AFP / 01 octobre 2009
ROME - L'organisation de défense de l'environnement World Wild Fund (WWF) a demandé au gouvernement italien de s'occuper de la question de déchets toxiques qui seraient dissimulés dans des épaves au large des côtes italiennes, a déclaré une responsable de l'association jeudi à l'AFP. Dans une lettre adressée au chef du gouvernement Silvio Berlusconi et à plusieurs responsables politiques, Stefano Leoni, le président de la branche italienne du WWF, demande la nomination d'un commissaire spécial chargé "du repérage et de la mise en sécurité des épaves" ainsi que le déblocage urgent "de ressources financières et de personnel qualifié pour achever l'enquête". Le WWF demande en fait au gouvernement de s'occuper du cas du cargo Cunsky, rempli de bidons radioactifs et qui avait été retrouvé au large des côtes de la Calabre le 12 septembre grâce aux déclarations à la justice d'un repenti de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise. L'épave ferait partie d'un groupe de 32 embarcations coulées par la mafia en Méditerranée avec à leur bord des produits toxiques tels que le thorium 234, le plutonium ou le sulfate d'ammonium, selon le parquet de Reggio-Calabria (sud). |
Depuis les premières plaintes déposées
en 1994 par l'association pour la protection de l'environnement Legambiente,
toutes les enquêtes concernant les navires disparus et suspects ont
été archivées.
WWF rejoint ainsi plusieurs ONG qui ont dénoncé la passivité du gouvernement italien face au problème du trafic mafieux de déchets toxiques et radioactifs en Méditerranée. "Il n'y a aucune volonté de la part du gouvernement de s'occuper du problème", a critiqué Cristina Maceroni, porte-parole de la branche italienne du WWF. "Le gouvernement n'a fait aucune déclaration après la découverte du cargo Cunsky. Des fonds doivent être débloqués par le gouvernement pour examiner la cargaison potentiellement dangereuse de l'épave", a-t-elle ajouté. Note: l'AFP répercute une fois de plus l'information selon laquelle il y aurait du plutonium dans la cargaison... Il est difficile de croire qu'il puisse y avoir du plutonium purifié, extrêmement radiotoxique et coûteux (sur un éventuel "marché noir"); tout au plus pourrait-il y en avoir dans du combustible usé... , assez inutilisable sans des moyens considérables. On ne voit pas non plus clairement pourquoi on cite le thorium 234 qui fait partie de la famille de l'Uranium 238 et a une demi-vie relativement courte (moins de 30 jours). Quant au sulfate d'ammonium, c'est un engrais... Il est urgent de remonter certains fûts et de les analyser en profondeur... |
http://www.lemonde.fr/ LE MONDE | 24.09.09 Un repenti de la N'dranghetta (la mafia calabraise),
un juge teigneux et un robot téléguidé: il a fallu
la conjonction de ces trois éléments pour faire remonter
à la surface le mystère des bateaux coulés en Méditerranée
avec leur chargement de déchets toxiques - pour certains radioactifs.
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Pour 500 € la tonne, une société milanaise - la Jelly Wax - se faisait fort de s'en débarrasser dans un pays du tiers-monde. Au prix de 30 € la tonne, le profit pouvait être faramineux. Parti d'un port italien, le Lynx a transité par Djibouti et le Venezuela pour finir au Liban. Partout, il a été refusé." L'hypothèse communément admise est que, par la suite, des intermédiaires se soient résolus à des méthodes plus expéditives en confiant à la N'dranghetta le soin de faire disparaître bateau et chargement. "C'était une procédure facile et habituelle", a déclaré Francesco Fonti. Avancée par Greenpeace dès 1995, cette thèse avait alors été écartée par le gouvernement italien. Le juge Giordano a fait, mardi 22 septembre, un bref passage à Rome afin d'être entendu par la commission antimafia du Parlement. "Si les révélations de Fonti sont confirmées par la découverte du Cunsky, cela signifie que deux autres navires, au moins, et leur chargement toxique gisent le long des côtes italiennes, et que l'affaire regarde maintenant le pays tout entier", a-t-il déclaré. Il existe par ailleurs des milliers de pages de documents concernant des procédures ouvertes en Ligurie, en Toscane ou au Piémont au sujet des disparitions toujours inexpliquées du Nikos I, du Mikigan, de l'Ani, du Marco Polo, du Koraline ou encore du Riegel, d'autres navires. "Nous avons demandé à réunir tous les documents et toutes les enquêtes sur les bateaux coulés, ainsi que sur la mort d'Ilaria Alpi et Miran Hrovatin. Nous allons aussi entendre les témoins et le repenti", a déclaré Gaetanno Pecorella, le président de la commission antimafia. "Il est disposé à aller de l'avant", se réjouit le juge Giordano. L'ouverture d'une enquête d'ampleur nationale est également réclamée par Legambiente, qui redoute les pressions et les menaces qui pourraient refroidir les ardeurs du juge. Toujours muet sur la question, le gouvernement italien a débloqué, via le ministère de l'environnement, des moyens en hommes et en matériel pour appuyer l'enquête, établir officiellement l'identité de l'épave retrouvée, assainir la zone et rechercher d'autres navires. "Le coût de ces opérations ne peut pas être supporté par un seul ministère. Ce n'est plus seulement le problème de la Calabre ou de l'Italie, mais de la Méditerranée tout entière", soutient Sebastiano Veneri, vice-président de Legambiente, qui a l'intention d'alerter l'Union européenne et les Nations unies. L'association affirme vouloir tout faire pour que l'urgence écologique soit prise en compte et que des recherches de grande envergure soient entreprises en Méditerranée. Francesco Fonti a fait d'autres révélations qui pourraient entraîner les enquêteurs vers les milieux politiques. De son récit détaillé, publié vendredi 18 septembre dans l'hebdomadaire L'Espresso, émerge un arrière-plan jusqu'alors négligé. Il y est question d'un agent des services secrets italiens, d'hommes politiques importants, d'un ballet de voitures diplomatiques... Les écologistes redoutent qu'en accusant le pouvoir de l'époque d'avoir été complice de ce trafic, Francesco Fonti cherche moins à faire avancer l'enquête qu'à l'enliser une nouvelle fois. |
ROME 15/09 — L'épave d'un cargo contenant 120 bidons de
déchets radioactifs et coulé par la mafia a été
retrouvée samedi à 28 km au large des côtes de la Calabre,
a déclaré lundi à l'AFP le procureur de la ville de
Paola, Bruno Giordano.
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"Toutes les enquêtes concernant les
navires disparus ont été archivées. Cette découverte
est la preuve concrète qui manquait depuis 1994, l'année
des premières plaintes de (l'organisation de défense de l'environnement)
Legambiente", a déclaré à l'AFP Sebastiano Venneri,
vice-président de cette association.
"Selon les confessions de mafieux repentis, la 'Ndrangheta - la mafia calabraise - aurait été payée ces vingt dernières années pour couler les déchets radioactifs dans la mer. Une enquête sur les origines des déchets est donc nécessaire au plus vite", a-t-il souligné. "Actuellement, la Calabre n'a pas les moyens économiques et les outils technologiques pour financer les enquêtes à venir. Il faut que la ministre de l'Environnement (Stefania Prestigiacomo) se mobilise", a demandé pour sa part Silvestro Greco, responsable de la protection de l'environnement de la région Calabre. |
A timeline of the suspicious sinkings
investigated by the Italian judiciary and parliament and related events.
Unless stated otherwise, the investigations were inconclusive:
* May 16, 1979 *
Cargo
vessel ASO sinks off Locri, Calabria
* October 13, 1986 * Michigan
cargo ship sinks off western Italy.
* September 9, 1987 *
Rigel
cargo ship sinks off Calabria. Italian court later rules it was scuttled.
* December 9, 1988 * Four
Star 1 sinks off Calabria.
* December 14, 1990 *
Rosso,
a roll-on roll-off vessel, runs aground off Calabria. A minister says in
July 2004 it was a botched attempt to scuttle it.
* February 1, 1991 * Alessandro
I sinks off eastern Italy.
* 1992 * Vorais
Sporadis cargo ship sinks off southern Calabria.
* 1992 * Cunski
cargo ship sinks off western C alabria.
* 1992 * Yvonne
cargo ship sinks off western Calabria.
* March 14, 1993 * Marco
Polo cargo vessel runs aground on reef mid-way between Sicily and Tunisia.
Believed to have broken up and sunk in winter storms later.
* March 20, 1994 * Ilaria
Alpi, a reporter for Rai state television, and Miran Hrovatin, her cameraman,
are shot dead in Mogadishu. An Italian parliamentary commission failed
to clarify the case but investigators and Mr Fonti believe they were killed
for uncovering links between Italian gun-running to a warlord in exchange
for dumping toxic waste, by ship, in Somalia.
* March 1994 * Legambiente,
an Italian environmental group, reports suspicions to Calabria prosecutors.
Investigations begin in Reggio Calabria and in several other towns, independently.
Lloyd's of London assists in providing lists of suspicious sinkings.
* March 1994 * parliament
sets up commission investigating illegal waste disposals.
* July 1995 * Investigating
magistrates are denied funding by justice ministry to find the missing
ships.
* November 7, 1995 * Coraline
cargo vessels sinks off northern Sicily.
* November 11, 1995 *
Prosecutors
Scuderi and Neri report to parliamentary commission.
* December 12, 1995 *
Natale
de Grazia, a coast guard captain and chief investigator, dies mysteriously
on a mission. Colleagues suspect he was poisoned.
* December 1995 * Parliamentary
commission speaks of "possible existence of national and international
trafficking in radioactive waste, managed by business and criminal lobbies,
which are believed to operate also with the approval of institutional subjects
belonging to countries a nd governments of the EU and outside the EU".
* 1997 * Greenpeace
draws up "The Network", a report which it does not publish on a
suspected network of industrialists and financiers behind the sinkings.
* 1997 * Justice
Ministry gives funding to anti-mafia prosecutors to find the Rigel. Using
coordinates provided by the scuttled ship's crew, they fail to locate it.
* November 2000 * Calabria
prosecutors drop investigations as funds and leads dry up.
* June 2005 * Francesco
Fonti, a Mafia turncoat, tells L'Espresso magazine of his role in
sinking ships with toxic waste. Also investigated by magistrates.
* July 2009 * areas
on land near where Rosso went aground in 1990 are found to be polluted
with radioactive materials. Doctors suspect links with an increase in cancer.
* September 2009 * Investigators,
using Fonti evidence, find the wreck of what he claims is the cargo ship
Cunski that he sank in 1992.
* September 2009 * Anti-mafia
prosecutors in Calabria relaunch investigations.
* September 21, 2009 *
EU
environment commissioner, Stavros Dimas, writes to Stefania Prestigiacomo,
Italian environment minister, asking for information on what the government
is doing about the reported dumping of toxic waste.
* October 2009 * Prestigiacomo
and Angelino Alfano, justice minister, pledge in public that the government
is acting on the matter.
* October 19, 2009 * Coast
guard vessel starts looking for wreck of a ship that Fonti says was scuttled
off the west coast port of Livorno.
* October 20, 2009 * The
Mare Oceano marine survey vessel heads to a spot 12 miles off west coast
of Calabria to start carrying out sonar scans of the Cunski and tests for
radioactivity.