CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE DES CONTROVERSES...

2009
mai
Et si le nucléaire était foutu...
ADIT, nouvelobs.com/

     Cette semaine, l'une des grandes figures de l'écologie américaine, Amory Lovins, co-auteur du «Capitalisme Naturel», est à Paris pour parler énergie et environnement. Il se peut que Jean-Louis Borloo, et les dirigeants d'EDF, Areva et Renault ne le prennent pas vraiment au sérieux, quand il leur expliquera que le «nucléaire est fini», parce que trop cher et non compétitif! Ils auraient tort: ce visionnaire prône, depuis des décennies, la nécessité de prendre en compte les «externalités» de notre société de consommation. Et là dessus, la réflexion mondiale autour du réchauffement de la planète lui donne plus que raison.  
     Nous avons rencontré Amory Lovins dans son repaire écologique du fin fond du Colorado: une résidence modèle, qui a inspiré directement le mouvement des « maisons passives » allemandes, et sert de siège au Rocky Mountain Institute, son centre de recherche, créé en 1982. Couvertes de panneaux solaires, elle ne nécessite aucune chaudière, en plein milieu des Montagnes Rocheuses. Et vend même son électricité excédentaire au réseau local... Pas question, pour autant, de se priver de place, de confort ou d'esthétique : les espaces de vie et de travail son séparés par une magnifique serre centrale, avec bananiers, insectes et bassins à poissons.
 
     Pour Lovins, les centrales électriques - qu'elles marchent à l'atome comme au charbon - vont subir le sort des ordinateurs centraux des années 70, balayés par la micro-informatique! «Les grosses centrales thermiques ont arrêté d'être plus efficientes dans les années 60, plus grosses dans les années 70, meilleur marché dans les années 80... et achetées dans les années 90», dit Amory Lovins. Il annonce l'avènement du micropower: de plus petites centrales d'électricité et de chauffage combinées au gaz naturel, ainsi que la multiplication des énergies renouvelables: solaire, éolien... Il n'est plus le seul à le dire: le Président de la Commission Fédérale de Régulation américaine, Jon Wellinghoff a suggéré, en avril, qu'il pourrait ne jamais y avoir de nouvelle centrale nucléaire ou au charbon construite aux Etats-Unis!
suite:
     Evidemment, pour que cette vision se concrétise, il faut commencer par réaliser les gigantesques économies d'énergie, que Lovins prône depuis le premier choc pétrolier. Pas par la privation, ou la croissance zéro... Mais grâce à une régulation moins absurde des compagnies d'électricité: «il faut arrêter de les récompenser quand elles vendent davantage, et aligner au contraire leurs intérêts économiques sur celui de leurs clients: la production d'économies, mesurées en néga-watts». Et aussi, grâce à un « design intégré » plus efficient des bâtiments. Au lieu de considérer chaque élément - mur, fenêtre, toit, chaudière... - séparément, il faut penser la résidence, le building, ou l'usine, comme un «système», qu'on optimise en fonction de son usage réel, grâce aux nouvelles technologies et aux matériaux avancés.
     Exemple? Rocky Mountain Institute fait partie de l'équipe qui a conçu le «lifting» énergétique de l'Empire State Buiding: «On va notamment enlever 6.500 fenêtres à double vitrage et, dans une usine provisoire au 5ème étage du bâtiment, les ré-usiner en super windows, en y injectant une couche de gaz krypton». Ces fenêtres super isolantes laissent entrer davantage de lumière, mais sortir moins de chaleur. Elles réduiront d'un tiers les besoins en air conditionné et en chauffage. Résultat: 38% d'économie d'énergie, ce qui permet d'amortir l'investissement total en 3 ans.
     Amory Lovins prône la même philosophie pour l'automobile: si la tôle en acier était remplacée par une carrosserie en fibre de carbone, 12 fois plus résistante, on pourrait diviser par trois la puissance du moteur et ses besoins en carburant. Ce qui, selon lui, rendrait les véhicules électriques - et même la pile à hydrogène - compétitifs. Rocky Mountain Institute vient d'ailleurs de publier un plan pour débarrasser les Etats-Unis de leur addiction au pétrole d'ici 2025: "Pétrole: gagner la fin de partie". Son idée? Il coûterait moins cher de déplacer tout le brut que les Etats-Unis consomment que de l'acheter!
     Même si certaines de ses idées semblent utopiques, Lovins n'a rien d'un hurluberlu: il a travaillé, comme consultant, avec 90 des 500 plus grands groupes américains, de Coca-Cola à Wall Mart, et de Monsanto à Hewlett Packard.
A voir (31 pages pdf):
http://www.rmi.org/docs/