ONG part en guerre conte Areva
"Le gisement d'Imouraren devrait voir se prolonger
le scandale de l'exploitation de l'uranium nigérien!" Le collectif
"Areva ne fera pas la loi au Niger" ne décolère pas.
Au contraire, il pointe du doigt ce chantier et s'interroge quant à
ses conditions de mise en place sur le plan écologique, économique
et du respect des populations.
Regroupant plusieurs associations parmi lesquelles
Survie, ONG spécialisée dans les relations franco-africaines,
ainsi que des partis politiques et syndicats, ce collectif estime que cette
exploitation "ne contribue ni au développement du pays ni à
l'amélioration du niveau de vie des Nigériens" et "a
des conséquences sanitaires et sociales désastreuses pour
la population locale (à majorité touareg) et pour l'environnement".
Pour appuyer sa colère, le collectif
cite une étude réalisée par l'association française
Criirad à Arlit, autre gisement exploité par Areva au Niger.
Selon elle, les eaux y ont un "taux de contamination" élevé,
"d'énormes masses de déchets radioactifs (...) sont laissées
à l'air libre" et "des ferrailles contaminées sont
utilisées par la population". Avant d'ajouter: "il y a fort
à craindre qu'Areva s'apprête à reproduire les mêmes
conditions d'exploitation à Imouraren". |