Lors de son discours d'investiture
en 1963, le Gouverneur George C. Wallace a fait une déclaration
tristement célèbre en faveur de la ségrégation
raciale, en annonçant sur un ton provocateur: «La ségrégation
maintenant, la ségrégation demain, la ségrégation
pour toujours.» Le 11 juin 1963, il se tenait à la
porte de l'Auditorium Foster de l'Université d'Alabama essayant
de barrer l'entrée à deux jeunes étudiants noirs américains.
Il ne s'est écarté qu'à l'arrivée des officiers
et agents fédéraux. Ceci constituait une violation de la
Constitution américaine dans la mesure où la Cour suprême,
dans sa fameuse décision Brown contre le Bureau de l'Éducation,
avait unanimement décidé que la ségrégation
raciale dans les écoles constituait une violation du Quatorzième
Amendement. Adoptant apparemment la même attitude pour les armes
nucléaires au niveau mondial, le gouvernement américain,
bien qu'étant partie au Traité de non-prolifération
nucléaire et bien que la Constitution américaine stipule
que les traités sont «la loi suprême du pays»,
envisage de «conserver durablement» ses armes nucléaires.
En décembre 2007, l'Administration nationale de sécurité nucléaire (NNSA) du Département américain de l'énergie (DOE) a publié un projet d'étude d'impact sur l'environnement programmatique supplémentaire (SPEIS) sur la transformation de son complexe nucléaire militaire. Selon l'approche officielle, ce complexe redynamisé serait l'instrument qui permettrait à l'arsenal nucléaire de perdurer. En 1996, la Cour internationale de justice a rendu un avis consultatif unanime établissant que les Etats détenteurs d'armes nucléaires* étaient obligés, en application de l'Article VI du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), de procéder à un désarmement nucléaire «dans tous ses aspects». En 1995 et à nouveau en l'an 2000, lors des conférences des parties au TNP, les Etats-Unis et tous les autres Etats nucléaires parties au traité ont affirmé qu'ils élimineraient complètement les armes nucléaires. En l'an 2000, ils ont accepté un ensemble spécifique de 13 initiatives qui constitueraient des étapes sur la voie d'une élimination complète des armes nucléaires. En 2005, les Etats-Unis ont fait barrage à toutes tentatives de désarmement y compris la simple mention des 13 conditions dans la déclaration finale de la Conférence de révision du TNP, qui s'est soldée par un échec lamentable. Dans une synthèse acerbe après la conférence, Joseph Cirincione, de la Fondation Carnegie, notait: Les Etats-Unis ont effectivement réussi à bloquer toute discussion sérieuse sur les questions de désarmement mais, ce faisant, ils ont réduit à néant tout progrès significatif sur l'agenda de la non-prolifération. [...] ... Comme les Etats-Unis ne voulaient d'aucun compromis et se sont situés dans une démarche de base du type «Vous êtes avec nous ou contre nous», comme il leur semblait qu'en fin de compte il était préférable que la conférence soit un fiasco plutôt que les Etats-Unis honorent leurs obligations en matière de désarmement, aucun élément [positif] du programme américain n'a pu progresser. Le bilan de la conférence se résume pratiquement à 30 jours perdus à New York. Entre temps, les Etats-Unis avaient déjà abandonné le Traité antimissiles balistiques (ABM), dont la poursuite de la mise en œuvre était l'une des 13 mesures, et rejeté le Traité d'interdiction totale des essais nucléaires (TITE) dont la ratification en constituait une autre. Avant de procéder aux essais de son propre arsenal nucléaire, l'Inde qualifiait d'«apartheid nucléaire» ce système dans lequel quelques pays* maintiennent des arsenaux nucléaires sans une définition claire de la manière de les éliminer, alors que les autres ne peuvent s'en doter. Les officiels indiens n'utilisent plus cette expression. Après tout, l'Inde est maintenant un membre de facto du «club nucléaire» en acquérant un statut «de membre honoraire de la communauté blanche» au niveau nucléaire, à la manière des Japonais dans le système d'apartheid sud-africain. Mais la réalité qui sous-tend «l'apartheid nucléaire» subsiste. Le programme Complex Transformation amènerait à le perpétuer en permettant aux Etats-Unis de produire de nouvelles armes nucléaires pendant un demi-siècle, tout en maintenant ses sites d'essais prêts à l'emploi. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls en cause, bien sûr. Les quatre autres États nucléaires parties au TNP (Russie, Grande-Bretagne, France et Chine) ne laissent paraître aucune intention d'abandonner leurs arsenaux, et maintiennent et modernisent soit leurs ogives nucléaires soit leurs systèmes de vecteurs, ou les deux. Mais depuis leur rejet du TITE, leur retrait du Traité ABM et leur rejet de facto des 13 mesures, ce sont les Etats-Unis qui ont joué le rôle provocateur du Gouverneur de l'Alabama en 1963 à la porte du Club nucléaire, en encourageant et en renforçant le caractère récalcitrant des autres Etats nucléaires militaires. Quant à l'Inde, Israël et le Pakistan, tous Etats nucléaires, ils sont toujours dans un vide juridique du point de vue de leurs obligations puisque aucun deux n'est partie au TNP. Pourtant, ces trois pays sont dans une certaine mesure des alliés des Etats-Unis (au moment où ces lignes sont écrites, en février 2008). * Dont la France!... (Ndwebmaistre) (suite)
|
suite:
Le fait que le monde ne dispose pas d'une institution fédérale en mesure de faire appliquer au niveau mondial l'élimination des armes nucléaires n'obscurcit pas pour autant la situation morale ou légale. Ceci ne fait qu'illustrer parfaitement l'absence d'égalité devant la loi en matière d'affaires internationales, dans la mesure où les Etats dotés d'armes nucléaires font appel à ce même TNP pour rappeler à l'ordre des pays bien moins puissants, que ce soit par des sanctions, la menace d'une guerre ou même la guerre, encore un autre aspect de cet apartheid mondial. Le programme visant à une «Ogive de remplacement fiable» (Reliable Replacement Warhead – RRW) constitue un élément central du projet de l'Administration nationale de sécurité nucléaire (NNSA), même si le projet d'étude d'impact sur l'environnement (SPEIS) affirme qu'il n'est pas essentiel pour la Transformation du complexe qui est recherchée. Le programme RRW vise à la création d'une nouvelle génération d'armes nucléaires plus fiables, d'une maintenance plus facile, et plus sûres en ce qu'elles empêcheraient une utilisation non autorisée. L' «alternative privilégiée» spécifiée dans le projet d'étude d'impact comporte les éléments principaux suivants: * Fabrication des composants en plutonium au Laboratoire national de Los Alamos, à un rythme de 50 à 80 charges nucléaires (ou «pits», les amorces nucléaires des ogives thermonucléaires) par an, et recherche et développement sur le plutonium. * Fabrication des composants d'ogives en uranium à Y-12, à Oak Ridge, dans le Tennessee, et recherche et développement sur l'uranium. * Assemblage et désassemblage des têtes nucléaires, production d'explosifs chimiques à haute puissance et essais d'explosifs à haute puissance à Pantex, près d'Amarillo, au Texas. * Stockage des Matières fissiles spéciales de catégories I et II à Pantex, qui nécessitent le plus haut niveau de sécurité. * Renforcement de la recherche et développement sur le tritium sur le site de Savannah River (ainsi que poursuite de la production de tritium dans des réacteurs nucléaires civils appartenant à la Tennessee Valley Authority). * Maintien du Site d'essais du Nevada en état de fonctionnement pour pouvoir procéder à des essais dans un délai de dix-huit mois, et essais d'explosifs chimiques à haute puissance à plus grande échelle (plus de 10 kilogrammes d'explosifs haute puissance). D'autres éléments portent sur la recherche et le développement sur les explosifs haute puissance au Laboratoire national Lawrence Livermore et les essais d'explosifs haute puissance à très petite échelle (moins d'un kilogramme) et d'autres recherches au Laboratoire national Sandia. Conclusions
|
Joss Garman* 10/03/2009
We can't tackle today's threats using Cold
War weapons. That's why what the UK does with its nuclear arsenal has never
been more pertinent.
|
There is a compelling argument that says to
deal with modern security threats and to improve our national security
requires a focus on reducing our dependence upon foreign oil and gas, which
in turn means such boring things as loft insulation and increased renewables
uptake. It'd be good for security and for tackling climate change. Is it
more relevant to address Britain's security needs by spending £100
billion on new nuclear weapons or on hitting our renewables target of 20%
of renewable heat, electricity and transport by 2020? The Government estimates
that hitting these targets would also cost £100 billion. Were we
to meet this target, it would slash our dependence on foreign fossil fuels,
a source of instability across the world.
It is something of a relief that important international voices are putting disarmament back on to the agenda, even if they are showing nothing like the commitment necessary. Back in 2007, Barack Obama called for the US to begin building a global consensus to reverse a reliance on nuclear weapons that have become "increasingly hazardous and decreasingly effective". On Obama's first full day in office he issued a statement to "set a goal of a world without nuclear weapons, and pursue it". Equally, I understand that by the time this article goes to print, our Foreign Secretary David Miliband will have made a speech outlining support for restarting international talks to set a framework for disarmament. Yet this is undermined by PM Gordon Brown's recent decision to approve a whole new generation of nukes. This hardly puts us in a good position to negotiate as we re-enter international Nuclear Non-Proliferation Treaty (NPT) talks in May 2010. Equally, Obama's failure to even mention Israel's nuclear status isn't a good sign. What's new, and particularly important, though, is that while once it would have been Labour politicians arguing most vociferously for disarmament, it is now the likes of the generals, former defence secretary Michael Portillo and right-wing commentator Max Hastings who want unilateral disarmament and are making the most noise about it. That's important because it changes the premise of the discussion. The generals wrote: "Our independent deterrent has become virtually irrelevant except in the context of domestic politics", but the domestic battlefield has changed as dramatically as the international one. If you favour nuclear disarmament it no longer indicates you are a Bennite. If Miliband got serious, he couldn't credibly be accused of lurching to the left. We might still be able to have a conversation about this most relevant of irrelevancies. *Joss Garman is an environmental campaigner and journalist
|