TOKYO (AFP)
Le Japon a relancé jeudi le surgénérateur controversé de Monju (centre) arrêté depuis quatorze ans pour des raisons de sécurité et malgré les critiques des écologistes. Ce réacteur nucléaire à neutrons rapides a la capacité de produire davantage de plutonium qu'il n'en consomme, en plus de l'électricité qu'il génère. Situé dans la préfecture de Fukui, ce prototype avait été arrêté en 1995, à peine deux ans après son lancement, à la suite d'une fuite massive de sodium de refroidissement qui avait provoqué un incendie. L'incident n'avait pas fait de victimes mais un scandale avait éclaté sur sa gestion par l'Agence de l'énergie atomique japonaise (JAEA), qui avait diffusé des vidéos truquées du sinistre pour tenter de rassurer l'opinion. Les autorités ont tenté de relancer le surgénérateur depuis le début des années 2000 mais se sont heurtées à une forte opposition des riverains. Des recours ont été portés jusqu'à la Cour suprême qui a fini par donner son feu vert au redémarrage du réacteur en 2005. Des délais dans les réparations et les dernières vérifications ont toutefois repoussé de plusieurs années ce nouveau départ. Le réacteur ne devrait en outre fonctionner à pleine puissance qu'à partir de 2013. "Je n'aurais jamais cru que cela prendrait aussi longtemps de relancer Monju", a déclaré Hiromi Tanabe, un responsable de la JAEA. "Nous savons désormais à quel point il est important de diffuser l'information au public", a-t-il assuré. (suite)
|
suite:
Les opposants à la réouverture ont immédiatement mis en exergue les risques pour la population, soulignant que le site se trouvait au-dessus de deux failles sismiques, entraînant un risque d'accident en cas de fort tremblement de terre. "Monju est un accident en puissance, il est irresponsable de relancer ce réacteur", a dénoncé le Centre d'information citoyen sur le nucléaire, basé à Tokyo. Cette association a appelé le gouvernement "à arrêter de jouer à la roulette russe avec nos vies et à fermer Monju". En relançant ce prototype, la JAEA veut parfaire la mise au point de cette technologie futuriste, bien que décriée car coûteuse et complexe à mettre en oeuvre. Les autorités voudraient pouvoir commercialiser ce type de surgénérateur d'ici 2050. En dehors du Japon, seules la Russie et l'Inde font tourner des surgénérateurs, et la Chine espère en lancer un cette année. La France a mis un terme l'an passé à 35 ans d'exploitation de Phénix, son prototype de réacteur à neutrons rapides. Elle avait fermé en 1997 le successeur de ce dernier, Super Phénix, après 20 ans de polémiques avec les écologistes. Dépourvu de ressources naturelles, le Japon dispose d'un important parc nucléaire classique mais l'opinion est souvent méfiante vis-à-vis du nucléaire, qu'il soit civil ou militaire. Plusieurs incidents se sont produits dans des centrales nippones. En 1999, un accident avait provoqué la mort de deux personnes et en avait irradié 400 autres lors de la production d'uranium à Tokaimura, au nord-est de Tokyo. |